BÂLE / SUISSE
La foire bâloise n’en finit pas de revoir sa sélection internationale et d’affiner son concept. Cette année, le changement vient du secteur « Feature », désormais dévolu aux présentations historiques et repositionné au cœur de la foire.
Bâle (Suisse). Art Basel est-elle toujours la foire d’art la plus importante au monde ? Avec la création récente de Paris+ par Art Basel, certains peuvent mettre en doute cette suprématie, en faisant valoir les atouts de la capitale française dont l’offre culturelle est plus riche, le choix d’hôtels plus varié, tout comme celui des restaurants et des boutiques de luxe… Cependant, « aussi longtemps que la marque “Art Basel” aura décidé que c’est à Bâle que cela se passe, cela continuera à être le cas », tranche un membre du comité de sélection. Ce choix stratégique ne semble pas devoir être remis en question pour le moment. Au total, 284 galeries ont été sélectionnées pour cette nouvelle édition, ce qui est évidemment beaucoup plus – quasiment le double – que les 154 enseignes annoncées pour Paris+ en octobre. Cette ampleur reste l’apanage de la foire bâloise, laquelle, en conservant son attractivité, maintient le niveau d’exigence qui en est le corollaire (la liste des élues compte cinq galeries de moins qu’en 2022). Il s’agit tout simplement de rassembler les meilleurs marchands du moment, et ce, sans la coloration « nationale » que cultive la version parisienne.
Comme l’an dernier, Art Basel accueille une vingtaine de nouveaux arrivants. Parmi les 21 galeries qui font leur entrée sur la foire, seules trois intègrent directement le secteur principal : Blank Projects (Le Cap, Afrique du Sud), Empty Gallery (Hongkong), Offer Waterman (Londres). Cette vingtaine d’enseignes provient du monde entier : Europe, Afrique, Asie, Amérique du Nord et Amérique du Sud. « Feature » et « Statements » permettent de tester de nouveaux postulants, et neuf galeries qui figuraient dans l’un de ces deux secteurs les années précédentes sont admises sur le secteur principal (lequel compte en tout 240 exposants contre 234 en 2022). Toutes ces enseignes montées en grade (Clearing, Croy Nielsen, Hamiltons, Jan Kaps, Galerie Knoell, Mor Charpentier, Galleria Lorcan O’Neill, Deborah Schamoni, Galerie Barbara Thumm) sont basées en Europe, qu’elles en soient originaires ou qu’elles y aient ouvert des antennes, et, de manière générale, on note une forte présence des galeries européennes sur la foire (dont 20 galeries françaises).
Des pionniers de l’art moderne aux plasticiens les plus actuels, le spectre d’Art Basel entend couvrir l’art des XXe et XXIe siècles. Mais plusieurs changements significatifs sont apportés cette année au secteur « Feature ». Celui-ci devient exclusivement consacré aux présentations historiques et, de façon très symbolique, ses exposants ne sont plus distribués en périphérie des allées mais placés au centre de l’espace. Une façon de mettre le second marché au cœur de la foire, tout en resserrant la sélection de ce secteur qui compte dix enseignes de moins que l’année dernière (16 contre 26) et qui est renouvelé pour moitié avec huit nouveaux arrivants.
Autre nouveauté sur la foire, l’introduction du secteur « Kabinett » ; celui-ci existe déjà à Miami Beach et Hongkong, invitant les exposants à proposer dans le cadre même de leur stand un focus sur une œuvre ou un(e) artiste.
La formule de « Statements » reste la même avec 18 solo shows présentés par des galeries, dont dix participent pour la première fois, tandis que la dimension inédite et immersive des projets retenus est mise en avant. Comme chaque année, le prix Baloise (doté de 30 000 CHF pour chaque lauréat, soit un peu moins de 31 000 €) récompensera deux artistes présentés sur ce secteur, dont les œuvres acquises par Baloise Group feront l’objet de donations à des musées européens de premier plan avec, à la clef, la programmation d’une exposition monographique.
Consacré aux œuvres hors norme, « Unlimited » en réunit 76 cette année. On note que certains projets sont soutenus par trois, voire cinq galeries différentes (ainsi de la production de l’œuvre de Jean-Marie Appriou, pour lequel Clearing, Massimo de Carlo, Jan Kaps, Perrotin et Eva Presenhuber ont uni leurs efforts). Quand de grosses structures telles que Continua, Gagosian, Hauser & Wirth, Konrad Fischer, Pace ou Zwirner sont pour leur part présentes à travers plusieurs projets. Le secteur mélange des œuvres historiques et des pièces récentes, quelques-unes produites spécifiquement. Auxquelles il faut ajouter la vingtaine d’œuvres installées dans l’espace public dans le cadre de « Parcours ». Eh oui, ces gens qui balaient en fredonnant ou en chantant à haute voix font bien partie du spectacle : les visiteurs sont invités, avec cette performance d’Olaf Nicolai intitulée Ménage de la maison (2022) et activée sur « Unlimited » (Galerie Eigen+Art, Berlin), à ralentir et à regarder ce qui se passe autour d’eux.
Enfin c’est à Latifa Echakhch, basée depuis plusieurs années en Suisse, à Vevey, qu’il revient d’accueillir le public de la foire par une installation sur la Messeplatz. L’artiste, qui s’était vu confier le pavillon helvète lors de la 59e Biennale de Venise en 2022, a conçu pour Art Basel une structure tentaculaire qui sert de toile de fond à une programmation de concerts et performances en collaboration avec Luc Meier, le directeur de la résidence d’artistes La Becque. Entre deux actes musicaux, on peut simplement s’y installer pour faire une pause.
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Art Basel, la recherche permanente de l’excellence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Art Basel, la recherche permanente de l’excellence