Deux expositions parisiennes, au Musée des arts décoratifs et à la BnF, rendent hommage au roi des éléphants, personnage né en 1931 sous le pinceau de Jean de Brunhoff.
Qui l’eût cru ? Babar entre au musée. Le pachyderme en costume vert est honoré par deux institutions parisiennes qui lui dédient chacune une exposition : le Musée des arts décoratifs avec « Les histoires de Babar » et la Bibliothèque nationale de France avec « La fabrique de Babar ». À 80 ans passés, l’éléphant reste indubitablement l’un des héros de la littérature enfantine depuis sa création en 1931 par le peintre Jean de Brunhoff (1899-1937). Ou plus exactement par sa femme, Cécile, laquelle, ayant coutume de raconter des histoires à ses deux fils, invente de toutes pièces, un soir de l’été 1930, l’histoire de ce petit animal anthropomorphe. Les bambins content à leur tour l’aventure à leur père qui en réalise un album à l’aquarelle.
L’Histoire de Babar le petit éléphant paraît en 1931 aux Éditions du Jardin des modes. Le succès est immédiat. Six albums suivront. Lorsque son père meurt de la tuberculose, en 1937, Laurent de Brunhoff, alors âgé de 13 ans, prend le relais. Il met d’abord en couleur deux albums restés inachevés, puis invente à son tour des histoires. Il a, à ce jour, dessiné une quarantaine d’ouvrages, dont le dernier, Coup de foudre aux jeux de Célesteville, a paru en novembre 2011.
Planches originales
Dans une scénographie signée par le designer Éric Benqué, le Musée des arts décoratifs présente une centaine de planches originales, ainsi que des jeux et des jouets à l’effigie de Babar, datant des années 1930 à nos jours, et des dessins animés. Des premières esquisses aux dessins colorisés et mis en texte, le visiteur observe le personnage prendre forme. Le premier opus de Jean de Brunhoff est un grand format – 37 cm x 27 cm – que le dessinateur exploite avec un prodigieux savoir-faire : trait délicat, compositions larges et imposantes, aplats de couleur, utilisation de la double page pour accentuer le sens dramatique des récits, écriture cursive qui prolonge le dessin des personnages et intensifie le lien affectif avec le lecteur… Le tout dans une économie de moyens qui laisse toute la place à la surprise et à l’humour. La méthode sera poursuivie par Laurent de Brunhoff.
De son côté, la Bibliothèque nationale de France, qui a hérité en 2005, grâce au don des enfants de Jean de Brunhoff, d’un ensemble de documents originaux préparatoires à trois albums de Babar – dont Le Voyage de Céleste (1932) et Le Château de Babar (1961) –, expose justement ce trésor. Esquisses crayonnées, dessins à la plume et autres aquarelles ou gouaches définitives évoquent les tâtonnements, les choix et les renoncements des deux peintres-illustrateurs. Conservés dans la Réserve des livres rares de la BnF, ces documents invitent à appréhender au plus près l’art du trait, de la forme, de la couleur, de la mise en page et de la narration, bref, la « fabrique » de Babar.
Informations pratiques. • « La fabrique de Babar » du 13 décembre 2011 au 29 janvier 2012. Bibliothèque nationale de France. Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 19 h, le dimanche de 13 h à 19 h et le lundi de 14 h à 19 h. Accès libre. www.bnf.fr
• « Les histoires de Babar » du 8 décembre 2011 au 2 septembre 2012. Musée des arts décoratifs. Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Tarifs : 9 et 7,5 €. www.lesartsdecoratifs.fr
Deux expositions, un catalogue. Un catalogue commun aux deux expositions est coédité par les Arts décoratifs et la BnF : Les Histoires de Babar, sous la direction de Dorothée Charles. Auteurs : C. Picaud, P. DuboÁ¿, S. Tesson, H. Poulain, F. Chenoune, V. Soulé, J.-C. Menu, M. Bahuaud, M. Pastoureau, C. et D. Buren. 160 p., 130 ill., 35 €.
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Babas de Babar !
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°641 du 1 décembre 2011, avec le titre suivant : Babas de Babar !