BALE / SUISSE
S’appuyant sur une sélection de galeries toujours aussi rigoureuse, la foire gagne de nouveaux espaces en ville. La section Unlimited prend du volume.
Suisse. Art Basel précède une édition parisienne très attendue qui, en octobre prochain, se tiendra pour la première fois dans le Grand Palais rénové. Elle se déroule dans un marché de l’art, de l’avis général languissant. Cependant la concomitance de la Biennale de Venise devrait attirer en Europe de nombreux amateurs d’art étrangers qui circuleront entre l’Italie et la Suisse. Pour toutes ces raisons, observe la galeriste Nathalie Obadia, et parce que « les ventes se concentrent davantage sur des valeurs sûres que sur les nouvelles stars aux tendances spéculatives, les collectionneurs et responsables institutionnels viennent à Bâle pour y acheter des œuvres de qualité d’artistes reconnus. Par conséquent, Art Basel 2024 ne sera sans doute pas une édition où les “jeunes pousses” vont s’arracher – à l’exception des artistes présents à la Biennale de Venise ».
Avec deux cent quatre-vingt-six galeries de premier plan réunies par une sélection implacable, auxquelles s’ajoutent les soixante-dix projets hors normes de son secteur Unlimited – sans équivalent en Europe –, la promesse d’Art Basel demeure pour sa part immuable : aimanter pendant quelques jours les meilleurs marchands, les plus gros collectionneurs et les professionnels les plus influents du monde de l’art. La Foire réaffirme donc sa prééminence, tout en déroulant un programme renforcé, élargi à l’ensemble de la ville, jusqu’à l’œuvre monumentale de land art Honouring Wheatfield - A Confrontation (2024) d’Ágnès Dénes sur la Messeplatz, une super production toujours sous la direction de Samuel Leuenberger. Le secteur Parcours, repensé, dont le commissariat est assuré pour la première fois par Stefanie Hessler, se déploie le long de la Clarastrasse jusqu’au Middle Bridge, où Art Basel investit l’hôtel Merian afin d’offrir au public un point de ralliement animé.
Outre les secteurs Galleries, Feature, Statements et Edition, la Foire reprend pour la deuxième fois le principe d’un « Kabinett » dans les stands de certains exposants afin de mettre en lumière des projets spécifiques, conçus par des commissaires (cette édition en compte une vingtaine).
Le hall d’Unlimited (sous la houlette, pour la quatrième fois, de Giovanni Carmine, directeur de Kunst Halle Sankt Gallen), offre cette année encore aux marchands qui en ont l’ambition et les moyens la possibilité de présenter des installations à grande échelle. Comme Survival (1989) de Jenny Holzer, composée de 17 bancs en granit, déployée par Hauser & Wirth, et alors que l’artiste est à l’affiche du Musée Guggenheim de New York). Omniprésente sur Unlimited, la mégagalerie suisse y montre également Prologue (2017/2022) de Zoe Leonard, une œuvre photographique en quarante parties. On voit aussi des sculptures colossales, à l’image de Vertical Highways, une sculpture de six mètres de haut de Bettina Pousttchi, composée de glissières de sécurité déformées, adaptée, précise la galerie Buchmann qui la représente, « aux espaces intérieurs et extérieurs ». Ou des pièces rares, telle cette Wrapped 1961 Volkswagen Beetle Saloon (1963-2014) de Christo, version réactivée par l’artiste d’une Coccinelle emballée dans les années 1960.
Au rayon « peinture XXL », on peut citer Black Nile VII du pionnier de l’abstraction Al Held, une toile gigantesque aux géométries monochromes créant une sorte d’illusion d’optique (White Cube). La sélection comporte également quelques projections et installations vidéo de grande envergure, telles que l’iconique Farewell, Spring and Autumn Pavilions de Wu Tien-Chang (galerie Tina Keng). Autant d’œuvres pour lesquelles les discussions ont sans doute commencé en amont de la Foire, laquelle reste cependant un lieu privilégié de rencontres et d’échanges. Une dimension essentielle, comme le souligne le galeriste Daniele Balice : «Nous n’envoyons que peu de dossiers en avant-première et nous essayons de convaincre les clients d’engager une conversation sur le stand. Plus que jamais, nous avons besoin de reconstruire une communauté qui aime vraiment parler d’art. »
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À Bâle, Art Basel vise toujours plus haut
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : À Bâle, Art Basel vise toujours plus haut