Le salon dédié à la photo poursuit sa mue. Elle accueille cette année des galeristes de tous horizons, penchant encore davantage du côté de l’art contemporain.
L’an dernier Paris Photo avait entamé l’écriture du deuxième tome de son histoire et affirmé en Europe sa position de leader parmi les foires de photographie. Nouveau lieu, nouvelle direction et participation de puissantes galeries – notamment américaines – jamais encore vues à la foire, avaient signé l’édition qui s’était aussi élargie à une plateforme de débats et à une programmation d’expositions concentrées sur les acquisitions récentes de trois institutions et sur une collection privée. Le focus sur les livres photo lui-même s’était agrandi, attirant plus d’éditeurs, plus d’expositions et de prix du livre Paris Photo, à l’origine encore d’autres événements, d’autres contenus. Le virage amorcé en 2011 se poursuit cette année : on relève une augmentation du nombre de galeries (128 contre 117 l’an dernier, 327 candidatures contre 250) et du nombre d’éditeurs photos et de libraires (23 contre 18), mais également un renforcement de la proportion de galeries spécialisées en art contemporain avec l’arrivée, aux côtés des poids lourds du marché que sont Gagosian, Fraenkel et Pace/Macgill, de la galerie David Zwirner et le retour de Karsten Greve et Jérôme de Noirmont pour ne citer qu’elles. Une réapparition que la galerie Jérôme de Noirmont, après douze ans d’absence, explique par « l’évolution de la foire vers l’art contemporain ». Discours identique, teinté d’enthousiasme également chez Jérôme Poggi, nouvel entrant et jeune galeriste : « Le développement spectaculaire de la foire tant en qualité des participants que des stands et son inscription de plus en plus nette dans le champ de l’art contemporain m’ont convaincu de la rejoindre ».
Un relooking efficace
Depuis le déménagement l’an dernier au Grand Palais et la nomination de Julien Frydman à la direction de Paris Photo, la foire a évolué, changé d’allure, trouvé « une nouvelle force, une nouvelle perception » qui a incité des galeries de tous âges à se porter à leur tour candidates pour cette seizième édition. Telles Cherry and Martin (Los Angeles), Parrotta (Stuttgart), Christophe Guye (Zurich), Filomena Soares (Lisbonne) ou Jousse Entreprise, toutes spécialisées en art contemporain et nouveaux participants sur les trente-six enseignes qui ont rejoint pour la première fois cette année Paris Photo. Au point de susciter chez d’autres galeristes purement consacrés à la photo la crainte que la foire ne devienne une Fiac bis dédiée à cet art, autrement dit une foire où tous les genres de la photographie ne seraient progressivement plus représentés. Un argument que réfute Julien Frydman. « Paris Photo reste fidèle à son offre diversifiée, du XIXe siècle à la création moderne et actuelle ».
Avec effectivement pour le XIXe siècle et début du XXe siècle, aux côtés des traditionnelles galeries Hans P. Kraus (New York), Howard Greenberg (New York) et Daniel Blau (Munich), le retour de la galerie Robert Hershkowitz (Londres) spécialisée dans la photographie européenne d’avant 1860. « Quand une galerie peut s’inscrire dans une foire très spécialisée, elle le fait », rappelle Julien Frydman tout en reconnaissant « le nombre croissant de galeries généralistes en raison de leurs évolutions et des décloisonnements des pratiques des artistes ». Et le directeur de Paris Photo de préciser qu’il ne « fixe ni paramètres ni quotas aux membres du comité de sélection ». Comité composé de Guido Costa (Turin), Howard Greenberg (New York), Tim Jefferies (Hamiltons, Londres), Françoise Paviot (Paris), Timothy Persons (TaiK Gallery, Helsinki) et Renos Xippas rejoints en février 2102 par Yossi Milo (New York) et Thomas Zander (Cologne).
Participation discrète des Français
Il reste que la proportion de galeries françaises au nombre de 41 (soit 32 % du total des galeries provenant de 22 pays) demeure inchangée, les États-Unis avec 28 enseignes (22 %) et l’Allemagne avec 18 galeries (14 %) renforçant toutefois leur présence. À noter toutefois l’absence pour la première fois de la galerie 1900-2000 dont l’an dernier le stand livrait une véritable exposition Bellmer. « Si la foire a évolué de manière fantastique en qualité, le public français n’a pas évolué et le nombre de visiteurs étrangers demeure limité. J’ai vu l’an dernier les mêmes collectionneurs que lorsque j’étais au Louvre, ce qui ne fut pas le cas lors de notre première participation à Frieze Masters », confie le galeriste David Fleiss qui devrait, en revanche, participer à la première édition de Paris Photo à Los Angeles qui se tiendra du 25 au 28 avril dans les studios de Paramount Pictures. Quant à la présence une nouvelle fois limitée de photographes ou artistes français à la foire, autre critique formulée envers Paris Photo, Julien Frydman précise que leur « quantité est loin d’être négligeable » – une liste d’ailleurs a été pour la première fois établie pour le prouver. Et le directeur de Paris Photo d’ajouter que « la question dépasse la foire qui assure une bonne représentation des galeries françaises. Les galeries font leur choix. La question en revanche se pose à un autre niveau. A-t-on en France les institutions qui défendent leurs artistes nationaux ? » Et des galeries assez puissantes pour assurer une bonne représentation ?, a-t-on envie d’ajouter.
Du 15 au 18 novembre, au Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, tlj 12h-20h
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Paris Photo prend de l’envergure
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Vue de Paris Photo 2012 - Grand Palais - Paris © photo Ludosane
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°378 du 2 novembre 2012, avec le titre suivant : Paris Photo prend de l’envergure