Du Bahar i Khosrô à Dubuisson, une brève histoire du tapis

La fascination pour l’Orient a suscité la naissance d’un tapis \"au goût français\".

Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 2960 mots

Offert par l’Orient, le tapis s’est posé en Occident au Moyen Âge, en y déployant son souffle et ses figures. Il s’est mêlé aux peintures et aux sculptures. Dans les palais des princes ou les demeures des bourgeois, il a introduit un art de la figure abstraite étranger à leurs traditions. Noué, tissé ou brodé, le tapis \"turc\" a exercé une fascination qui a suscité, en réponse, le tapis au \"goût français\" de la Savonnerie et d’Aubusson. Dans notre imaginaire, il a été synonyme de luxe et de luxure. \"Ils auraient passé leurs jours (...) à dormir sur un tapis au milieu des femmes et des parfums\", écrit Chateaubriand. Sans doute. Les amateurs de tapis parlent d’une autre jouissance, esthétique et spirituelle. Les Persans composent leurs tapis comme des vergers, car le même mot désigne \"paradis\" et \"jardin\". Les nomades du Caucase et du Turkestan inscrivent les marques de l’univers dans un espace sacralisé.

“Que les Turcs et les Persans ne vantent plus leur art
À faire des tapis, c’est maintenant la France
Qui en a ce jour d’hui la parfaite science....
Dont Dupont seul autheur au public a fait part
Serrez donc, Levantins, vos tapis à l’écart...”
Quand, au début du XVIIe siècle, Pierre Dupont s’apprête à prendre la direction de la Savonnerie royale, il rend l’hommage avant l’outrage. Depuis des siècle, Levantins, Sarrasins et Turcs exportent, et souvent à prix fort, leurs plus beaux “tappis de piez” ou “tappis veluz”. Saint Louis, de retour des Croisades, rendait la justice sous un chêne de Vincennes. À ses pieds, le souverain très chrétien faisait dérouler des tapis rapportés de sa captivité en Palestine. L’hommage, après l’outrage. L’onction de l’Occident fut royale pour le grand art de l’Orient. Elle attestait déjà d’une reconnaissance pour ces œuvres enracinées dans des traditions ancestrales.

Rien de plus simple, à la base, que ces tapis à points noués ou tissés. Il faut des hommes, ce sont d’abord des nomades ; des bêtes qui donnent la laine, et des plantes pour les teintures. Puis un métier à tisser, simples barres en bois tendues vers l’horizon ou le ciel. Nouez, nouez et nouez encore, des milliers, un million de fois, les brins sur les fils de la chaîne, entre les fils de la trame. D’où sort un champ velouté de couleurs aux lignes droites ou courbes, que les doigts auront créé pour s’isoler du sol, orner une tente ou un harnachement d’animal. Deux types de points sont les plus répandus : le nœud Ghiordès ou turc,  et le nœud Senneh ou persan.

Tapis turc, tapis persan, il n’en faudrait pas conclure, comme ce fut la règle pendant des siècles, à leurs règnes successifs ou exclusifs. Par confusion, contagion de motif ou effet de mode, des tapis d’autres régions ont été classés comme l’un ou l’autre. Longtemps, on ne fait grand cas que des tapis turcs, comme ils sont désignés dans les inventaires. Quand le Rat des villes invite le Rat des champs à des reliefs d’ortolans, La Fontaine lui fait mettre, naturellement, le couvert “sur un tapis de Turquie”...
Viendra la vogue aristocratique des tapis persans, dès le XVIIe siècle. Depuis plus d’un siècle, les grands ateliers de la dynastie safavide portent à son apogée l’art des décors naturalistes raffinés, à médaillons, puis floraux et animaliers. De la Chine à l’Espagne, pays charnière, en passant par l’Égypte, le Caucase, le Turkestan ou l’Inde, les tapis d’Orient ont connu faste et déclin. Mais aujourd’hui encore, penser tapis oriental en Europe, c’est dire tapis persan.

