Pour leur quatrième édition, les Rencontres internationales d’architecture d’Orléans – Archilab – ont pris cette année pour thème « l’économie de la terre ». Trente jeunes agences d’architecture proposent dans un parcours fléché leurs recherches théoriques, une approche prospective qui privilégie le virtuel au réel.
ORLEANS - La cour des anciennes Subsistances militaires est traversée par une ligne serpentine peinte sur le sol. Ce fil rouge, qui se transforme rapidement en courbe de niveau à l’intérieur du bâtiment, conduit le visiteur de projet en projet, de stand en stand. Cette scénographie, conçue par Laurence Fontaine, “repose sur cette interaction entre le thème de l’exposition et la géographie du lieu”. On n’en attendait pas moins.
Aux antipodes des nouvelles orientations prises par la prochaine Biennale d’architecture de Venise, qui ouvrira ses portes en septembre prochain et qui entend se replacer dans le champ du concret (lire le JdA n° 150, 31 mai 2002), Archilab réunit quasi exclusivement des architectes qui n’ont jamais construit. Ce constat n’est pas à prendre en considération en tant que critère de jugement qualitatif des projets. Il a cependant un impact sur la forme et le type de recherches menées par les exposants. Loin des chantiers, usant et abusant des logiciels de modélisation, ces derniers mènent en effet une réflexion toute théorique sur le construit, que ce soit à l’échelle du bâtiment, de la rue, de la ville, voire du territoire. Certains de ces projets ne sont pas très éloignés du clin d’œil, notamment en direction du thème de l’exposition – “l’économie de la terre” –, comme celui de Cloud 9, l’agence de l’Espagnol Enric Ruiz Geli. Ce dernier a en effet installé un arbre-volière qui passe littéralement par une fenêtre du bâtiment pour offrir à l’extérieur sa structure métallique aux oiseaux. Une caméra vidéo filme en permanence le ballet des volatiles pour permettre aux visiteurs de saisir ce spectacle dans son intégralité.
Les deux commissaires du cru 2002 d’Archilab, Marie-Ange Brayer et Béatrice Simonot, ont fait un effort louable pour dégager des grands axes de réflexion – “stock et ressources”, “ingénierie de la nature”, “la ville comme écosystème”, “disponibilité du territoire”. Ces derniers sont cependant suffisamment ouverts pour accueillir des recherches éclectiques, qui plus est développées dans différents pays du monde, principalement de l’hémisphère Nord. Aux Français qui ont déjà une bonne visibilité, comme Francis Soler, auteur notamment du viaduc autoroutier de Millau, ou Manuelle Gaudrand, qui fut invitée à proposer un projet destiné à accueillir la Fondation Pinault sur l’île Seguin, l’exposition s’ouvre à Alain Renk qui offre une reconversion de l’autoroute A186 qui coupe Montreuil en deux. Même si le fondateur de HOST est conscient que “l’architecture n’améliore pas le monde”, il invite pourtant à ne pas être passif face aux évolutions urbaines. “Comment ne pas rester spectateur des mutations ?”, nous demande-t-il. Plus loin, les Nantais de Block (Denis Brillet, Benoît Fillon et Pascal Riffaud) – lauréats des Nouveaux Albums de la jeune architecture 2002 – proposent des installations multimédia qui n’ont rien à envier à celles d’artistes-plasticiens de leur génération. Du côté des Japonais, l’Atelier Bow-Wow (Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima) proposent un ensemble de maquettes reproduisant les plus petites maisons de Tokyo, tandis que Tezuka Architects présente les photographies d’une maison sur le toit de laquelle a été aménagée une terrasse, pour mieux profiter de la nature. Cet intérêt pour la nature – mais ici via un retour à la tradition – est également présent dans les projets du Nippon Kengo Kuma.
Après quatre éditions d’Archilab, près de 140 agences ont été invitées à présenter leurs projets à Orléans, soit un vaste panorama des recherches actuelles en architecture à un niveau international. Sans pour autant avouer un essoufflement, la manifestation pourrait, l’année prochaine, faire une pose prospective et être entièrement consacrée à la très importante collection de maquettes et de dessins d’architecture du Frac Centre. Son siège, au 12 rue de la Tour-Neuve, accueille d’ailleurs cette année pendant Archilab onze écoles d’architectures. D’autres manifestations orléanaises accompagnent en effet la manifestation, comme “Morphogénèses” à la Médiathèque, “Hors Champs” à l’Institut d’arts visuels. Enfin, avec “James WINES & SITE” le Musée des beaux-arts offre assurément une autre forme de mutation.
- ARCHILAB, jusqu’au 14 juillet, site des Subsistances militaires, 88 rue du Colombier, Orléans, tél. 02 38 53 06 16, tlj 11h-19h, lundi 14h-19h ; site Internet : www.archilab.org
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Laboratoire d’architectes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°151 du 14 juin 2002, avec le titre suivant : Laboratoire d’architectes