Art contemporain

Le « voyage à Nantes » cultive son exemplarité

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 8 juillet 2021 - 396 mots

NANTES

La dixième édition de la manifestation estivale continue à parier sur l’audace dans une approche grand public.

Nantes, Saint-Nazaire.Il y a dix ans, partant du constat que « Nantes n’est pas une ville de patrimoine »,Jean Blaise, le directeur du développement culturel et touristique de la ville, imaginait un programme de festivités estivales faisant la part belle à la création dans les arts visuels. De l’art dans la rue ? le concept est devenu banal, à ceci près que chaque année Jean Blaise peaufine une manifestation qui a su allier divertissement populaire et art contemporain, une manifestation destinée à la fois aux habitants et aux touristes. L’édition 2021 du « Voyage à Nantes » confirme à nouveau la pertinence du modèle nantais. Prenons Le Naufrage de Neptune, une œuvre d’Ugo Schiavi. Le jeune sculpteur (34 ans) a posé sur la fontaine de la Place royale une immense carcasse rouillée de navire. L’effet visuel ne laissera personne indifférent, et certains spectateurs ne manqueront pas de s’interroger sur son sens : un rappel de l’histoire portuaire de la ville, la symbolique du naufrage… Autre exemple dans un registre plus participatif : l’agence d’architecture nantaise Titan a installé sur la grande place Graslin une piste circulaire où l’on pourra faire du roller, sans autre prétention intellectuelle. Laurent Le Deunff (44 ans), lui, veut surprendre et faire sourire avec une installation figurant un castor sur un arbre, un thème qu’il a tiré d’un ouvrage médiéval.

Le Voyage à Nantes n’oublie pas ses origines, « Estuaire Nantes – Saint-Nazaire », soit une collection d’œuvres d’art pérennes installées sur les rives de la Loire. Cette année Daniel Dewar et Grégory Gicquel ont posé sur une plage une 33e œuvre, constituée en particulier d’un immense pied en béton.

Le festival est aussi l’occasion pour les lieux d’art de la ville d’organiser des expositions, à l’instar de Gilles Barbier à la HAB Galerie ou de Romuald Hazoumè au château des ducs de Bretagne. De son côté, Bianca Bondi (née en 1986 à Johannesburg) a littéralement envahi les espaces du Temple du Goût, un ancien hôtel particulier, avec des substances qui embaument. Et, puisque l’on parle de senteurs, les Nantais (et les autres) sont invités à choisir quelle fragrance, parmi trois parfums (au château des ducs de Bretagne), deviendra en quelque sorte le parfum officiel de la manifestation, mis en vente dès novembre. Une initiative qui a du jus et devrait faire école.

Le Voyage à Nantes,
jusqu’au 12 septembre, lieux multiples en ville et hors centre, à Nantes et Saint-Nazaire, www.levoyageanantes.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°571 du 9 juillet 2021, avec le titre suivant : Le « voyage à Nantes » cultive son exemplarité

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