Pour satisfaire à l’esprit de catalogue, une ligne de partage a été tracée entre tapis urbain et tapis nomade. Elle s’est redoublée, le trait épaissi, d’une séparation entre tapis géométriques et tapis curvilinéaires. Deux modes de production, deux conceptions décoratives qui, par paires, sont opposées. On ne saurait nier qu’un tapis iranien en soie de Tabriz, avec médaillon, lotus et entrelacs végétal, est fortement dissemblable d’un Kazak pleine laine, à losanges et crochets, de bergers caucasiens. Tous les peuples d’Orient, avant et depuis l’Islam, ont hérité d’un corpus de signes de mémoire. La circulation des décors et symboles n’a cessé d’âge en âge, à l’intérieur et hors de frontières mouvantes. Pas tout à fait abstraits sans être non plus figuratifs, certains tapis, peut-être les plus forts, invitent à leur déchiffrement tout autant qu’il s’y refusent.

Les premiers tapis
Où et quand ont été noués les premiers tapis ? Les réponses sont incertaines. Des experts affirment, excipant d’un sceau de terre cuite sumérien sur lequel figure un métier de basse lisse, que les tapis ras étaient tissés en Mésopotamie. Le tapis noué serait né, estiment d’autres, entre le IVe et le IIe millénaire avant l’ère chrétienne, entre la Mongolie et le Turkestan. Il y a cinquante ans, les fouilles de tumulus funéraires scythes, dans l’Altaï, aux confins de la Sibérie méridionale, ont révélé l’existence, parmi d’autres pièces tissées, d’un extraordinaire tapis à points symétriques préservé dans les glaces depuis 2 500 ans. On lui a accolé le nom de Pazyryk, la vallée où l’archéologue russe Serguei Rudenko l’a exhumé. Ce tapis, le plus ancien jamais découvert, est carré. Des cavaliers se suivent en procession dans une frise, des élans se succèdent en sens inverse dans une autre, et des griffons ailés figurent dans deux bordures. Au centre, un décor à damier de vingt-quatre cases évoque un antique pavement assyrien, au seuil du palais de Ninive, ou la future croix de saint André. Une abondante littérature exégétique a fleuri autour du tapis de Pazyryk. Est-il une œuvre de la Perse achéménide, ce que pensent Rudenko et d’autres chercheurs, ou provient-il d’Arménie, comme le soutiennent les experts Ulrich Schürmann et Volkmar Gantzhorn ? Au-delà de ces querelles quasi théologiques, il ressort que ce degré de perfection technique et artistique ne pouvait être que le fruit d’une très longue évolution.

À part quelques fragments textiles trouvés en Irak, en Égypte ou en Chine, les premiers tapis seldjoukides anatoliens bien conservés remontent au XIIIe siècle : un écart de près d’un millier d’années. Des textes brisent ce long silence. Déjà, les Grecs ont fait remonter le fil de l’histoire du tapis jusqu’à l’Antiquité. Homère écrit, dans L’Odyssée, qu’un siège présenté à Hélène était recouvert d’un “tapes”, traduit dans l’édition de la Pléiade par “carré de laine”. Sous la plume d’Eschyle, Clytemnestre fait joncher le chemin d’Agamemnon de tapis de pourpre. Des chroniqueurs arabes émerveillés nous décrivent un tapis légendaire, le Bahar i Khosrô, “le printemps de Chosroès”, confectionné pour ce roi sassanide qui régna au VIe siècle de notre ère. Tissé en laine et soie, broché d’or et rehaussé de pierres précieuses, il se trouvait dans la salle d’audiences du palais royal de Ctésiphon, sur les rives du Tigre. Sa trace se perd après la conquête de la capitale sassanide par les Arabes, en 637. On dit qu’il fut découpé en mille morceaux parce que les vainqueurs ne pouvaient admettre qu’il revint à un seul. Ce tapis-jardin, représentation du Paradis, au thème décrit jadis par Xénophon, a été réinterprété dans les grands ateliers persans dès le XVIe siècle. Un fragment plus tardif, noué au nord-ouest de l’Iran, avec son plan islamique classique de quatre jardins séparés par des canaux, Chahar Bagh, se trouve à Paris, au Musée des arts décoratifs, mais n’est pas accessible au public.

