PARIS
La manifestation parisienne tire de sa dimension hexagonale, tant au niveau de son public que des galeries participantes, une raison d’être en cette période de pandémie mondiale.
Paris. Après les annulations en série d’Art Basel (à Hongkong, Bâle, Miami Beach), de Frieze (à New York puis Londres), et pour finir de la Fiac, Art Paris sera sans doute l’une des rares foires d’art contemporain à s’être tenue en 2020 (du 10 au 13 septembre) et la dernière à avoir eu lieu au Grand Palais, avant la fermeture de l’établissement pour travaux, de 2021 à 2024. Pour autant, « ce n’est pas la foire de l’année », tempérait un marchand interrogé à la veille de la fermeture. Premier constat : l’atmosphère agréablement calme de la manifestation, qui s’expliquait par les contraintes d’accueil du public, avec une jauge limitée à 3 000 personnes à l’instant T dans la nef (au lieu des 5 000 habituels). Les allées, élargies, comme les stands, aménagés en fonction des normes de distanciation physique, contribuaient également à l’impression de fluidité relevée par de nombreux participants.
Pour autant, avec plus de 10 000 visiteurs accueillis le jour de son ouverture, la foire estime que les amateurs d’art comme les professionnels étaient au rendez-vous, qu’il s’agisse des représentants d’institution, des cercles d’Amis (y compris ceux de la Kunsthalle de Bâle et de la Tate Modern à Londres) ou encore des membres de l’Adiaf (Association pour la diffusion internationale de l’art français), de la Collection Pinault, des fondations Louis Vuitton, Carmignac… Sans parler de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot accompagnée de Brigitte Macron, en visite officielle.
Les collectionneurs, essentiellement français, auraient donc répondu présent. C’est ce que semblent confirmer certaines galeries, en particulier les plus importantes. Ainsi de Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles), qui, samedi, affirmait avoir conclu plus d’une vingtaine de ventes – des œuvres de Jérôme Zonder, Guillaume Bresson, Laure Prouvost, Valérie Belin, Shirley Jaffe, pour des prix compris entre 20 000 et 200 000 euros, ceci principalement à une clientèle hexagonale. « Nous avons réalisé un tiers des ventes auprès de nouveaux clients, ce qui est révélateur de la vitalité des collectionneurs français », assurait la galeriste. Même satisfaction affichée chez Perrotin qui, dès le premier jour, a réalisé plusieurs ventes importantes. Mercredi, la Galerie Templon (Paris) avait de son côté trouvé des acquéreurs pour un grand diptyque d’Abdelkader Benchamma (40 000 €), de même que pour deux sculptures de Prune Nourry (40 000 € pièce), une toile de Jean-Michel Alberola (60 000 €) et une œuvre d’Iván Navarro. « Après ces bons débuts, nous avons vendu des œuvres de nombreux artistes, de Gérard Garouste à Philippe Cognée en passant par Gregory Crewdson ou Pierre et Gilles, pour des prix moyens allant de 50 000 à 80 000 euros », détaillait sa directrice, Anne-Claudie Coric. La galerie Yvon Lambert (Paris), que l’on n’a plus l’habitude de voir sur les foires, rapportait quant à elle avoir réalisé, entre autres, « une belle vente à une collection chinoise ».
Un franc succès commercial ? Avec treize photos d’Elsa & Johanna vendues entre 3 000 et 8 000 euros « dont certaines à des collections de tout premier plan », cinq œuvres de Vincent Bioulès parties entre 3 000 et 30 000 euros, ainsi que trois autres d’une série récente de Guy de Malherbe (de 2000 à 12 000 €), la galerie La Forest-Divonne (Paris, Bruxelles) s’estimait « très contente de cette édition ». Tout comme la jeune galerie Pauline Pavec (Paris), qui présentait, à côté d’un mur de dessins de Jacques Prévert, d’une sculpture de Martial Raysse et de toiles de Robert Malaval, des artistes émergents (Mathilde Denize, Adam Bogey, Quentin Derouet), et se félicitait de « plus de 30 pièces vendues, à 99 % à de nouveaux clients ».
Des marchands semblaient cependant plus réservés, reconnaissant, comme Valérie Cazin, directrice de la galerie Binome (Paris), « la qualité des échanges » tout en constatant que les ventes auraient pu être plus soutenues. Stratégiquement placées à un carrefour central, les galeries Caroline Smulders et Karsten Greve s’étaient associées pour un solo show du photographe Roger Ballen. Alors que l’artiste est actuellement exposé à la Halle Saint-Pierre (Paris), que les prix de ses tirages sont compris entre 5 000 et 15 000 euros, les ventes, après un démarrage en douceur, étaient retombées le deuxième jour. Or le Grand Palais se trouvait samedi dans une zone de circulation contrôlée, pour cause de manifestation, avec un accès, piéton uniquement, limité au pont Alexandre-III ; la partie n’était donc pas gagnée pour un rebond des ventes. Véronique Smagghe (Paris), quant à elle, ne retenait que les aspects positifs de cette édition : le confort d’écoute, « le plaisir des gens à être là»… La galeriste, qui fête en 2020 trente ans d’activité, était fidèle à la thématique de ses débuts, « collages et décollages », avec des artistes historiques tels que Jacques Villeglé, Pierrette Bloch, François Dufrêne, ou n’ayant pas eu la reconnaissance qu’ils méritaient, comme Arthur Aeschbacher, Anna Shanon. Les ventes ? « raisonnables », estimait-elle samedi. Pour conclure sur une note positive, Valérie Cazin confiait, pour sa part, « avoir le sentiment que nous aurons de quoi travailler après la foire, c’est le plus important ».
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Art Paris, la foire de l’année
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°551 du 18 septembre 2020, avec le titre suivant : Art Paris, la foire de l’année