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La crise du papier pénalise les éditeurs

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2022 - 664 mots

Face à la hausse et la pénurie, les éditeurs doivent changer de papier, ne pas réimprimer ou passer commande très en amont de la date de livraison voulue.

Le catalogue de l'exposition Répine a dû être réimprimé sur un autre papier. © Paris Musées.
Le catalogue de l'exposition Répine a dû être réimprimé sur un autre papier.
© Paris Musées

France. Depuis quelques mois, la pénurie de papier pèse sur les éditeurs et, plus particulièrement, sur les éditeurs de beaux livres. Les délais d’approvisionnement sont passés de trois semaines à trois ou quatre mois tandis que le prix du papier a enregistré une hausse « de 10 à 15 % dans un premier temps, voire de 20 à 25 % pour certaines qualités », constate Sophie Laporte, directrice des éditions de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais.

L’achat du carton pour les couvertures des livres reliés est tout aussi problématique. « Dès novembre, nous avons été dans l’incapacité de réimprimer dans les délais souhaités plusieurs ouvrages reliés, car nous n’avons pas réussi à obtenir le carton pour les reliures. Dans le même temps, certains imprimeurs nous ont annoncé ne plus prendre aucune nouvelle commande pour des livres reliés avant fin janvier 2022 », indique Pauline Capitani, responsable de la direction production papier & numérique d’Actes Sud.

Offre limitée de papier

La situation est inédite et ne devrait pas s’améliorer au cours des prochains mois en raison d’une offre limitée de papier, d’un coût de production en hausse et de l’explosion, depuis la pandémie, du commerce en ligne qui a provoqué un accroissement de la demande en carton. « Sur le marché européen, la baisse de la consommation de papier à usage graphique a en effet entraîné, depuis une quinzaine d’années, des fermetures d’usines ou des repositionnements vers des productions papetières plus rentables, comme le papier hygiène… », explique Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses (Copacel). « Or la reprise de l’activité économique a conduit à une consommation de papiers graphiques en hausse dans des secteurs tels que la publicité, d’où une offre bien moindre pour les éditeurs. De leurs côtés, les coûts de production ont augmenté sous l’effet de l’accroissement du prix de la pâte à papier, mais surtout de l’énergie. »

Personne ne s’attend à une amélioration avant avril-mai. « Le cours de la pâte à papier enregistre actuellement une pause mais la traduction en aval est longue. Elle ne devrait pas être visible avant la fin du premier trimestre 2022 », précise Pascal Bovéro, délégué général de l’Union nationale des industries de l’impression et de la communication (UNIIC).

L'Atlas Tadao Ando de Philippe Seclier n'a pas pu être réimprimé pour les fêtes. © Atelier EXB
L'Atlas Tadao Ando de Philippe Seclier n'a pas pu être réimprimé pour les fêtes.
© Atelier EXB
Les catalogues d’exposition épuisés ne sont pas réimprimés

Face à cette situation, les éditeurs ont dû passer commande aux imprimeurs ou aux fabricants de papier bien plus tôt que d’habitude, surévaluant parfois le tirage pour ne pas être confrontés à une rupture de stock, notamment pour les catalogues d’exposition aux dates de parution non flexibles. Le Centre Pompidou a aussi dû faire face à la nécessité de ne pas « réimprimer certains catalogues d’exposition au façonnage complexe qui arriveraient hors délais comme le catalogue “David Hockney” », indique Claire de Cointet, directrice des éditions. Sève et Pensée de Giuseppe Penone, publié par la Bibliothèque nationale de France, épuisé dès le mois de novembre, a subi le même sort. Plus généralement, les réimpressions se sont accompagnées de changement de papier, faute de pouvoir disposer du papier d’origine dans les délais requis tel le catalogue Georgia O’Keeffe ou la quasi-totalité des réimpressions faites cet automne par Paris Musées pour les expositions en cours telles que « Ilya Répine » au Petit Palais, « Vogue 100 ans » au Palais Galliera ou encore « Flammes » au musée d’Art moderne de Paris.

Les livres d’art non liés à une actualité n’ont pas été davantage épargnés. Si peu de parutions ont été reportées, certains livres à succès tel l’Atlas Tadao Ando de Philippe Seclier (Atelier EXB) n’ont pu être réimprimés pour les fêtes tandis que Flammarion a été contraint de ne réimprimer Les Femmes artistes sont dangereuses qu’à 1 500 exemplaires au lieu de 4 000.

Pour l’instant les éditeurs ont pris sur leur marge les coûts d’augmentation du papier, sans accroître le prix de vente. Pour l’instant…

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : La crise du papier pénalise les éditeurs

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