L’œuvre du grand et peu connu pastelliste est remise en lumière à travers une exposition monographique brillante.
Orléans. Le Musée des beaux-arts d’Orléans revient dans le paysage des expositions d’envergure nationale, après plusieurs années de vaches maigres. Il a réussi à réunir près de 150 œuvres et documents, dont 53 pastels, venus de l’Europe entière, de Jean-Baptiste Perronneau (1715-1783), un « Portraitiste de génie dans l’Europe des Lumières », selon le sous-titre de l’exposition. Un travail de titan, résultat combiné des recherches de l’historienne Dominique d’Arnoult, auteure du catalogue raisonné de l’artiste publié en 2014, d’une toute nouvelle procédure de transport des pastels élaborée par la restauratrice du musée Valérie Luquet et de la force de persuasion d’Olivia Voisin, directrice des musées orléanais depuis décembre 2015.
Orléans possède une belle collection d’œuvres de Perronneau grâce à des dons et legs successifs : l’artiste y a effectué plusieurs passages entre 1744 et 1772, accueilli par Aignan-Thomas Desfriches, fin amateur d’art. Son portrait en pastel par Perronneau, acquis par le musée en 2016 pour un peu plus de 400 000 euros, est le petit chef-d’œuvre du parcours. Sa manière rivalise avec celle, très différente, de Maurice Quentin de La Tour, son contemporain et maître incontesté du genre dans l’historiographie, dont un Autoportrait de 1750 prêté par le Musée de Picardie est présenté dans le parcours. Mais là où le très Parisien La Tour portraiture les grands de la Cour, Perronneau choisit la grande bourgeoisie provinciale, l’élite intellectuelle, et les cours européennes des Lumières dans d’inlassables voyages, entre Lyon, Amsterdam, Londres, Bordeaux ou encore Hambourg. C’est sans doute cette dispersion en Europe de ses œuvres, conservées encore souvent en mains privées, qui a rendu difficile la reconnaissance de la qualité du corpus (environ 400 œuvres) qu’il laisse derrière lui à sa mort.
Fraîcheurs dans les couleurs
Outre une cartographie de l’Europe des Lumières et de ses foyers économiques et intellectuels, l’exposition invite à découvrir une œuvre de qualité, au trait soigné et précis, et des pastels souvent d’une très grande fraîcheur dans les couleurs. Le Portrait de Jacques Cazotte, vers 1753, venu de la National Gallery de Londres, présente l’écrivain dans une attitude naturelle, presque décontractée. La vivacité et l’effervescence d’esprit du modèle sont transmises avec brio. Grâce à de très nombreux prêts, des couples séparés se retrouvent, des familles sont réunies : les cartels biographiques présentant les modèles rompent l’effet monotone qu’une simple succession de portraits aurait pu engendrer.
Jean-Baptiste Perronneau, Portrait de Jacques Cazotte, vers 1760-1765, huile sur toile, 92,1 x 73 cm, National Gallery, Londres. © The National Gallery.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Jean-Baptiste Perronneau, une belle redécouverte
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 17 septembre, Musée des beaux-arts, place Sainte-Croix, 45000 Orléans.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Jean-Baptiste Perronneau, une belle redécouverte