Suisse - Foire & Salon

Art Basel remet les pendules à l’heure

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2024 - 834 mots

L’édition 2024 de la foire bâloise s’est terminée dimanche 16 juin, sur un bilan manifestement positif, dopé par les grandes galeries internationales.

Suisse. Et pendant ce temps-là, à Bâle… Dès les premières heures, les visiteurs ont afflué dans les allées d’Art Basel qui réunissaient cette année plus de 280 galeries venues de près de 40 pays différents. Il semble cependant que ce soit surtout les collectionneurs européens qui se sont déplacés et qu’il y ait eu un peu moins d’Asiatiques et d’Américains que d’ordinaire sur la foire. « L’essentiel de nos ventes a été conclu auprès de collectionneurs suisses, français et allemands, relate Anne Claudie Corric, directrice de la galerie Templon. Certains de nos plus fidèles collectionneurs américains ont préféré reporter leur voyage en Europe à octobre, au moment de l’inauguration du Grand Palais et d’Art Basel Paris. »

Un Mitchell vendu 20 millions de dollars

C’est à David Zwirner que revient le record de l’œuvre la plus chère de cette édition avec le diptyque Sunflowers (1990-91) de Joan Mitchell vendu 20 millions de dollars (en dessous cependant des 29,1 millions de dollars atteints en novembre 2023 par Untitled (Ca. 1959) chez Christie’s). Parmi les œuvres les plus chères qui ont trouvé preneurs : un tableau de Julie Mehretu, Untitled 2, 1999 (6,75 millions de dollars) ainsi qu’une toile de Mark Bradford, Clowns Travel Through Wires, 2013 (4,5 millions de dollars) sur le stand de la galerie White Cube. Une sérigraphie sur toile à la feuille d’or de Robert Rauschenberg, Market Altar / Roci Mexico, 1985 (3,85 millions de dollars) chez Thaddaeus Ropac. Une sculpture de Jannis Kounellis Untitled (Wooden Rose), 1966 (2,5 millions de dollars) sur le stand de la Gladstone Gallery. Un tableau d’Ellsworth Kelly (2 millions de dollars) chez Gray. Un Chirico tardif (pour un prix entre 1,2 et 1,6 million d’euros) par la galerie Tornabuoni… Une toile de Tom Wesselmann au cœur, l’automne prochain, d’une exposition que la Fondation Vuitton consacre au pop art (entre 2,5 et 2,8 millions de dollars) chez Almine Rech. Ou encore : cette jolie tranche de gâteau sous cloche peinte par Wayne Thiebaud, Sliced Pie Stand, 2017/2018 (2,25 millions de dollars) sur le stand de Pace.

Il semble donc que les sphères supérieures du marché demeurent solidement préservées. C’est le message officiel relayé par les galeries, qui attendaient cette édition d’Art Basel comme un rendez-vous important avec les collectionneurs, les musées et les différents conseillers. Tous ont répondu présents. « Au cours de deux décennies de participation à la foire, nous avons constaté une incroyable résilience pendant les périodes économiques difficiles, et cette année n’est pas différente. Cela témoigne de la position prestigieuse d’Art Basel sur le marché de l’art […], affirmait ainsi Isabella Icoz, associée à Londres de la galerie Lehmann Maupin. La foire a démarré sur les chapeaux de roue pour la galerie, avec le placement de plus de 15 œuvres auprès de collectionneurs et de musées du monde entier. » Le résultat, aussi, de beaucoup de travail en amont.

Le bilan des enseignes du premier étage était cependant plus mitigé, certains marchands notant que les collectionneurs sont partis plus tôt que d’habitude et que parmi eux, tous n’ont pas visité le niveau supérieur de la foire.

Tandis qu’une brise légère faisait onduler le champ de blé éphémère poussé sur la Messeplatz , hors sol (réactualisation in situ d’une œuvre emblématique d’Agnes Denes, Honouring Wheatfield - A Confrontation, 2024), à l’entrée du hall 1 se tenait la première édition de l’Art Basel Shop. Conçue par l’ancienne cofondatrice du concept store parisien Colette, la boutique proposait des skate-boards signés Cindy Sherman, parmi d’autres produits dérivés.

Des gadgets au regard des 70 œuvres hors normes présentées sur le secteur Unlimited dédié aux projets d’envergure, spécialité d’Art Basel qui mélangeait cette année des pièces d’artistes historiques – un mural de Keith Haring (Gladstone Gallery et Martos Gallery), une sculpture au sol de Carl André (Konrad Fischer), une installation sculpturale de Michel Journiac (Christophe Gaillard et Galerie 1900-2000)… – avec celles récentes de stars du marché, telle Yayoi Kusama, dont les citrouilles jumelles jaunes à pois noirs en bronze trônaient dans le hall, mais aussi d’artistes actuels en pleine ascension. Comme l’enceinte en fil de fer barbelé recouverte de perles de verre (Security Fence, 2005), caractéristique du travail de Liza Lou, dont on verra une installation au Brooklyn Museum à l’automne. La monumentale sculpture géométrique de Torkwase Dyson (Errantry,2024) rejoindra, quant à elle, le parc de sculptures brésilien de l’Instituto Inhotim, qui l’a acquise 380 000 dollars auprès des galeries Pace et Gray.

En dehors d’Unlimited, aucune démesure affichée : cette édition donnait une impression de sage retour aux fondamentaux, avec par exemple un somptueux paysage abstrait de Kandinsky sur le stand de Landau (Murnau mit Kirche II, 1910), des Picasso ici et là, de nombreux Magritte, entre autres chez Vedovi, quelques Dubuffet, notamment chez Applicat-Prazan, plusieurs Juan Gris, un tableau de Matisse chez Acquavella, etc. Autant de chefs-d’œuvre du second marché qui conféraient à la foire des allures de musée.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°636 du 21 juin 2024, avec le titre suivant : Art Basel remet les pendules à l’heure

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