Suisse - Foire & Salon

Art Basel, incontournable

Par Anne-Cécile Sanchez · L'ŒIL

Le 28 mai 2024 - 821 mots

BALE / SUISSE

La plus importante foire d’art moderne et contemporain d’Europe ouvre à nouveau ses portes à Bâle. 286 galeries de 40 pays y exposent, dont une vingtaine de nouvelles recrues.

Art Basel 2017 entrée - Photo Ludovic Sanejouand
Entrée d'Art Basel.
© Ludovic Sanejouand

L’édition suisse d’Art Basel créée en 1970 reste, en Europe, la plus importante par sa taille. Elle réunit 286 galeries, provenant de 40 pays différents – une centaine de plus que sa petite sœur Paris+ qui se tiendra cet automne. Ces enseignes triées sur le volet couvrent un spectre historique qui va des maîtres de l’art moderne ayant marqué le XXe siècle aux artistes contemporains émergents apparus ces dernières années. Afin de renouveler sa sélection sans en entamer la réputation d’exigence, la foire annonce la présence d’une vingtaine de nouveaux exposants. Cinq d’entre eux – Karma (Los Angeles, New York), Tina Keng Gallery (Taipei), Madeln Gallery (Shanghai), Mayoral (Paris, Barcelona) et Yares Art (New York, Santa Fe) – font leur entrée directement sur le secteur principal, tandis que Feature, dédié aux présentations historiques, accueille onze nouvelles galeries et que Statements, réservé aux solos, compte dix galeries qui n’ont encore jamais pris part à une édition d’Art Basel, comme la parisienne Anne-Sarah Bénichou (celle-ci met en avant le travail de Juliette Minchin).

Un parcours dans la ville

Art Basel se distingue également par son secteur Unlimited, rassemblant des œuvres hors normes, par leur dimension ou leur dispositif. On y voit par exemple aussi bien l’installation sculpturale in situ d’Anna Uddenberg, ­Premium Economy (2023-2024), que la réactivation d’une performance multimedia de Faith Ringgold, The wake and the Resurrection of the Bicentennial Negro (1976), un mural de Keith Harring ou encore une pièce vidéo immersive de l’artiste chinois Lu Yang – pour ne citer que quelques-unes des 70 œuvres proposées. Enfin, pour renforcer son attractivité dans une ville moins riche en musées et en galeries que ne l’est Paris, Art Basel développe davantage encore son offre d’évènements collatéraux. Ainsi le secteur Parcours, qui se déploie le long de la Clarastrasse prend des allures d’exposition en plein air et s’aventure jusque dans des espaces commerciaux. Tandis que la foire investit jour et nuit l’hôtel Merian, avec un programme d’animations propres à divertir les collectionneurs venus du monde entier, sans oublier les plus jeunes des visiteurs, auxquels la section Film propose des séances spéciales « dès l’âge de quatre ans ».

Peter Halley Maruani Mercier (Bruxelles, Knokke, Zaventem), entre 500 000 et 1 million €

La galerie belge fait son entrée à Art Basel dans le secteur Feature avec un focus sur le prolifique peintre américain Peter Halley (né en 1953). Très photogénique, l’œuvre de l’artiste évolue depuis ses débuts dans le cadre d’une abstraction géométrique nourrie de références à l’architecture et à l’histoire de l’art, mais aussi de réflexions philosophiques sur les structures de contrôle et l’avènement des espaces numériques aseptisés.


Juliette Minchin Anne-Sarah Bénichou (Paris), 25 000 €

C’est avec un solo de Juliette Minchin (née en 1992) que la galerie parisienne fait ses débuts à Bâle. Cette pièce spectaculaire, en cire et laiton, met en évidence la dimension olfactive des œuvres de l’artiste, mais aussi ses recherches récentes sur les drapés, dans un travail qui va de la sculpture à l’installation, en passant par la performance, la vidéo et le dessin. Juliette ­Minchin bénéficie cet été d’une une exposition personnelle au Museo Sant’ Orsola à Florence (« Rivelazioni », du 28 juin au 27 octobre).


Antoni Tapies Mayoral (Paris, Barcelone), prix des œuvres exposées sur le stand entre 150 000 € et 1,5 million €

Au début des années 1970, l’œuvre de Tapies (1923-2012) fait référence à la dictature franquiste : le sujet de cette peinture non figurative est politique. Par l’action du frottage, le cadre du châssis évoque une image carcérale, tandis qu’une paire de menottes est fixée à l’une de ses barres horizontales. Le motif de la grille, caractéristique de l’abstraction moderne, prend ainsi une inflexion dramatique, sans pour autant verser dans l’illustration.


Viyé Diba OH Gallery (Dakar), entre 150 000 et 250 000 €

Né au Sénégal en 1954, Viyé Diba, dont les œuvres figurent dans plusieurs collections publiques (notamment celle du Centre Pompidou), est une figure emblématique de l’art moderne africain. Il vit et travaille à Dakar où il a fondé un lieu de création et de recherche. Le langage,à mi-chemin entre la peinture (acrylique sur toile) et la sculpture, mêle divers éléments, bois, grillage et rabbal (tissu traditionnel en cotonnade) et est inspiré par une réflexion sur l’histoire coloniale.


Ernst Yohji Jaeger Croy Nielsen (Vienne), prix entre 20 000 et 32 000 €

Il est trop tôt encore pour dévoiler les tableaux d’Ernst Yohji ­Jaeger (né en 1990) qui, tout juste sortis d’atelier, seront présentés en focus sur le stand de la galerie autrichienne dans le cadre du parcours Kabinett. Mais on sait que le peintre (qui a bénéficié d’une exposition personnelle au Consortium à Dijon, en 2023) cultive un style plein de mystère et de délicatesse, inspiré de Cézanne, Degas ou Redon mais aussi du réalisme magique, dont cette toile offre une parfaite illustration.

À voir
Art Basel,
Messe Basel, Messeplatz 10, Bâle, (Suisse), ouverture au public du 13 au 16 juin.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : Art Basel, incontournable

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