Art ancien

Lille (59) - Palais des beaux-arts

Louis Boilly, le retour en grâce

Jusqu’au 6 février 2012

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 20 décembre 2011 - 371 mots

LILLE

LILLE [01.01.12] - Grand maître d’un petit genre, Louis Boilly (1761-1845) est enfin honoré à la hauteur de son talent. Avec quelque cent quatre-vingt-dix œuvres réunies dans le cadre de cette première exposition monographique – rien n’avait été fait avec cette ampleur depuis… 1930 –, le Palais des beaux-arts de Lille rend hommage à l’un des meilleurs représentants de l’art de la scène de genre en France.

Très connu de son vivant, apprécié des amateurs, Boilly aura toujours souffert d’une réputation de peintre trop « commercial ». Il en est en partie responsable : n’hésitait-il pas à écrire, dans le livret du Salon accompagnant l’exposition de ses tableaux, que ses portraits étaient peints en deux heures de temps ?

De fait, il en reste aujourd’hui pléthore. Mais son talent ne s’est pas limité à cette pratique lucrative. Entré dans la carrière alors que la Révolution s’annonçait, Boilly affirme rapidement un penchant pour la scène de genre, signant quelques compositions frivoles dans l’esprit de Fragonard, fruit de la commande très précise de l’un de ses premiers clients.

Emporté dans la tourmente révolutionnaire, il s’essaie au grand genre, signant quelques compositions d’histoire, dont un Triomphe de Marat. Mais Boilly n’est guère à l’aise dans l’héroïsme. Si la foule l’inspire, c’est davantage pour la multiplicité de visages et de postures qu’elle offre à peindre. En peintre du Nord, Boilly soigne les détails, les physionomies – voie qu’il poursuivra avec ses caricatures et têtes d’expression –, mais aussi les scènes ancrées dans la vie de son époque. Il faut dire que les changements sont rapides, en ce siècle qui voit les régimes se succéder et au cours duquel la bourgeoisie exprime plus que jamais son goût pour la légèreté.

Dessinateur minutieux, Boilly produit une peinture léchée, séduisant ainsi les amateurs de belle facture, mais sait aussi jouer sur les effets de surprise.  L’exposition offre ainsi à voir quelques très beaux morceaux de peinture, dont les tableaux issus de la série des « Ateliers », mais aussi la très aguicheuse Scène de billard, venue de Saint-Pétersbourg. Elle replace à son niveau, dans l’histoire de l’art, ce peintre virtuose et facétieux.

Voir « Boilly (1761-1845), rétrospective »

Palais des beaux-arts, place de la République, Lille (59), www.pba-lille.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°642 du 1 janvier 2012, avec le titre suivant : Louis Boilly, le retour en grâce

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