Royaume-Uni - Ventes aux enchères

Angleterre, annulation d’une vente de restes humains

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 11 octobre 2024 - 452 mots

La mise aux enchères de crânes et têtes rétrécies a suscité de nombreuses condamnations.

Tête réduite ornée de cornes (XIXe siècle) du peuple Naga (Inde et Myanmar)  qui devait être mise en vente en Angleterre. © Swan Auction
Tête réduite ornée de cornes (XIXe siècle) du peuple Naga (Inde et Myanmar) qui devait être mise en vente en Angleterre.
© Swan Auction

La vacation de restes humains, de têtes rétrécies et de crânes, prévue par la maison de ventes britannique Swan, a été annulée après avoir provoqué des critiques virulentes pour son caractère « éthiquement problématique ». Tom Keane, commissaire-priseur et propriétaire de la maison de vente aux enchères, a confirmé que les lots avaient été retirés.

Au total, deux douzaines de restes humains ont été retirés, dont une tête rétrécie Tsantsa du XVIIIe siècle estimée entre 20 000 et 25 000 livres sterling (environ 23 000 et 28 500 €), rapporte CNN. Parmi les lots se trouvaient des têtes rétrécies du peuple Jivaro en Amérique du Sud, des crânes du peuple Ekoi d'Afrique de l'Ouest et un crâne humain surmonté de cornes (XIXe siècle) du peuple Naga (Inde et Myanmar), a rapporté la BBC. Les objets proviennent d’un grand nombre de communautés issues du monde entier : Naga, Shuar, Dayak, Kota, Fon, communauté vili, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Niger, Congo, Équateur, Bénin.

Tête réduite ornée de cornes (XIXe siècle) du peuple Naga (Inde et Myanmar) © Swan Auction
Tête réduite ornée de cornes (XIXe siècle) du peuple Naga (Inde et Myanmar) qui devait être mise en vente en Angleterre.
© Swan Auction

La vente aux enchères a été suspendue après l’intervention du Forum for Naga Reconciliation (FNR), une association indienne de l’ethnie Naga. Le FNR a estimé que la vente de restes humains allait à l’encontre de l'article 15 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) selon laquelle « Les peuples autochtones ont droit à la dignité et à la diversité de leurs cultures, leurs traditions, leurs histoires et leurs aspirations. »

La vente a aussi été critiquée à cause de la provenance des objets, étroitement liée à la colonisation britannique. Neiphiu Rio, le ministre indien de l’État du Nagaland, a condamné « un acte de déshumanisation et de violence coloniale », et il a demandé à S. Jaishankar, le ministre des Affaires étrangères indien, d’intervenir auprès du gouvernement britannique pour stopper la vente. Laura Van Broekhoven, la directrice du Pitt Rivers Museum d’Oxford, qui possède une grande collection d’artefacts autochtones, a également condamné la vente et l’a qualifiée « d’éthiquement très problématique » pour de nombreuses communautés dans le monde entier.

La FNR a demandé que les artefacts soient restitués à leurs communautés respectives. « Nous contactons actuellement les communautés qui ont ces restes humains et elles peuvent nous dire comment elles aimeraient que nous en prenions soin ou si elles aimeraient qu’ils soient rapatriés », a déclaré Van Broekhoven à la BBC.

Des objets semblables ont été retirés du Pitt Rivers Museum en septembre 2020. En tout, 20 objets contenant des restes humains ont été retirés ainsi que 71 autres objets non biologiques qui se trouvaient dans les mêmes salles d’expositions, rapporte CNN. Le musée compte 500 000 objets acquis entre 1884 et 1936, dont beaucoup ont été collectés pendant la colonisation britannique.
 

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque