COLOGNE / ALLEMAGNE
La 52e édition d’Art Cologne a réuni des propositions de qualité dans un marché solide qui demeure cependant très allemand
C’est non sans étonnement que Sprüth Magers, la puissante galerie originaire de Cologne, s’est séparée 10 minutes après l’ouverture de la foire d’une toile de John Baldessari de sa récente série animalière. Ce n’est pas tant le montant qui surprend ici, 375 000 dollars, que le profil de l’acheteur, un collectionneur asiatique inconnu des galeristes. Certes, la « mère de toutes les foires », après des années de déshérence et la reprise en main, il y a 10 ans, par Daniel Hug, a sans aucun doute retrouvé de son lustre d’antan. Est-elle pour autant en passe de devenir l’un des grands rendez-vous internationaux, comme semble l’indiquer ce type de transaction aussi bien que la présence des Rubell de Miami, parmi d’autres collectionneurs remarqués ? Beaucoup en doutent. A ceux qui voient dans ce salon un marché local, aussi important soit-il, Daniel Hug rétorque que « toutes les foires sont locales. Même Art Basel, en ouvrant des franchises à Miami et Hong-Kong a prouvé que le salon bâlois n’était pas suffisamment international. »
Une région prospère, des collectionneurs avertis
De fait, les exposants présents à Cologne misent avant tout sur l’extraordinaire richesse institutionnelle et l’importance des collectionneurs dont regorge l’ouest de l’Allemagne. Les adhésions très récentes de Gagosian, White Cube, Lisson, bref de presque tous les acteurs globaux du marché contemporain, s’expliquent plus par la nécessité de se rapprocher de ce marché local que par des attentes plus globales. David Zwirner, le premier parmi ces galeries « Blue chip » à être revenu il y a 8 ans sur la foire cofondée par son père en 1967, a honoré cette édition d’un beau stand. Allemagne oblige, un accrochage très pictural avec une grande toile d’Oscar Murillo qui a évolué depuis ses rapiècements de toiles de jute vers des entrelacs figuratifs rappelant la technique de Sigmar Polke. Un très grand Neo Rauch, à plus d’un million d’euros, était vendu avant l’ouverture. Un portrait masculin d’Alice Neel (environ 750 000 dollars) ou encore une petite toile de la série Gazing Ball de Koons (à plus de 2, 5 millions de dollars) complétaient l’ensemble.
Après avoir participé à Art Düsseldorf l’automne dernier, Kamel Mennour qui n’avait jamais participé à une foire en Allemagne, a bien compris les enjeux de ce marché et tente sa première participation avec un sage ensemble donnant une idée de son programme. Pas de déception pour le galeriste parisien qui avait vendu quelques pièces dès le premier jour dont une sculpture de Camille Henrot ou un panneau d’itinéraire prioritaire surpeint par Bertrand Lavier. Pour sa part, Laurent Godin qui revient pour la 5e fois, ne tarit pas d’éloges pour cette « foire magnifique où circule un nombre impressionnant de collectionneurs avertis. » Le galeriste parisien se réjouit notamment d’avoir vendu un grand panneau en bois et feuille d’or de Gonzalo Lebrija pour 35 000 euros.
Dans le secteur Art Moderne et Après-Guerre, la galerie Lelong revient après de nombreuses années d’interruption avec un solo show de Konrad Klapheck. « Il est nécessaire d’être présent sur le marché allemand et il fallait faire quelque chose pour Klapheck qui n’a pas d’autre galerie » explique Patrice Cotensin, son directeur. Mission réussie pour l’enseigne qui avant la fin du salon a vendu 6 tableaux (prix moyens autour de 300 000 euros) et décroché une exposition muséale et deux autres en galerie. La Galerie Lahumière qui a participé à presque toutes les éditions depuis 1968, est toujours fidèle au rendez-vous. « C’est une histoire de patience », note Diane Lahumière, « et il faut revenir chaque année. » Elle a réalisé de bonnes ventes, notamment un papier d’Auguste Herbin à un musée allemand et annonce un chiffre d’affaires supérieur à 100 000 euros avant la fin du salon.
Une ambiance calme pour un marché local
A l’étage supérieur, réservé aux artistes les plus jeunes ainsi qu’aux collaborations entre galeries partageant un stand, quelques bémols tempèrent l’enthousiasme affiché. Jocelyn Wolff s’est associé à Esther Schipper et Rosemarie Schwartzwälder pour un solo d’Isa Melsheimer. Une mini rétrospective de l’artiste où l’on découvre autant ses dessins d’architecture (à partir de 2 300 euros) que ses céramiques (14 500 euros) en plus des sculptures en béton plus connues (13 000 euros). Des ventes correctes qui permettent de couvrir les frais, sans plus, l’économie du partage de stand impliquant celui des bénéfices. Jocelyn Wolff remarque qu’après le vernissage, les choses étaient plutôt calmes : « un problème de taille sur ce salon (qui regroupe 200 galeries) pour un marché qui demeure local. » La jeune galerie londonienne Arcadia Missa présentait pour sa part plusieurs artistes de son programme et notamment une vidéo et des dessins d’Hannah Black ainsi que des petites sculptures de Jessie Darling, des pièces à moins de 5 000 euros. Rózsa Farkas, directrice de la galerie, se veut positive, « même si ce n’est pas suffisant en termes de business. »
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Art Cologne retrouve son lustre d’antan
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