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ARTS D’ASIE

Un Printemps asiatique honorable

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 juin 2022 - 865 mots

PARIS

Tous les événements organisés au cours de la Semaine asiatique ont reçu un bon accueil, tout particulièrement l’exposition à la Pagode.

Panneau de bois avec incrustations de métal représentant une scène de théâtre Kabuki. © Grace Tsumugi Fine Art
Panneau de bois avec incrustations de métal représentant une scène de théâtre Kabuki.
© Grace Tsumugi Fine Art

Paris. Du 8 au 16 juin, tous les projecteurs étaient braqués sur les arts asiatiques : expositions en galerie, conférences, ventes aux enchères… À la Pagode, où étaient réunis neuf exposants français et étrangers, près de 2 500 visiteurs se sont déplacés, notamment Sophie Macariou, présidente du Musée Guimet, le marchand et collectionneur londonien Jules Speelman, mais aussi des conservateurs du Musée Cernuschi ou du Louvre. « Cela a été compliqué à gérer et nous avons même dû arrêter les demandes de visites. Finalement, tout s’est très bien terminé et nous avons eu de très bons échos sur ce Printemps asiatique, avec près de cinq cents personnes qui se sont pressées aux conférences, ce qui est extrêmement satisfaisant », s’est réjoui Christophe Hioco, aux commandes de la manifestation.

Dans la petite salle au rez-de-chaussée de la Pagode, Malcolm Fairley et Grace Tsumugi, venus de Londres, exposaient de l’art japonais dont une jolie tabatière en émaux cloisonnés, période Meiji, vers 1890 (21 000 €) ainsi qu’une collection d’inro. Dans la grande salle du rez-de-chaussée, Alexis Renard montrait un Bodhisattva en argile et paille sur ossature de fer, en polychromie, ouest du Tibet, XIVe siècle, qui a reçu beaucoup d’intérêt, notamment de la part d’institutions (120 000 €), ainsi qu’une armoire ottomane en marqueterie de bois, nacre, écaille de tortue et os, début du XIXe siècle (autour de 85 000 €). Christophe Hioco présentait pour la première fois une statue de Bouddha Maitreya assis, en schiste, de l’ancienne région du Gandhara (aux alentours de 250 000 €).

Le premier étage du bâtiment accueillait Sue Ollemans spécialisée dans la joaillerie asiatique, en particulier des bijoux indiens, birmans, indonésiens et thaïlandais (prix entre 1 800 et 20 000 €) ; Robert Brandt, spécialisé dans les textiles ; Clare Show, qui montrait des tabatières chinoises et enfin Nicolas Fournery, qui exposait de la porcelaine chinoise d’exportation. Dès le premier jour, il a vendu ses deux pièces les plus importantes, une paire de vases couverts provenant de la collection Cumberbatch. D’une taille exceptionnelle, ils ont été acquis par un collectionneur étranger (un exemplaire similaire s’est vendu chez Sotheby’s Paris autour de 140 000 € en 2012). Le Musée du Louvre était également intéressé par une partie de service aux armes de Pierre-Louis Bouczo, époque Qianlong, vers 1740.

Moins d’acheteurs en galeries

Dans les galeries, les marchands ont noté une fréquentation plus mitigée. « Je trouve que c’est une très belle manifestation, mais j’ai noté qu’il y avait moins de monde. Aussi, l’événement à la Pagode a monopolisé toute l’attention, même si c’est une très bonne nouvelle », a précisé Sylvie Tiago (galerie éponyme). Elle a cependant conclu plusieurs ventes, notamment celle d’une sculpture en bronze représentant un singe assis contemplant une tortue, Japon, époque Edo début du XXe siècle, tandis qu’une boîte à papier (ryôshibako) en laque, Japon, fin du XVIIIe siècle était réservée (autour de 9 000 €). La galeriste Cristina Ortega a constaté que « des clients étrangers, notamment des marchands, avaient fait le déplacement, mais les clients chinois manquaient ». Ils ne sont pas autorisés à sortir de leur pays au nom de la lutte contre la pandémie. Et d’ajouter : « En revanche, les Français étaient un peu frileux – la période électorale n’étant pas propice. » Ses transactions ont été essentiellement réalisées avec des marchands (peu d’institutions) et son grand hanagako de type karamono, en bambou tressé, de Maeda Chikubosai I, première moitié du XXe siècle (12 000 €) a beaucoup plu. La galerie Jacques Barrère, qui partageait son espace avec la galerie Luohan (spécialisée en mobilier chinois), organisait une exposition thématique intitulée « La Chine et le cheval ». Pour l’occasion, elle montrait un grand cheval en bois avec traces de polychromie, dynastie Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.), Chine, Province Wuwei. Très rare, il était proposé à 250 000 euros [voir ill.].

Les bons résultats des ventes aux enchères

Aux enchères, quelques beaux prix ont été enregistrés. Sotheby’s a dominé la partie avec une vente qui a totalisé 9 millions d’euros. Un cachet impérial en jade vert de Khota, dynastie Qing, époque Qianlong, vers 1795, s’est envolé à 2,2 millions d’euros [voir ill.]. La collection Claude de Marteau dispersée chez Bonhams Paris, le 14 juin, a atteint 3,5 millions d’euros, avec un Bouddha du Gandhara adjugé 567 375 euros, quand une stèle de Ganesh en grès d’Inde centrale, Xe siècle, a été préemptée par le Musée Guimet. Chez Millon, un vase quadrangulaire en porcelaine à décor polychrome sur fond blanc, dynastie Qing, époque Qianlong, s’est vendu 420 000 euros au marteau, le 9 juin. À Drouot, une aiguière et son bassin en tombak, Empire ottoman, XIXe siècle, probablement réalisés pour la princesse Mihrimah Sultan, fille du sultan Mahmud II, ont été préempté 130 560 euros par le Musée du Louvre chez Beaussant Lefèvre et associés, tandis qu’une armoire en bois laqué, signée Le Quoc Loc, première moitié du XXe siècle, est partie à 415 616 euros chez Farrando. Une déception en revanche pour la pendule automate d’époque Qianlong, chez Aponem, qui, annoncée entre 800 000 à 1,2 million d’euros, n’a pas trouvé preneur.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°592 du 24 juin 2022, avec le titre suivant : Un Printemps asiatique honorable

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