À la gloire des tapis
Les peintures des écoles flamandes, italiennes et, dans une moindre mesure, françaises de la Haute Époque offrent un témoignage historique sur des tapis aujourd’hui disparus ou d’origine controversée. Ils étaient parvenus d’Asie mineure en Occident comme présents diplomatiques ou objets de négoce, via Venise, Gênes ou Amsterdam. “Dans les cours européennes, les membres de la famille royale ou de l’aristocratie avaient pris l’habitude de marquer les événements importants par l’exécution d’un tableau où les tapis orientaux servaient de décor”, souligne la spécialiste Susan Day. Décor, et signe ostentatoire d’un luxe envié aux cours orientales, le tapis se déploie en majesté dans ces icônes du faste. Il rehausse les masques évanescents des Joueurs de trictrac sous le pinceau de Le Nain, ponctue avec bonheur, des balustrades jusqu’à la chaloupe, un Départ en pèlerinage du Carpaccio, pare jusqu’à mi-corps la rédactrice de La Lettre de Vermeer, et s’offre en trait d’union, drapé sur une table haute, des Ambassadeurs d’Holbein. Des noms de peintres – Lotto, Memling, Bellini, Crivelli, Holbein – ont été donnés à des familles de tapis qui sont représentés dans leurs œuvres.

C’est en Turquie ottomane que ces pièces de prestige ont été nouées. Plusieurs de ces tapis, comme des “Lotto” à effet de grille jaune sur fond rouge, ou les “Holbein” à rouelles, provenaient d’Ouchak, en Anatolie de l’Ouest, à mi-chemin entre Ankara et Smyrne. Centre de tissage de la cour des Ottomans, Ouchak comptait près de quatre cents ateliers et une dizaine de caravansérails au XVIIe siècle. Il a donné aussi son nom à de splendides tapis, dont Henri VIII d’Angleterre possédait plusieurs exemplaires. Leur ornementation, à variations multiples, comporte un semis de fleurs “à feuillis de chêne” sur fond rouge.

