Suisse - Foire & Salon

Bâle, un survol des galeries avant l’ouverture

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 5 juin 2024 - 905 mots

BALE / SUISSE

Les exposants mettent l’accent sur leurs valeurs sûres, soit des artistes historiques et contemporains bénéficiant d’une actualité institutionnelle.

Des œuvres de Tania Pérez Córdova (1er plan) et de Jean-Michel Sanejouand (Espace-Peinture et Charge-Objet) sur le stand d'Art : Concept à Art Basel 2024
Des œuvres de Tania Pérez Córdova (1er plan) et de Jean-Michel Sanejouand (Espace-Peinture et Charge-Objet) sur le stand d'Art : Concept à Art Basel 2024
Courtesy des artistes et d'Art : Concept, Paris

Suisse. Avec un nombre constant de galeries (286 contre 284 l’an dernier), Art Basel entend offrir un panorama du meilleur de l’art en circulation – peinture, sculpture, photographie et œuvres numériques – des pionniers du XXe siècle aux artistes les plus contemporains. L’édition suisse de la foire reste, en Europe, la plus importante par sa taille – avec une centaine de galeries de plus que la session 2024 de Art Basel Paris. La foire annonce la présence d’une vingtaine de nouveaux exposants de tous horizons géographiques, soit un taux de renouvellement raisonnable qui maintient son image de marque select. Les cinq à faire leur entrée directement sur le secteur principal sont Karma (Los Angeles, New York), Madeln Gallery (Shanghai), Mayoral (Paris, Barcelone), Yares Art (New York,Santa Fe) et la Tina Keng Gallery (Taipei), la première galerie taïwanaise. Son offre embrasse l’art moderne et contemporain chinois, du moderniste Yun Gee au contemporain Su Xiaobai (prix de 8000 à 850 000 dollars).

Sur le stand de Mayoral (Paris, Barcelone), où l’on verra notamment un Tàpies [voir ill.] Pintura amb manilles (Peinture avec Menottes, une peinture non figurative et cependant très politique), les prix sont compris entre 150 000 et 1,5 million d’euros. Art Basel cultive la rareté et l’excellence, deux caractéristiques du luxe. C’est le bon endroit pour montrer des œuvres aux pedigrees fameux, comme pour valider un artiste émergent. Acquavella joue dans la première catégorie, avec notamment une toile de Georges Braque, Mandoline à la partition (1941), emblématique des recherches cubistes du peintre. C’est aussi le cas de Thaddeus Ropac, qui aligne quelques chefs-d’œuvre, tel Lapis Lazuli, 1994 de Sigmar Polke (3,5 M€) ou un bronze de Georg Baselitz, Dresdner Frauen – Die Elbe (2 M€). Applicat-Prazan place pour sa part l’œuvre de Jean-Paul Riopelle en majesté avec une peinture éclatante de couleurs de sa série « Drips », datant du début des années 1950.

De 4 000 euros à 1 million d’euros

Parmi les enseignes multinationales, Hauser & Wirth présente un « programme intergénérationnel » avec des productions tout juste sorties d’ateliers d’artistes en vogue (Rashid Johnson, Nicolas Party…), mais aussi des pièces contemporaines, notamment de Mark Bradford. Sans oublier quelques œuvres de maîtres historiques, de Hans Arp et Alina Szapocznikow à Philip Guston ou Fausto Melotti. Maruani Mercier (Bruxelles, Knokke, Zaventem), débute à Art Basel sur Feature avec un focus sur le prolifique Peter Halley (né en 1953). La galerie belge affiche des prix entre 500 000 et 1 million d’euros. Ce secteur dévolu aux présentations historiques accueille onze nouveaux marchands, comme la OH Gallery (Dakar) qui se concentre sur Viyé Diba, figure de l’art moderne africain ; ou Almeida & Dale (São Paulo) venu avec un choix d’œuvres de Heitor dos Prazeres (1898-1966), essentiellement des peintures réalisées dans les années 1950 et 1960 (de 100 000 à 300 000 dollars). Thomas Brambilla (Bergame) présente un ensemble de photographies de Klaus Rinke donnant à voir son vocabulaire de gestes et de formes (de 10 000 à 80 000 euros).

Pour certaines galeries, 100 000 euros est un minimum, quand d’autres se situent en deçà de ce plafond. Art : Concept (Paris) expose ainsi quelques trouvailles, comme un Charge-Objet de 1963 de Jean-Michel Sanejouand et de nouvelles œuvres de Tania Pérez Córdova [voir ill.], Ulla von Brandenburg, Nina Childress, Corentin Grossmann… (de 4 000 à 80 000 €). Pour sa première année dans la section principale, Crèvecœur (Paris) rassemble des œuvres inédites de cinq de ses artistes : Sol Calero, Shana Moulton, Martine Bedin, Yu Nishimura et Louise Sartor (entre 10 000 et 100 000 euros).

Cette édition compte, majoritairement sur le secteur principal, une vingtaine de marchands français (quasiment tous basés à Paris). Sur Statements, réservé aux solos, parmi les dix galeries qui n’ont encore jamais pris part à Art Basel, on trouve Anne-Sarah Bénichou (laquelle invite à découvrir l’univers de Juliette Minchin, dont un spectaculaire Vitrail en cire et laiton souligne la dimension olfactive (environ 25 000 €). Sur Feature, la jeune galerie parisienne Sans titre recrée l’atelier qu’Ezio Gribaudo occupait à Turin dans les années 1970.

Sur le secteur principal, Nathalie Obadia entend mettre en avant des artistes dont la reconnaissance est acquise : David Reed, Laure Prouvost, Fabrice Hyber… avec d’autres déjà inscrits dans l’histoire de l’art comme Shirley Jaffe ou Wang Keping. « Et nous avons aussi décidé d’exposer pour la première fois l’artiste indien Viswanadhan », précise la galeriste. Chez Lelong & Co, on verra une impressionnante peinture rouge de Günther Förg datée de 1998, provenant de la succession, en dialogue avec une grande composition de plomb et de fer de Jannis Kounellis et une pièce murale en bois peint de Leonardo Drew. Air de Paris montrera notamment une œuvre phare de Dorothy Iannone (All, 1967, 200 000 €). Frank Elbaz, à côté d’un tableau textile de Sheila Hicks (environ 300 000 dollars), place d’étonnantes céramiques minérales de Machiko Ogawa. « En cette année de Biennale, on voit à Bale un public très international qui se déplace en Europe à l’occasion de cet événement », remarque-t-il.

À cet égard, les échos à la Biennale de Venise ne manquent pas sur la foire : d’une impression sur papier de Pierre Huyghe (actuellement exposé à la Pointe de la Douane), chez Esther Schipper, aux pièces d’Anna Maria Maiolino, récompensée par le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière sur le stand d’Hauser & Wirth. OSL Contemporary, venue d’Oslo pour la première fois, expose la série « Forbidden Prayers » (prières interdites) d’Ahmed Umar, dans le prolongement de sa présentation actuelle à l’Arsenale.

ART BASEL,
du 13 au 16 juin 2024, Messe Basel, Messeplatz 10, 4058 Bâle, Suisse.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°635 du 7 juin 2024, avec le titre suivant : Bâle, un survol des galeries avant l’ouverture

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