Italie - Police - Vol

Un Banksy, volé au Bataclan à Paris en 2019, retrouvé dans une ferme italienne

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 11 juin 2020 - 726 mots

TERAMO / ITALIE

Mais comment donc s'est-elle retrouvée là-bas ? Une œuvre attribuée à la star du street art Banksy, hommage aux victimes des attentats de novembre 2015 à Paris et volée en 2019, a été récupérée par la police italienne dans une ferme des Abruzzes.

Oeuvre de Banksy en hommage aux victimes du Bataclan.
L'œuvre de Banksy en hommage aux victimes du Bataclan.

« Nous avons récupéré la porte volée au Bataclan avec une œuvre de Banksy représentant la jeune fille triste », a annoncé à l'AFP un officier supérieur des carabiniers à Teramo (centre). L'opération a été initiée à la demande de la police française et menée en présence de policiers français, a précisé ce responsable.

Une conférence de presse du procureur de l'Aquila, chef-lieu de la région des Abruzzes où l'œuvre a été retrouvée, est prévue jeudi matin.

Cette œuvre avait été peinte sur une porte arrière de la salle de spectacle parisienne du Bataclan, en forme d'hommage sur le lieu même où 90 personnes ont été tuées le 13 novembre 2015, au cours d'une série attaques jihadistes qui ont frappé Paris.

Elle avait été volée en janvier 2019, avec la porte sur laquelle elle était peinte, découpée à la meuleuse.

Selon le quotidien La Repubblica, citant le procureur de l'Aquila, la porte a été retrouvée dans une ferme de la campagne des Abruzzes. L'opération a eu lieu sur une perquisition ordonnée par le parquet et cette découverte « a été rendue possible grâce aux enquêtes menées par le bureau du procureur en collaboration avec la police et la justice françaises », a précisé le journal.

Réalisée au pochoir et à la peinture blanche, l'œuvre attribuée à Banksy représentait un personnage féminin à l'air triste sur l'une des sorties de secours, située derrière le Bataclan, dans le passage par lequel de nombreux spectateurs du concert des Eagles of Death Metal s'étaient échappés pendant l'attaque terroriste.

Ce vol avait suscité une « profonde indignation », selon les mots mêmes de l'équipe du Bataclan. Ce « symbole de recueillement et appartenant à tous, riverains, parisiens, citoyens du monde nous a été enlevée », déplorait-elle alors, dans un pays profondément marqué par les attentats islamistes de 2015.

Napoléon et rat masqué

L'artiste britannique, qui se plaît à garder son identité secrète mais est l'un des plus cotés dans son milieu, avait frappé un grand coup en juin 2018 en disséminant une série de pochoirs, au ton parfois très politique, dans la capitale française. Il avait revendiqué la paternité de huit œuvres sur son compte Instagram, dont la silhouette triste sur la porte du Bataclan, un détournement du tableau Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard de Jacques-Louis David, une fillette dessinant un motif tapisserie rose sur une croix gammée près de l'ancien « centre de premier accueil » des réfugiés à Paris. Ou encore un petit rat au museau masqué brandissant un crayon (ou un cutter), près du Centre Pompidou.

Cette dernière œuvre, « réalisée sur l'envers du panneau d'entrée » d'un parking, a elle aussi été dérobée début septembre 2019. Le Centre Pompidou, qui abrite d'importantes collections d'art contemporain, avait déposé plainte « pour vol et dégradation, au sein d'un espace relevant de son périmètre ».

Un homme inculpé en février par la justice française dans le cadre de cette affaire, affirme avoir agi à la demande du célèbre street artist. L'œuvre concernée n'a pas été retrouvée, mais d'autres œuvres de Banksy ont été saisies lors de perquisitions menées dans le cadre de cette affaire, alors que le voleur présumé serait proche de « l'univers de l'art urbain », selon son avocat.

L'artiste britannique, qui aime à se jouer des médias comme du marché de l'art, est aujourd'hui l'un des artistes contemporains les plus cotés au monde. Dans des villes comme Paris, Londres, New York, ces œuvres offrent un formidable coup de projecteur sur des sujets au cœur des débats sociétaux, comme la question des réfugiés. Si à Paris des élus se sont réjouis de son « invasion » artistique, se pose inévitablement le problème de leur possible vol ou dégradation.

En octobre 2018, l'acheteuse d'une reproduction de l'une des plus célèbres images de Banksy, Girl with Balloon, adjugée près de 1,185 million d'euros chez Sotheby's à Londres, avait eu la surprise de voir alors la toile s'autodétruire partiellement grâce à un ingénieux mécanisme caché dans son cadre, découpant en partie l'image en fines lamelles verticales. Ce coup de maître avait définitivement fait passer Banksy à la postérité, et assuré sa célébrité planétaire.

Par Ljubomir Milasin

Cet article a été publié par l'AFP le 10 juin 2020.

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