PARIS
La librairie du Centre Pompidou change de concessionnaire. Le groupe Madrigall, propriétaire de Flammarion, cède la place à la Réunion des musées nationaux.
Paris. « Depuis le 1er janvier 2021, la Réunion des musées nationaux [RMN-Grand Palais] a pris le relais de Flammarion pour gérer la librairie du Centre Pompidou », annonçait en janvier un communiqué de presse de l’établissement. Après avoir été aux commandes de la librairie depuis l’ouverture du Centre Pompidou, en 1977, Flammarion perd sa dernière librairie dans un musée. Jadis, l’éditeur avait en concession les librairies des Arts déco, de la Cité des sciences et de l’industrie, mais aussi celles du Centre Pompidou-Metz à ses débuts et de la Bibliothèque nationale de France.
Coup dur donc pour le groupe Madrigall, présidé par Antoine Gallimard, propriétaire de Flammarion depuis 2017, seul candidat en lice avec la RMN-Grand Palais [Madrigall n’a pas donné suite à nos questions]. À l’inverse, la RMN-Grand Palais renforce avec cette nouvelle concession son réseau de librairies-boutiques à Paris et dans la région parisienne dont le nombre s’élève désormais à 21 (sur un total de 35 en France), avec les fleurons que sont celles du Louvre et du Musée d’Orsay. Par ailleurs, elle renforce sa présence au sein du Centre Pompidou. La RMN exploite en effet depuis quelques années, la boutique dévolue au design.
Le secteur est porteur, du moins il l’était avant la fermeture imposée aux musées en 2020 par la crise sanitaire. En 2019, le chiffre d’affaires de cette activité s’élevait à 56,5 millions d’euros (+ 1,5 M € par rapport à 2018), et le résultat net à 200 000 euros.
« Les librairies du Centre Pompidou s’inscriront dans le prolongement du projet scientifique du Centre, en se distinguant par la qualité, la richesse et la diversité de leur fonds, notamment en ce qui concerne l’art contemporain. Plus particulièrement dans la librairie du Forum, l’offre proposée donnera à voir tous les grands mouvements qui se sont succédé de l’après-guerre à nos jours, tout en faisant une place importante à l’actualité artistique internationale, sans oublier celle des pays émergeants », explique la RMN-Grand Palais qui conserve l’équipe de libraires en place.
« Le secteur de l’art moderne et contemporain est un secteur très particulier », précise Claire de Cointet, directrice des Éditions au Centre Pompidou. « Les libraires ne s’approvisionnent pas qu’au niveau des grands éditeurs ou distributeurs, mais aussi auprès de bien d’autres de plus petite taille, ce secteur englobant également les livres d’artiste et ceux qu’éditent les galeristes, les centres d’art, les Frac ou les fondations privées. »
L’offre ne devrait donc pas évoluer. Seuls changements : l’appellation de la librairie du Forum qui se défait du nom de Flammarion pour devenir « La librairie du Centre Pompidou » et le réaménagement programmé de la librairie du 6e étage, repensé par le studio de design 5.5. « Sur le plan du merchandising, la RMN-Grand Palais est très forte », souligne Claire de Cointet lorsqu’on évoque le choix de l’opérateur public, et non celui du groupe Madrigall.
L’absence remarquée de la société Arteum dans l’appel d’offres est certainement à relier à la nature de son réseau davantage constitué de librairies-boutiques que de librairies avec un large assortiment. La durée de la concession de trois ans de la librairie du Centre Pompidou, contre dix ans habituellement, a pu aussi la dissuader, ainsi que la fermeture du Centre pour travaux prévue entre 2023 et 2026, annoncée récemment.
En 2020, la chute de fréquentation de 72 % du nombre de visites enregistrées par le Centre Pompidou, qui n’a été ouvert l’an dernier que 167 jours, n’a évidemment pas été sans conséquences sur le chiffre d’affaires de ses librairies. Entre 2010 et 2019, le chiffre d’affaires a oscillé entre 6 et 10 millions d’euros, un chiffre toutefois plus près des 6 millions d’euros ces trois dernières années, compte tenu de l’érosion de la fréquentation de la librairie induite par le plan Vigipirate imposant des contrôles à l’entrée de l’établissement, mais aussi par les manifestations sociales à répétition en 2018 et 2019.
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Flammarion perd sa dernière librairie dans un musée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°560 du 5 février 2021, avec le titre suivant : Flammarion perd sa dernière librairie dans un musée