NANTES
Le coût de la ménagerie mécanique a augmenté de 50 % pour atteindre 52 millions d’euros.
L’Arbre aux hérons peine à prendre racine. Estimée en 2012 à 35 millions d’euros, la construction de cette structure végétalisée de 1 000 tonnes d’acier, portée par la métropole de Nantes (PS) et la compagnie de théâtre de rue La Machine, à l’origine de la ménagerie mécanique des Machines de l’île, voit sa facture s’alourdir de 17 millions d’euros, pour un budget total de 52,4 millions d’euros hors taxe, et son ouverture repoussée de cinq ans, à l’horizon 2027, au terme de trois ans d’études techniques.
L’écart entre le nouveau budget et les premières estimations du coût de l’Arbre, il y a dix ans, « s’explique par l’enjeu technique, technologique et l’évolution du projet » selon Fabien Roussel, maire (PS) de la Chapelle-sur-Erdre et premier vice-président de Nantes Métropole.
Après le Grand Éléphant et la Galerie des Machines en 2007, le Carrousel des mondes marins cinq ans plus tard, l’Arbre aux hérons, en gestation depuis plus de vingt ans, sera la troisième sculpture-manège imaginée par François Delarozière, directeur artistique de La Machine, en collaboration avec Pierre Orefice. Inspiré par les mondes de Jules Verne et de Léonard de Vinci, l’Arbre aux hérons s’élèvera à 35 mètres de hauteur pour un diamètre de 55 mètres. Au sommet, un héron de 16,5 mètres d’envergure pourra embarquer jusqu’à 18 personnes pour des vols circulaires de 5 minutes à 40 mètres au-dessus du sol.
Avant d’atteindre la cime de l’arbre, le visiteur devra gravir l’escalier à double révolution situé à l’intérieur du tronc distribuant par paliers l’accès aux 17 branches (contre 22 à l’origine), lesquelles accueilleront des jardins suspendus mais surtout un bestiaire mécanique composé, entre autres d’une araignée, d’une chenille arpenteuse, d’un paresseux ou encore d’un colibri.
Cette structure monumentale, d’une capacité de 400 personnes, doit en principe être implantée sur le site de l’ancienne carrière Miséry de Chantenay, en bord Loire, dans les quartiers ouest de la cité des ducs de Bretagne.
Le financement de l’Arbre aux hérons repose sur un tiers de fonds provenant de Nantes métropole, un tiers de partenaires publics (État, Région des Pays de la Loire, Département de Loire-Atlantique, aides européennes) et un dernier tiers de mécènes privés. La métropole a de son côté déjà engagé 6 millions d’euros durant le mandat précédent, et 11,5 restent à ce jour à financer. « Nous considérons, au regard de l’enjeu et de l’importance du projet, que c’est un investissement tout à fait raisonnable pour la Métropole », temporise Fabien Roussel. La conception et la réalisation de l’Arbre avaient coûté près de 40 millions d’euros.
L’annonce de ces chiffres, le 9 juillet dernier, a fait bondir les élus, tant de l’opposition que de la majorité, lesquels réclament depuis maintenant plusieurs années davantage de transparence sur ce projet. Mahel Coppey, 15e vice-présidente de Nantes Métropole et co-présidente du groupe écologiste et citoyen, juge que les études techniques présentées « ne répondent aucunement aux multiples questions soulevées par les écologistes depuis maintenant plusieurs années ». « Un surcoût de plus de 40 %, passant à date de 35 millions à plus de 52,4 millions d’euros est acté, sans aucune explication tangible de l’origine de ces surcoûts », ajoute-t-elle avant de questionner : « mais combien de millions par an seront dédiés au fonctionnement ? Combien vont coûter au contribuable les routes, parkings et transports publics pour atteindre l’arbre en métal ? Et l’entrée, 5, 10, 15 euros par personne ? » [un billet d’entrée plein tarif pour le Grand Éléphant, comme pour le Carrousel, coûte aujourd’hui 8,50 euros]. Mahel Coppey souhaite désormais qu’ « une grande consultation » des habitants de la métropole soit lancée sur ce « vieux projet ».
Même son de cloche du côté de la droite locale : « L’Arbre aux hérons devient l’Arbre aux millions », dénonce Laurence Garnier, sénatrice (LR) de la Loire-Atlantique, sur son compte Twitter. La non prise en compte du taux de TVA dans le calcul du budget total de 52 millions d’euros est une manœuvre de la métropole « pour ne pas effrayer l’électeur contribuable », ajoute la conseillère municipale et métropolitaine de Nantes.
Si le projet est mené à son terme, la compagnie La Machine et la Métropole tablent sur 500 000 entrées annuelles dans l’Arbre – ses aînées de l’île de Nantes attirent elles 700 000 personnes chaque année – et 30 millions de retombées économiques pour le territoire.
La délibération devrait être soumise au vote du conseil communautaire avant la fin d’année. Si celle-ci est adoptée – le temps des procédures de permis de construire, de préparation du terrain, etc. – le début du chantier ne pourra se faire avant la fin d’année 2022.
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À Nantes, la facture du futur Arbre aux hérons s’envole
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