PARIS
Du 8 au 16 juin, la manifestation parisienne consacrée aux arts asiatiques se déploie en accueillant plus d’exposants, dont des galeries étrangères. Ce rendez-vous fédère tous les acteurs du marché : galeries, maisons de ventes et même des musées.
Paris. Désormais présidé par le marchand français Christophe Hioco, le Printemps asiatique – créé en 2018 sous l’impulsion de la galerie Jacques Barrère – qui se tient du 8 au 16 juin, voit les choses en grand pour sa 5e édition. « Il était temps de faire une vraie semaine asiatique à Paris – qui fédère les différents acteurs du secteur –, comme à New York, en mars, et à Londres, en novembre. La capitale française regorge d’atouts : de nombreuses collections, de très belles ventes. Ce n’est pas un hasard si Bonhams a choisi cette ville pour disperser la collection d’arts d’Asie de Claude de Marteau, le 14 juin. Et comme le chiffre d’affaires et le nombre de ventes de la spécialité sont en net recul à Londres et New York, Paris a sa carte à jouer », explique Christophe Hioco. Pour ce faire, « et booster l’événement, dont l’objectif est de faire venir massivement les collectionneurs étrangers, nous pouvons compter sur la présence de galeries importantes ou encore des pièces intéressantes ». Aussi, tout a été revu à la hausse : plus de marchands, des galeries étrangères présentes pour la première fois, une mobilisation croissante des maisons de ventes et des musées, mais aussi – c’est inédit – un cycle de conférences données au Musée Cernuschi. Parmi elles, « Les collections khmères du Musée Guimet », par Pierre Baptiste, conservateur général (section Asie du Sud-Est) du Musée Guimet, et « Henri Cernuschi, collectionneur français d’arts asiatiques du XIXe siècle », par Manuela Moscatiello, responsable des collections japonaises au Musée Cernuschi.
De vingt participants essentiellement parisiens à ses débuts, la manifestation en recense cinquante et un cette année : vingt-neuf marchands, treize maisons de ventes et neuf institutions culturelles. Parmi les nouveaux venus, figurent, côté français, les galeries Luohan, Tora Tori ou encore Louis & Sack, mais aussi les Musées du Louvre, du château de Fontainebleau, de la Compagnie des Indes de Lorient. Côté maisons de ventes – quatre de plus par rapport à l’année dernière –, Cornette de Saint Cyr en profite pour exposer dans ses locaux une sélection de lots provenant de la collection d’art asiatique de Robert et Jean-Pierre Rousset (famille qui a dirigé la galerie de la Compagnie de la Chine et des Indes) et qui sera dispersée en association avec Bonhams Paris les 25 et 26 octobre prochains.
Les participants étrangers ont été conviés à montrer leurs plus belles œuvres au sein d’une exposition collégiale à la Pagode, demeure mythique du célèbre marchand et collectionneur chinois Ching Tsai Loo, plus connu sous le nom de C. T. Loo. Ce bâtiment à la façade ocre rouge et aux éléments architecturaux d’inspiration chinoise situé à deux pas du parc Monceau accueille notamment les galeries américaines Alan Kennedy Asian Art, Clare Chu Asian Art, Sanjay Kapoor mais aussi les anglaises Brandt Asian Art, Grace Tsumugi Fine Art, Sue Ollemans ou encore Malcolm Fairley qui présente notamment un panneau de porcelaine émaillée et dorée représentant la procession de mille guerriers du sanctuaire Nikko, signé Ochiai de Rotakudo, Tokyo, période Meiji (1868-1912), proposé à 38 000 euros.
Plusieurs expositions thématiques ont été préparées par certaines des galeries participantes. Ainsi, la galerie Luohan, en partenariat avec la galerie Jacques Barrère, rend hommage à Paul Morand, personnage controversé, grand écrivain et célèbre pour son ancienne collection d’arts asiatiques. Provenant de celle-ci, un exceptionnel lit de Luohan en laque noire incrustée de nacre et orné de plaques de marbre de Dali, Chine, Dynastie Qing, fin du XVIIIe siècle, à découvrir rue Mazarine. La galerie Béalu présente l’exposition « Les porcelaines de Chine d’exportation à décor de personnages européens », avec des assiettes représentant la cueillette des cerises, les oies du père Philippe, Zéphyr et Flore, époque Qianlong (1736-1795), pour des prix allant de 650 à 3 000 euros. Elle montre également une paire de « Shishi » en porcelaine du Japon, Arita, période Édo, vers 1670-1690 (85 000 €, voir ill.). La jeune galerie Louis & Sack, fondée en 2020 (*), se consacre aux artistes japonais de la Nouvelle école de Paris tels que Toshimitsu Imai, Key Sato, Hisao Domoto, Yasse Tabuchi, Kumi Sugaï, à l’origine d’un souffle nouveau dans l’abstraction occidentale des années 1950.
D’autres pièces sont à chiner, comme une tabatière en verre overlay « quatre couleurs » à fond opalescent à décor d’oiseaux et de fleurs, Chine, 1770-1820, à la galerie Bertrand de Lavergne (4 800 €) ; un panier ikebana en bambou tressé (Hanakago), vers 1930, par le maître japonais Maeda Chikubosai I, chez Cristina Ortega & Michel Dermigny (12 500 €) ; une stèle en grès représentant le dieu Siva, Xe siècle, Inde du Nord, à la galerie Hioco (60 000 €, voir ill.) ou encore un demi-masque (Menpô) de type Ressei (expression féroce), en fer laqué rouge, École Iwai, Japon, XVIIe siècle (un peu plus de 10 000 €) chez Jean-Christophe Charbonnier. Pour le marchand spécialisé dans l’art japonais et tout particulièrement dans les armes et armures, « participer à cet événement était une évidence ».
(*) Contrairement à ce que nous avions écrit dans le JdA n°590, la galerie Louis & Sack a été fondée en 2020 et non en 2022.
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Le Printemps asiatique prend de l’ampleur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : Le Printemps asiatique prend de l’ampleur