PARIS
Du 8 au 12 juin, le Carré Rive Gauche invite les visiteurs à arpenter les 6e et 7e arrondissements de Paris à la découverte d’une sélection d’œuvres exposées dans les galeries et antiquaires.
Paris. Voilà déjà quarante-cinq printemps – sauf en 2020 où, conséquence de la crise sanitaire, la manifestation a eu lieu en septembre – qu’antiquaires et galeries d’art installés au cœur de Paris entre les rues du Bac, de Beaune, de Lille, Montalembert, des Saints-Pères, de l’Université, de Verneuil et du quai Voltaire, organisent un événement commun. C’est en effet en 1977 qu’ils avaient décidé de se regrouper en association, sous le nom de Carré Rive Gauche. Depuis, une fois par an, le quartier est en fête : les galeries ouvrent grand leurs portes aux collectionneurs et amateurs d’art pour leur faire découvrir leurs plus belles trouvailles.
Quelque soixante-dix-huit galeries (sur les quatre-vingt-dix présentes dans le quartier), contre soixante-sept l’an passé, participent à cette manifestation. Son atout ? L’éclectisme bien sûr, puisque toutes les spécialités sont représentées, balayant plus de 7 000 ans d’histoire de l’art : arts d’Extrême-Orient ou d’Afrique, mobiliers, céramiques, tapisseries, argenterie, verrerie, tableaux anciens, bijoux, objets de marine, sculptures, art contemporain, design… Si pendant un temps, un thème était imposé aux participants, comme « Rouge », « Sauvage », « Audacieux », « Les Voyages », « La Dolce Vita », la manifestation a repris depuis l’année dernière son nom d’origine : « Les cinq jours de l’objet extraordinaire ». Cette décision est allée de pair avec l’arrivée d’un nouveau bureau début 2021, Marie Biancarelli devenant présidente à la suite de Jean-Louis Herlédan.
Pour célébrer cette 45e édition, les marchands présentent un artiste, une œuvre ou un objet sélectionné pour son caractère extraordinaire. Alexandre Piatti, qui se consacre à la Haute époque, montre une Pietà en bois, de la Renaissance espagnole, exécutée par Alonso Berruguete, un élève de Michel-Ange (autour de 80 000 €, voir ill.). Chez Claude Vittet, spécialisé en tableaux anciens, plus particulièrement des écoles du Nord des XVIe et XVIIe siècles, des paysagistes français du XVIIIe siècle, ainsi que de l’art de la miniature, c’est une huile sur panneau d’Adriaen Van de Venne (1589-1662), Scène de marché (30 000 €), qui est mise en lumière, quand la galerie 1831 expose Maternity, une sculpture en bronze à patine dorée d’Aude Héderlan. Quant à Philippe Chalem (La Crédence), spécialisé en mobilier et objets d’art, il met en avant un cabinet anversois, de la première moitié du XVIIe siècle, en ébène et placage d’ébène, écaille et bronze, à décor de broderies de soie, fils d’or et d’argent. « Il s’agit d’une pièce rare compte tenu de la fragilité des matières et matériaux mis en œuvre, ce type de mobilier est peu courant sur le marché de l’art. »
Quelques galeries ont pris le parti de préparer une exposition consacrée à un thème ou à un artiste. Ainsi, la galerie Delesalle Antiquités expose des sculptures électroluminescentes réalisées entre 2020 et 2022 par le spécialiste de lustres et designer néerlandais Pascal Mestrom, qui mélange matériaux, genres et époques – il possède par ailleurs une collection personnelle de lustres XVIIIe siècle français. La galerie Nicolas Bourriaud, spécialisée en sculptures des XIXe et XXe siècles, propose « Animaux de pierre et de terre » (jusqu’au 9 juillet), dont Ours polaire, de François Pompon, une sculpture en porcelaine de Sèvres biscuit mat, éditée de 1924 à 1934 à environ 632 exemplaires tous modèles confondus (30 000 €) ; tandis que la galerie Michèle Hayem consacre son espace à la sculptrice et céramiste Carolein Smit. Du côté de la galerie MiniMaster Piece, qui fête cette année son 10e anniversaire, quarante-huit artistes ou designers ont été invités à mettre en avant un bijou emblématique réalisé en collaboration avec la galerie depuis son ouverture. La galerie des Modernes qui rend hommage à Man Ray a déniché une pièce unique, typique de l’esprit Dada : le cache-sexe conçu par l’artiste en 1965 – un tesson de céramique roulé par la mer, ramassé sur la plage de Cadaqués (30 000 à 40 000 €) – et qu’il a offert, en 1972, à Peter Adam de la BBC à la fin du tournage du film documentaire que ce dernier lui a consacré.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le Carré Rive Gauche met les petits plats dans les grands
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : Le Carré Rive Gauche met les petits plats dans les grands