Justice - Vol

Vol d'une porte du Bataclan ornée d'une peinture de Banksy : huit hommes condamnés

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 24 juin 2022 - 682 mots

PARIS

Des faits « graves », mais sans « intention de profaner » : huit hommes ont été condamnés jeudi à Paris pour avoir volé ou transporté jusqu'en Italie une porte du Bataclan ornée d'une peinture de Banksy en hommage aux victimes du 13 Novembre.

Oeuvre de Banksy en hommage aux victimes du Bataclan.
L'œuvre de Banksy en hommage aux victimes du Bataclan.

Deux semaines après le procès, le tribunal correctionnel a condamné les huit prévenus à des peines allant de six mois avec sursis à deux ans de prison ferme, bien en-deçà des réquisitions du ministère public.

Le pochoir représentant une jeune fille éplorée, peint en 2018 sur une porte arrière du Bataclan, avait disparu en janvier 2019, provoquant une « profonde indignation » selon les mots de l'équipe de la salle de spectacle, qui avait déploré la perte de ce « symbole de recueillement ». Selon les images de vidéosurveillance, trois hommes masqués avaient découpé à la disqueuse les gonds de la porte avant de l'embarquer dans un fourgon aux plaques dissimulées, le tout en huit minutes. Les investigations avaient permis de la retrouver dans une ferme italienne en juin 2020 et de remonter jusqu'à sept Français et un Italien, qui ont comparu du 8 au 10 juin.

« Le tribunal a pris en compte la gravité des faits, qui est réelle », a déclaré la présidente, soulignant que le vol avait été « commis de façon très rapide, ce qui montre un caractère organisé », bien que « certains éléments » montrent « un certain manque de professionnalisme, comme les empreintes laissées sur place ». La magistrate a souligné que « l'objet volé » était « très particulier », relevant sa « valeur patrimoniale élevée » liée à la cote de Banksy, le fait qu'il s'agisse d'une œuvre « de street-art » et qu'elle soit « liée à un moment particulier de l'histoire de France, celui des attentats du 13 novembre 2015 ». « S'approprier, dans un but lucratif, une œuvre qui a cette dimension collective, revêt une certaine gravité », a poursuivi la présidente, relevant « néanmoins » qu'aucune association de victimes n'avait fait de demande d'indemnisation, que le vol avait été commis « sans violence » et qu'aucune « intention de profaner » n'avait été « établie ».

Bracelet électronique

Trois trentenaires, qui ont reconnu le vol dans la nuit du 25 au 26 janvier 2019, se sont vu infliger, pour Kévin Gadouche, quatre ans de prison dont deux ans avec un sursis probatoire (comprenant des obligations), pour Franck Aubert et Danis Gérizier, trois ans de prison dont 18 mois avec un sursis probatoire. Contrairement aux réquisitions de la procureure, qui avait demandé un maintien ou un retour immédiat en détention, le tribunal a décidé qu'ils purgeraient la partie ferme de leur peine sous bracelet électronique : le troisième, seul détenu, a réagi avec émotion à sa sortie immédiate de prison.

Un autre prévenu de 41 ans, Mehdi Meftah, millionnaire après un gain au loto et qui avait lancé une marque de t-shirt de luxe baptisée « BL1.D », s'est vu infliger trois ans de prison dont 20 mois ferme, à purger là aussi sous bracelet. Le tribunal n'a pas suivi l'accusation qui le considérait comme le commanditaire du vol, le condamnant uniquement pour avoir « organisé » le transport de la porte vers l'Italie. Trois hommes qui ont participé au déplacement de l'œuvre à différentes étapes ont été condamnés à 10 mois de prison ferme. Enfin, un Italien de 58 ans, propriétaire d'un hôtel des Abruzzes où le Banksy a un temps été stocké, s'est vu infliger six mois avec sursis.

Me Romain Ruiz, avocat de Franck Aubert, a salué un jugement « très intelligent ». « Cela fait trois ans qu'on nous raconte une fable totale d'une attaque vis-à-vis de la mémoire des victimes et je suis très heureux que le tribunal constate que tout cela est faux », s'est-il félicité. Kévin Gadouche « est arrivé libre pour se défendre, il repart libre », s'est réjoui son avocat Me Dimitri Grémont. « C'est la conséquence du fait que comme l'a relevé le tribunal, mon client n'avait strictement aucune intention ou conscience de porter atteinte à la mémoire des victimes ».

Cette décision intervient alors que se déroulent, à quelques kilomètres, les dernières plaidoiries de la défense au procès des attentats meurtriers du 13 novembre 2015, où le verdict est attendu le 29 juin.

Cet article a été publié par l'AFP le 23 juin 2022.

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