PARIS
La foire parisienne accueille les plus grandes galeries spécialisées dans la photographie. Dans un contexte commercial fragilisé par les restrictions de déplacement, elle se veut un rendez-vous mondial incontournable.
Paris. Mi-novembre, Paris Photo prend place dans le Grand Palais éphémère. Plus que jamais, elle espère susciter une belle énergie et lever la grande incertitude commerciale actuelle. Après l’annulation de l’édition 2020 pour cause de crise sanitaire, l’attente des exposants est grande. Le salon ne manquera pas de visiteurs, mais il y aura sans doute moins d’étrangers que d’habitude en raison des restrictions de voyage.
De nombreux événements sont programmés dans son sillage : des ventes aux enchères, des circuits dans les galeries et des expositions. Car Paris Photo reste la foire la plus importante de photographie dans le monde. Son poids s’est d’autant plus renforcé que le nombre de galeries photo stricto sensu dans les autres foires d’art se réduit considérablement, à commencer par Art Basel où seules cinq galeries étaient présentes cette année. Aucune autre foire photo ne la menace vraiment : Photo London, Unseen à Amsterdam et Photo Basel, les dernières nées, demeurent des outsiders. Quant aux foires parisiennes qui se tiennent au même moment, seuls subsistent Photo Paris Vintage Fair au Pavillon Wagram et Approche au Molière [lire encadré ci-dessous]. La crise sanitaire a eu en effet raison de Fotofever qui change de date et de lieu pour revenir du 10 au 13 février 2022 au Bastille Design Center. « Paris Photo est notre plus importante fenêtre sur le public qui ne figure pas encore sur notre liste de diffusion », souligne le galeriste allemand Daniel Blau, fidèle parmi les fidèles de la foire à l’instar des autres grands galeristes que sont Thomas Zinder, les Américains Bruce Silverstein, Howard Greenberg et Edwynn Houk ou les galeries londoniennes Hamiltons et Michael Hoppens qui devraient venir à Paris malgré les incertitudes sanitaires. La galeriste clermontoise Claire Gastaud, pour qui c’est une première, cherche aussi à Paris Photo de nouveaux clients, mais pas seulement. « Nous répondons également à la demande de nos artistes de faire partie de cette foire incontournable. Car l’autre enjeu est de rencontrer les acteurs du milieu (conservateurs, commissaires, critiques d’art…) pour trouver de nouveaux projets à nos artistes », précise-t-elle.
Les candidatures pour participer à la foire ont été supérieures à la demande pour un nombre de places plus limité qu’au Grand Palais. « Les espaces du Grand Palais éphémère, réduits de 20 % par rapport à ceux du Grand Palais, ont pour conséquence de diminuer le nombre de participants et de supprimer le secteur « Prismes » réservé aux grands formats ou aux séries d’envergure », explique Florence Bourgeois, directrice de la foire. « Les tailles des stands, de 25 à 70 m2, demeurent toutefois identiques à celles des éditions précédentes. » Le nombre de galeries (149 au lieu de 180 lors de l’édition de 2019) n’a pas pour autant affecté la qualité des marchands. De Gagosian (New York, Londres, Paris…) ou Yossi Milo (New York) aux jeunes galeries parisiennes Nil ou Rouge, le spectre des profils est large et le renouvellement dans des proportions habituelles (56 % des galeries étaient déjà présentes en 2019, 26 % des galeries qui avaient participé avant 2019 reviennent aujourd’hui et 18 % sont des premières participations). La proportion des galeries étrangères est légèrement à la baisse et profite ainsi aux françaises, telles que Ceysson & Bénétière, Christian Berst, Christophe Gaillard, Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Odile Ouizeman et de Rabouan Moussion.
La liste des pays (28) s’élargit cette année avec les Émirats arabes unis (Isabelle van den Eynde à Dubaï) et le Maroc (Loft Art à Casablanca), les États-Unis demeurant en tête en nombre de galeries, avec une légère baisse de leur représentativité : 20 % contre 35 % en 2019. « Les galeries américaines ne feraient pas l’effort de venir si elles n’espéraient pas vendre », souligne Florence Bourgeois. D’autant que les coûts des stands et de transport des œuvres se sont accrus. Pour les exposants, Paris Photo est une foire chère. Compte tenu du prix des tirages, une galerie doit vendre beaucoup d’œuvres pour rentrer dans ses frais car rares sont les pièces à plus de 30 000 euros. Certaines galeries comme Stephen Bulger (Canada), Stephen Daiter (États-Unis) ou Akio Nagasawa (Japon) ont d’ailleurs préféré être présents uniquement sur la nouvelle plateforme numérique mise en place par Paris Photo.
Approche imprime sa singularité
Foires off. Cette année, Approche ouvre sa 5e édition, dans le sillage de Paris Photo. Créé par Émilia Genuardi, le salon indépendant poursuit sa ligne éditoriale consacrée aux expérimentations photographiques. À deux pas du Louvre, le cadre intimiste de la Maison Molière lui sert d’écrin, comme d’habitude. Une sélection resserrée en nombre d’artistes – seize cette année – a fait, dès le début, son succès auprès des collectionneurs et institutions publiques ou privées. Pour l’édition 2021, cinq commissaires ont été invités à proposer un ou deux artistes – en complément des choix d’Émilia Genuardi –, photographes que l’on ne retrouvera pas à Paris Photo, excepté Laurent Millet. De Vasantha Yogananthan à John Chiara, Ilanit Illouz ou David Weber-Krebs, les registres varient. Mais pas la participation de 5 800 euros, identique pour toutes les galeries quel que soit le nombre de mètres carrés utilisés. La gratuité de la visite, mais exclusivement sur réservation, est aussi un parti pris.
Christine Coste
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Paris Photo 2021, une édition presque normale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°576 du 29 octobre 2021, avec le titre suivant : Paris Photo 2021, une édition presque normale