Un art de l’Islam ?
Marco Polo, qui traverse à la fin du XIIIe siècle la “Turcomanie”, en chemin pour la Chine, ne manque pas d’être frappé par “les meilleurs et les plus beaux tapis, ainsi que des tissus de soie cramoisis et autres couleurs exquises” réalisés dans des centres urbains anatoliens, comme Konya, Sivas et Kayseri. Il notera que cette région tisserande est peuplée des montagnards turcomans ainsi que de citadins arméniens et grecs. Attribuer à l’Islam l’apanage du tapis est abusif. La vulgate d’un art exclusivement musulman néglige l’apport arménien, occulte l’influence byzantine et exclut la part du paganisme. Auteur d’une thèse sur le tapis chrétien oriental, Volmar Gantzhorn veut démontrer que les Arméniens, en premier lieu, sont les dépositaires de la tradition du tapis. Il en voit pour preuve l’omniprésence de motifs cruciformes. Sans entrer dans la polémique qui l’oppose à l’historien Kurt Erdmann, il est certain que les artistes musulmans, après la conquête de l’Orient engagée par Mahomet en 622, ont à leur disposition un vocabulaire et un savoir technique déjà forts élaborés. André Malraux écrit, en 1947, que “l’esprit de Byzance (...) bifurque à la fois vers Chartres et vers Samarkand. D’un côté le vitrail, de l’autre le tapis”. Des tisserands juifs boukhariotes comme des teinturiers séfarades, avant l’Inquisition, y prennent également part. Les tapis chinois, à la gamme chromatique limitée mais chargée de symboles, de Ningxia ou Pao Tao, s’appuient sur un répertoire bouddhique ou taoïste. Un très bel exemplaire du XVIIe siècle, en fin de dynastie Ming, avec son médaillon renfermant un couple de grues tête-bêche, figure dans les collections du Musée historique des tissus, à Lyon. Que l’Islam ait consacré l’art du tapis est cependant indéniable. Une place centrale lui est doublement réservée : en usage domestique et au service de la foi. De la tente au palais, il ne participe pas à l’ameublement, il est le mobilier, du sol au sofa. Face à La Mecque, cinq fois par jour, il permet de s’agenouiller sur une surface sacralisée, libre de toute souillure. Orné d’une niche – le mihrab –, le tapis de prière va se décliner à l’infini en terres d’Islam. Un tapis turc, aussi raffiné qu’un Ghiordès ancien ou qu’un saf à niches multiples d’Ouchak, n’est que frère en religion d’un Baloutche tribal d’Afghanistan. Mais pour les désigner, l’arabe classique utilise le seul terme de sajâda, qui signifie adorer, le corps prosterné, le front touchant le sol. De sa racine dérive masjid, la mosquée. Et Dieu, dit le Coran, n’oubliera pas, après avoir créé les cieux et la terre, de faire présent aux hommes d’un tapis de sol – bisât –. C’est en Perse safavide, où le chi’isme l’a délivré de l’interdit sur la représentation humaine, que l’art du tapis islamique va connaître son apogée à partir du XVIe siècle, et jusqu’aux invasions afghanes de 1722. Il atteint un degré de perfection inégalée dans les manufactures royales de Tabriz et d’Ispahan, où les tisserands côtoient les peintres et les miniaturistes sous le règne des shahs Tahmasp Ier (1524-1587) et Abbas le Grand (1587-1629). Tapis de chasse, tapis-jardin, il n’est pas rare d’y voir figurer des calligraphies en nastaliq dans leurs bordures. Plusieurs tapis célèbres, qui portent ces inscriptions, sont conservés dans des musées, comme le “tapis de Darius” au Museo Poldi Pezzoli de Milan, sur lequel, dans une marge, est écrit
“Que ce tapis soit étendu aux pieds de
Darius
Fleur de son jardin et garantie de sa santé.”
Le “tapis d’Ardébil”, découvert dans une mosquée de cette ville du nord-ouest de la Perse mais sans doute noué à Kachan, comporte également des vers du poète mystique Hâfez en nastaliq dans un cartouche. Conservé au Victoria & Albert Museum, à Londres, il est un des spécimens les plus remarquables de l’art safavide. Les tapis dits “polonais”, brochés d’or et d’argent sur trame de soie et de coton, ne portent, eux, aucune inscription. Ce nom leur a été donné parce que figurent sur certains les armoiries du prince polonais Czaroryski. Attribués à tort à des tisserands polonais, ces tapis floraux plus tardifs, sans doute exécutés à Ispahan sous le règne d’Abbas, ou à Kachan, sont considérés comme les exemples les plus achevés du luxe aristocratique.

On comprend mieux, devant de tels chefs-d’œuvre, qu’il y avait péril en la demeure d’Occident.

