BÂLE / SUISSE
Reportée de juin à septembre, la foire bâloise sera à la hauteur de ses éditions ante-Covid, mais l’incertitude plane sur les conditions d’accès de ses participants en Suisse.
Bâle. Dans l’attente qui précède la tenue d’Art Basel 2021, reportée de juin à septembre, on ne sait quel sentiment domine, de l’inquiétude ou de l’impatience. Pour apaiser les angoisses des marchands, dont certains, en particulier américains, étaient légitimement préoccupés par les contraintes sanitaires, les organisateurs de la foire leur ont adressé un courrier affirmant avec conviction que cette édition pourra avoir lieu en toute sécurité. À la difficulté pour les Américains de voyager en Europe, s’ajoute le fait que le vaccin AstraZeneca n’est pas reconnu par les autorités suisses pour des rassemblements publics de grande ampleur. La foire détaille sur son site les différentes mesures mises en place afin de faire face à tous les situations et de dissiper les craintes. Tout exposant ne pouvant entrer en Suisse ou se retrouvant soumis à une quarantaine (à l’aller et/ou au retour) pourra reporter ses frais de location de stand sur l’édition 2022.
La perspective de prendre part à un événement majeur susceptible d’attirer les plus gros collectionneurs de la planète ne va pas, cela étant, sans excitation, tout comme le pari de renouer avec une forme de normalité. Cette édition entend ainsi réunir 272 galeries venues de 33 pays en offrant son lot de chefs-d’œuvre historiques et de découvertes renversantes. Les marchands sont bien au rendez-vous, avec la possibilité pour ceux qui le souhaitent, ou qui n’ont pas d’autre choix, de montrer leurs œuvres sur des stands satellites sans être pour autant présents physiquement. Ainsi de la galerie Antenna Space (Shanghaï) qui fait sa première apparition à Art Basel, par procuration, mais dont les sculptures de Guan Xiao ne devraient pas passer inaperçues. Des stands sont aussi partagés par deux galeries, telles que Madragoa (Lisbonne) et Galeria Dawid Radziszewski (Varsovie) ; celles-ci ne se contentent pas de cohabiter mais, pour leur première participation, ont conçu un accrochage commun. C’est également le cas de David Nolan Gallery et Sperone Westwater, deux enseignes new-yorkaises réunies dans le même espace, où des sculptures géométriques de Dorothea Rockburne sont présentées en regard de compositions minimalistes de Richard Tuttle. Certaines enseignes reviennent dans le secteur principal, comme les italiennes Lia Rumma (Milan et Naples) et Galleria Raffaella Cortese (Milan). Celle-ci consacre son programme à ses artistes femmes, avec, entre autres, une installation de Jessica Stockholder, Origin of the World (2021), ainsi qu’une installation vidéo de Joan Jonas.
Le secteur « Feature » rassemble près de 25 galeries dont beaucoup ont opté pour des solo shows. Avec des partis pris pointus, tels que Michel Journiac mis en avant par la Galerie Christophe Gaillard (Paris), Liliana Porter par Hosfelt Gallery (San Francisco), Alison Knowles par James Fuentes (New York), ou des propositions plus identifiables, comme Lucio Fontana chez Ben Brown Fine Arts (Londres). Un peu moins d’une vingtaine de galeries exposent dans la partie « Statements » consacrée aux artistes émergents, des œuvres textiles de Hana Miletic (Lambdalambdalambda, Pristina, Kosovo) aux projections laser de Matt Copson (High Art, Paris).
« Unlimited », le secteur le plus ouvertement spectaculaire de la foire, a cette année pour commissaire Giovanni Carmine, directeur de la Kunst Halle Sankt Gallen (Saint-Gall), une institution suisse de premier plan pour l’art contemporain. Parmi la soixantaine de projets attendus, beaucoup étaient prévus pour l’édition précédente, en 2020, annulée en raison de la pandémie. La sélection opère un mélange équilibré de médiums et d’époques. Installations ambitieuses, à l’image des caissons lumineux d’Hélène Delprat (Galerie Christophe Gaillard) ; séries conceptuelles hors norme, comme « 14 février 1990 », de Michel Parmentier, déroulant sur plus de 16 mètres de long ses lés de papier-calque (Galerie Loevenbruck, Paris) ; sculptures monumentales telles que le Mastaba de Carl Andre (Konrad Fischer Galerie, Düsseldorf) ; peintures récentes du maître guyanais de l’abstraction lyrique Frank Bowling, telle Samson’s Circle with Lila’s Dress Made in Africa of Imported Chinese Fabric : and The Rest (Hauser & Wirth) ; installation textile de Marion Baruch intitulée Entrare nel linguaggio et achevée spécifiquement pour « Unlimited 2021 » (Galerie Urs Meile, Lucerne, Pékin) ; ensemble rare, comme cet American Alphabet II de Robert Cottingham (Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris). Ou encore dessins photographiques inédits de David Hockney, Pictures at an Exhibition (Gray, Chicago, New York).
Art Basel a également sa version « concurrente » en ligne, de même que son « off », grâce au retour de Liste, qui réunit du 20 au 26 septembre 81 participants. La foire des jeunes galeries et des artistes émergents se tient cette année dans le Hall 1.1 de Messe Basel, dans une architecture circulaire qui accueille pour l’occasion sa toute nouvelle « Sculpture Piazza » où sont présentées une dizaine de sculptures de grand format.
On peut s’attendre à croiser à Bâle quelques Américains qui auront prolongé leur villégiature sur le Vieux Continent. Et quand bien même les allées d’Art Basel ne seraient fréquentées que par les collectionneurs européens, le pouvoir d’achat de ces derniers suffit amplement à nourrir quelques espérances sur la dynamique des ventes.
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Art Basel, un rendez-vous sous haute tension
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : Art Basel, un rendez-vous sous haute tension