VENISE / ITALIE
La Biennale qui a ouvert hier aux professionnels, est plus que jamais en prise avec les préoccupations de notre époque.
Une fois tous les deux ans, l’art contemporain déferle sur Venise. Autour de la Biennale, qui fête sa soixantième édition, on dénombre une trentaine d’« événements collatéraux » dans les fondations, les églises, les jardins, les boutiques de mode. Sans compter le parcours off, qui compte plus d’une centaine d’expositions et d’installations partout dans la ville.
Quelques paramètres extérieurs viennent cependant bousculer ce rendez-vous artistique. La météo, par exemple, qui a contrarié les plans d’ouverture du Palazzo Diedo, le nouveau centre d’art lancé par l’homme d’affaires Nicolas Berggruen, dont le chantier a pris du retard – avec la montée des eaux, les caisses et les gros chargements ne passaient plus sous les ponts. Après des températures estivales très soudaines, des orages violents ont également douché l’enthousiasme des premiers visiteurs de la Biennale, par ailleurs assez clairsemés en cette journée inaugurale réservée aux professionnels.
La manifestation n’échappe pas non plus au contexte géopolitique mondial. L’équipe du pavillon libanais n’était pas au complet (l’aéroport de Beirut ayant fermé) et c’est un miracle si, malgré les tensions au Moyen Orient, l’installation joyeuse et poétique de l’artiste Mounira Al Solh a pu être acheminée sans encombre. Le pavillon d’Israël a pour sa part été fermé par ses propres représentants, l’artiste Ruth Patir et les commissaires Tamar Margalit et Mira Lapidot réclamant un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens par le Hamas. La Russie, on le sait, ne figurait pas sur la liste officielle des participants.
Et puis il y a l’air du temps qui insuffle son esprit à la manifestation. Cette Biennale, sous l’impulsion de son commissaire Adriano Pedrosa, directeur artistique du Museu de Arte de São Paulo (MASP), a choisi de parler de l’exil, des migrations subies, des minorités, notamment queer. Il le fait en mettant en avant des collectifs engagés, des artistes indigènes, certains totalement en dehors du marché, ou restés à la marge de l’histoire. On voit dans l’exposition internationale très structurée qu’il a conçue, davantage d’œuvres textiles, de sculptures en bois, de céramiques, que d’art conceptuel.
Titrée « Foreigners everywhere » (Étrangers partout), d’après un néon du duo Claire Fontaine, l’exposition met en lumière les scènes de l’hémisphère sud. C’est une sélection manifeste, que certains diront bien-pensante. Elle se montre, en tout cas, appliquée à faire passer son message de diversité, au risque paradoxalement de paraître univoque. Du moins elle le fait sereinement. Du côté des pavillons nationaux, les propositions sont pour certaines bien plus provocantes, voire agressives, comme celle du pavillon polonais, emmené par la commissaire Marta Czyz et le collectif d’artistes Open Group (Yuriy Biley, Pavlo Kovach and Anton Varga) qui veut faire entendre dans cette enceinte la bande-son de la guerre en Ukraine.
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Une Biennale de Venise ouverte sur l’hémisphère sud et l’altérité
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