Le tapis en Occident
Quand elle voit le jour, au début du XVIIe siècle, la Savonnerie se dénommera, en aveu, la Manufacture royale des tapisseries de Turquie et du Levant. Pierre Dupont, son premier directeur, souligne – prosaïquement ou opportunément – qu’ainsi sera mis un terme aux ruineux achats de textiles d’Orient. Après l’ancienne fabrique des savons, sur la colline de Chaillot, la Manufacture rejoindra en 1604 les galeries du Louvre, grâce à Marie de Médicis. Un privilège de fabrication de tapis, ouvrages du Levant, sera accordé par Louis XIII. Sur les modèles de l’époque, l’influence de l’Orient, par les compositions florales, est éclatante. Pour s’en dégager, il faudra attendre les grands tapis réalisés sous Louis XIV : les treize tapis de la galerie d’Apollon et les quatre-vingt-seize de la Grande Galerie. Le “goût français” prend forme, avec ses rinceaux, ses feuilles d’acanthe, sa symétrie et des motifs allégoriques ou antiques sur fond sombre. Au milieu du XVIIIe siècle, Aubusson va épauler la Savonnerie. Mais il est fait encore référence aux tapis d’Orient. “Monsieur de Montigny s’occupa d’établir à Aubusson une fabrique de tapis de pied supérieurs aux tapis de Perse et de Turquie, non pour la durée ou la solidité des couleurs, mais pour l’agrément et le bon goût des dessins”, note Condorcet. C’est à Aubusson que va se développer la production de tapis ras, façon tapisserie. Les décors s’affranchissent de l’Orient ou affichent un style revisité de turquerie. À coté des pièces de qualité, issues en particulier des ateliers de Sallandrouze et plus tard de ceux de Braquenié, se crée au XIXe siècle une production propre à satisfaire la vanité de l’opulence bourgeoise. Des fortunes d’Empire ont engendré quelques grandes collections, encore visibles aujourd’hui dans leurs demeures devenues des musées. L’hôtel particulier de Nélie Jacquemart et Édouard André abrite d’admirables tapis d’Orient, alors qu’on ne verra – paradoxe apparent – que de très beaux tapis français, y compris le quarante-cinquième tapis commandé à la Savonnerie pour la grande galerie du Louvre, dans l’hôtel des Camondo, banquiers séfarades originaires du Levant. Autre grand amateur, mais surtout formidable créateur des arts décoratifs,  l’Anglais William Morris témoigne quant à lui d’une compréhension des tapis d’Orient plus intime qu’aucun Français. Avec le chemin de fer, toute une production orientale, de plus en plus vulgarisée et bouffie de colorants chimiques, comme l’aniline aux tons criards, se déverse en Europe, aimantée par une forte demande. Des maisons anglaises, telle Ziegler, américaines ou allemandes prennent pied à Tabriz, Sultanabad ou Kirman. Si les tapis persans de la fin XIXe et du début du XXe siècle expriment des formes figées, leur qualité est bien meilleure. Le gouvernement iranien, conscient du danger, décrète l’interdiction de l’aniline. Comme au Caucase, ce sont les petits ateliers urbains et les tribus Shashsavan, Bakhtiar ou kurdes qui vont préserver les traditions déjà admirées par les esprits éclairés. C’est sur un long tapis Qashqaï, qui épousait la courbe du divan, que Freud priait ses patients de s’allonger, le corps abandonné dans un champ onirique de losanges et de symboles.

Il faut également dire un mot du tapis moderne en France, qui fit florès de l’Art nouveau à l’art contemporain. Adossés à la tradition des grands ateliers nationaux, les principaux courants plastiques qui traversent le siècle ont trouvé leur expression dans le tapis. Des peintres et des architectes s’y sont illustrés : Léger, Picasso, Arp, Lurçat, Marcoussis, Miró, Sonia Delaunay, Mallet-Stevens, Eileen Gray... Dans un autre esprit, plus proche de la conception traditionnelle du tapis, des créateurs ont dessiné des modèles remarquables, tels Dufrêne, Ruhlmann, Charet, Mare, Follot, ou Leleu avec da Silva Bruhns, et aujourd’hui Gagnère ou Dubuisson. En Orient, en marge d’une production de masse, parfois mécanisée, qui inonde nos marchés, des tapis d’excellente qualité sont encore fabriqués, notamment par l’Asad Company en Anatolie.

Confit en dévotion sous un guéridon, témoignage d’un goût suranné pour l’Orientalisme, le tapis d’Orient, dans sa version abâtardie, a vécu une crise de génération. “Et un bourgeois français s’insurge à l’idée qu’il va user son capital en y posant ses pieds”, remarque avec humour le galeriste Dominique Chevalier. Il regagne aujourd’hui une faveur méritée et reconquiert nos terrains intérieurs, avec le retrait de la moquette, ennemie déclarée, et la retraite des géométries outrancières. Les tapis et kilims de nomades sont à la mode, et les collectionneurs toujours plus nombreux, non pour la valeur d’un tapis mais pour ce qu’à l’inverse, il a d’inutile et d’essentiel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : Du Bahar i Khosrô à Dubuisson, une brève histoire du tapis

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