PARIS
De l’avis général, les organisateurs de la foire ont fait du bon travail. Le niveau des ventes est cependant très variable en fonction des marchands interrogés.
Paris. Avec une couverture médiatique digne d’une production cinématographique à gros budget (plus de 130 insertions publicitaires publiées dans la presse nationale et étrangère, près de 200 spots diffusés à la télé et à la radio, des milliers d’affiches placardées dans Paris…), Art Paris 2021, première foire à étrenner le Grand Palais éphémère, était attendue. Visitée officiellement par Brigitte Macron le vendredi, puis par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, le dimanche, cette édition a-t-elle tenu ses promesses ?
Elle les aurait dépassées si l’on en croit les résultats mis en avant par certains marchands. « Notre bilan est très positif », assure Anne-Claudie Coric, directrice de la Galerie Templon (Paris), fidèle à la foire depuis ses débuts. « Nous avons vendu un grand tableau d’Omar Ba (affiché à 120 000 €), des dessins d’Abdelkader Benchamma (25 000-35 000 €), des toiles à la cire de Philippe Cognée (40 000-65 000 €), des sculptures de Gérard Garouste (60 000-70 000 €) et de Prune Nourry (20 000-40 000 €, [voir ill.]), des bâches de Claude Viallat (20 000-40 000 €) ». Des montants records ont même été établis : comme sur le stand de Thaddaeus Ropac, où un bronze de Tony Cragg (Stack, 2018) est parti pour un prix situé entre 250 000 et 300 000 euros dans une collection non européenne. La galerie Lefeuvre & Roze (Paris), qui consacrait son espace aux peintures néo-réalistes de François Malingrëy, témoigne également de très bonnes ventes, en complément de l’exposition qui se tenait à son adresse de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. « Nous avons vendu 12 œuvres sur le salon et 22 à la galerie, soit près de 30 au total. »
Plus encore que de bonnes transactions, Jonathan Roze se réjouit de la visibilité accrue que lui a offerte la foire : « Cela nous a permis de distribuer plus de 250 catalogues et de constituer une liste d’attente pour la prochaine exposition. » Même constat pour Lelong & Co., qui a d’abord vu dans cette édition « l’occasion de reprendre le fil de [ses] contacts avec certains de [ses] collectionneurs en parallèle des vernissages ». Sur son stand, la galerie parisienne a vendu dès le premier soir une grande toile récente de Barthélémy Toguo, puis deux peintures d’Etel Adnan ainsi qu’une œuvre de Marc Desgrandchamps. Des réservations pour des œuvres de Kiki Smith et d’Ernest Pignon-Ernest restent à confirmer. « Nous avons vendu la moitié des pièces présentées, à des collectionneurs fidèles et nouveaux », rapporte pour sa part la Galerie Capazza, qui faisait un focus sur l’œuvre sculpté de Georges Jeanclos, des terres cuites à partir de 30 000 euros. D’autres se sont contentés de résultats certes encourageants, mais plus modestes. « La série des “Politiciens” de Salifou Lindou a eu beaucoup de succès auprès des collectionneurs, relate la galerie Afikaris (Paris). Ont été vendus aussi bien les petits formats que les formats intermédiaires ou les grands formats (entre 5 000 et 15 000 €). »
Cet enthousiasme n’est cependant pas partagé par tous les marchands. « Nous avons apprécié l’organisation, l’équipe est très attentionnée, assure Christian Bourdais de la Galería Albarrán Bourdais, venue de Madrid. Mais les collectionneurs n’étaient pas dans une dynamique d’achat. Nous avons mené beaucoup de discussions avec des amateurs passionnés et conclu quelques ventes, essentiellement d’œuvres de la série des “Pantone» de Mathieu Mercier. Au final, une édition discrète et calme. » C’est également le sentiment de Vincent Sator : « Nous avons vu beaucoup de monde, répondu à de très nombreuses demandes sur le stand et par email, mais il n’y a pas eu d’effervescence en termes d’achats comme cela peut être le cas pendant une foire. Les gens n’ont pas franchi le pas. »
Au point que l’on peut se demander si l’excellente humeur affichée par certains n’est pas légèrement surjouée. Ainsi du « bonheur » revendiqué par Hervé Loevenbruck, dont la galerie, dotée d’un stand aux couleurs acidulées, très pop, se voyait de loins. Pour quel résultat ? « Notre stand, dont la scénographie était signée Jakob lena Knebl, a été très admiré et nous avons fait d’excellentes ventes, déclare-t-il : une aquarelle de Gilles Aillaud (22 000 €), une toile d’Ashley Hans Scheirl (28 000 €), une sculpture de Jakob lena Knebl (8 500 €) et des dessins (2 200 € chacun), plusieurs œuvres d’Arnaud Labelle-Rojoux (entre 2 000 et 3 500 €)… » Honorable donc, mais la foire aurait surtout été l’occasion, selon le galeriste, d’envisager ou de confirmer des expositions dans des institutions, comme celle de Gilles Aillaud au Centre Pompidou à l’automne 2023.
Art Paris conservera-t-elle l’adhésion des galeries de premier plan qui l’ont rejointe au Grand Palais éphémère ? Avec un solo de Jessie Homer French, une artiste américaine née en 1940 qui n’avait jamais été montrée en France, la galerie Massimo De Carlo (Paris) s’estime « plutôt satisfaite» de sa première participation, plusieurs peintures ayant trouvé acquéreur (entre 13 500 et 42 500 €). La Double V Gallery (Marseille) répond, elle, sans hésitation : « Nous avons nettement augmenté notre chiffre d’affaires par rapport à notre première participation l’an dernier, affirme son cofondateur, Nicolas Veidig-Favarel. Nous serons de retour pour la prochaine édition. »
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Art Paris, une édition mesurée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Art Paris, une édition mesurée