ArchiLab défriche

L’architecture contemporaine à Orléans

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 14 mai 1999 - 493 mots

Trente architectes et groupes d’architectes, dont huit français, participent à Orléans à la première édition d’« ArchiLab » ?. La manifestation offre un point de vue général et inédit sur la réflexion architecturale contemporaine.

ORLÉANS - L’enjeu de la manifestation est clair : créer un lieu de rencontre et de discussion entre les architectes les plus novateurs, aussi bien du point de vue de la réalisation que de la réflexion sur l’architecture, et documenter ces démarches à travers une exposition qui réunit maquettes, photographies et images virtuelles.

Les recherches de la jeune génération sont en effet souvent difficilement évaluables, faute de visibilité, certains n’ayant d’ailleurs jamais construit. Ce n’est pas le cas du Japonais Shigeru Ban, qui a réalisé en 1997 la Maison sans mur à Nagano. L’originalité du créateur est encore plus manifeste dans sa Paper House (maison de papier) de Yamanakako (1995), qui utilise des tubes en carton comme matériau de construction. Le “stand” de Königs Architekten est l’un des plus inventifs, avec sa structure cubique percée de fenêtres qui permettent de découvrir les différents projets de l’agence de Cologne. Loin d’un certain a priori de lourdeur qui pèse encore sur la création allemande, Ilse Maria et Ulrich Königs proposent des projets aériens, comme le Sportstadium de Chemnitz, pour lequel ils ont remporté le premier prix du concours en 1995, ou la gare ICE d’Erfurt, basée sur une succession de plates-formes parallèles qualifiées de “hardware”. Pour les architectes, “la méthodologie conceptuelle est la clé du succès de tout projet : concevoir le processus au lieu de concevoir le projet”. L’Américain Greg Lynn, né en 1964, utilise davantage les nouvelles technologies, et notamment les images de synthèse à travers une réflexion sur la morphogenèse. Enfin, le jeune Australien Peter Anthony Zellner, de Zellner Architecture Research, l’un des cadets de l’exposition (il est âgé de 30 ans), fait déjà figure de coqueluche internationale. Du côté des Français, après Odile Decq & Benoît Cornette, Roche, DSV & Sie. P développent un vocabulaire qui rend le territoire malléable. À l’inverse de Lacaton & Vassal, qui restent avant tout des praticiens, Dominique Lion est l’un des rares Français à s’investir dans la critique tout en restant très lié aux projets institutionnels.

Avec cette première édition, les deux commissaires, Marie-Ange Brayer et Frédéric Migayrou, ont, pour leur coup d’essai, réalisé un coup de maître. “ArchiLab” a en effet jeté un pavé dans la mare dans un pays où certains estiment que la critique d’architecture reste trop souvent au niveau du discours sur le construit, tandis qu’à l’étranger, et notamment en Angleterre et aux États-Unis, elle se positionne davantage au niveau de la théorie et du concept. “ArchiLab” entend ainsi engager un débat qui devrait être renouvelé lors de l’édition 2000, cette manifestation à gros budget devant en effet adopter un rythme annuel.

ARCHILAB

Jusqu’au 30 mai, Site des subsistances militaires, 4 boulevard Rocheplatte, 45000 Orléans, tél. 02 38 62 47 67, tlj 10h-19h ; important catalogue, 300 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°83 du 14 mai 1999, avec le titre suivant : ArchiLab défriche

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