PARIS
Beaucoup de peinture, près d’une trentaine de solo shows, un parcours d’art moderne renforcé, quelques (re)découvertes… Le programme d’Art Paris augure d’une édition 2021 de très bonne tenue.
Paris. Coté art contemporain, les galeries de premier plan privilégient les expositions collectives, offrant, sur des stands allant jusqu’à 100 mètres carrés, un panorama varié de leurs artistes et un spectre de prix étendu. Pour sa première participation à la foire, Frank Elbaz expose ainsi une œuvre textile de Sheila Hicks (plus de 50 000 euros) à côté d’une peinture récente de Bernard Piffaretti (plus de 30 000 euros), tout en proposant des œuvres plus abordables (entre 5 000 et 10 000 euros) d’artistes émergents, comme Madeleine Roger-Lacan ou Léo Chesneau. Il est cependant l’un des rares à jouer cette carte à fond car la plupart des marchands présentent des artistes déjà identifiés, avec des productions souvent très récentes, comme la Madrilène Albarrán Bourdais, qui revient sur la foire avec de grandes impressions Pantone tout juste sorties de l’atelier de Mathieu Mercier.
Sur l’espace de Kamel Mennour, dont c’est la première édition, une grande sculpture de Neil Beloufa (Pre-Post 1, 2019) voisine avec un diptyque sur aluminium de Latifa Echakhch de 2021 et une toile toute fraîche de Liam Everett. Chez Thaddaeus Ropac, qui fait également son entrée à Art Paris, on verra, entre autres, un Autoportrait immédiatement reconnaissable de Yan Pei-Ming (entre 50 000 et 100 000 euros).
Perrotin, présent pour la deuxième édition consécutive, juxtapose un charbon sur toile de Lee Bae, une petite huile sur bois de Laurent Grasso, une grande peinture de Jean-Michel Othoniel, les tableaux en denim de Nick Doyle et des œuvres d’Alain Jacquet et de Georges Mathieu dont il représente les successions. Nathalie Obadia, une fidèle de la foire, mélange aussi les artistes de générations différentes et les techniques : un grand panneau en verre de Carole Benzaken, des tableaux de Rosson Crow et de Shirley Jaffe, une tapisserie de Laure Prouvost, un dessin de Jérôme Zonder… Autre pilier notable d’Art Paris, la galerie Templon présente des peintures de Jean-Michel Alberola, Philippe Cognée, Jim Dine et Gérard Garouste notamment, ainsi que la toute dernière série de sculptures de Prune Nourry. Portrait of Jesenia Pineda, une peinture de Kehinde Wiley (2020), figure sur le stand pour plus de 100 000 euros.
Lelong & Co présente un ensemble de peintures de Pierre Alechinsky, dont un très actuel Couvre-feu (2020) à plus de 100 000 euros, mais aussi des peintures de Jan Voss et Barthélémy Toguo à plus de 50 000 euros, tout comme l’œuvre sur papier de Kiki Smith et la sculpture de David Nash (Light Through Black, 2018).
Parmi les galeries connues pour leur travail de fond, Jeanne Bucher Jaeger a choisi de mettre à l’honneur ses artistes femmes, de Maria Helena Vieira da Silva à Vera Pagava, Louise Nevelson et Zarina, en passant par Fabienne Verdier, Evi Keller et Antonella Zazzera. Mais elle rend également hommage à Gérard Fromanger, disparu cet été, avec une peinture de la série « Questions » (1974) à plus de 100 000 euros.
Côté solo shows, signalons celui que la galerie Martel, spécialiste des artistes issus de l’univers de la bande dessinée, consacre à Lorenzo Mattotti, avec cinq grandes toiles dans lesquelles l’artiste italien mêle couleurs et sensualité. Jolie découverte aussi de la peinture de Jessie Homer French chez Massimo de Carlo, pour des prix allant de 15 000 à 50 000 euros.
Les dialogues entre art contemporain et art moderne peuvent prendre la forme d’une mise en regard (ainsi de la Petite Vénus de Meudon de Jean Arp sur le stand d’Anne-Sara Bénichou) ou d’une influence assumée, tels les dessins et peintures de Caroline Denervaud, très librement inspirés de l’œuvre de Serge Poliakoff, aux murs de la galerie marseillaise Double V (de 5 000 à 30 000 euros).
Le parcours moderne, fort de sa dimension historique rassurante, multiplie les solo shows. Le plus remarquable est peut-être celui qu’Helène Bailly consacre à Pablo Picasso, une valeur sûre, dont elle montre peintures, sculptures, dessins et une céramique : le grand Vase Aztèque à deux visages, pièce unique de 1957. À noter également la présence d’une aquatinte de l’artiste espagnol sous forme d’un petit triptyque muséal sur le stand de la galerie Jean-François Cazeau. Venue de Sologne, Capazza, dans la continuité de son exposition en partenariat avec le Musée Rodin l’an dernier, invite à une redécouverte de l’œuvre sculptée de Georges Jeanclos (1933-1997) avec des pièces en argile des années 1990 et des prix supérieurs à 50 000 euros.
La galerie parisienne Traits Noirs balaye le XXe siècle, d’une Femme endormie de Kees van Dongen à un Paysage avec personnage de Jean Dubuffet (1980) en passant par une œuvre sur papier de Sam Francis ou une peinture d’Oscar Dominguez. De retour à Art Paris après quatre années d’absence, la galerie A&R Fleury consacre une partie de son stand à un focus sur Alicia Penalba avec plusieurs sculptures emblématiques de l’artiste argentine. Celle-ci est également mise en avant par Jean-Marc Lelouch. La galerie Jean Fournier installe quelques grands formats, comme une peinture de Michel Parmentier de 1965 ou un très grand tableau de Simon Hantaï de trois mètres sur deux, Sans titre (1959-1960). Les œuvres remarquables ne manqueront pas : Art Paris bénéficie d’un entrain trop longtemps réprimé par la pandémie.
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Un avant-goût d’Art Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°572 du 3 septembre 2021, avec le titre suivant : Un avant-goût d’Art Paris