Banksy charrie une abondante production éditoriale et audiovisuelle qui prétend le plus souvent lever le voile sur le mystère de son identité. Rien de tel dans Banksy, le Bataclan et la jeune fille triste.
Ce documentaire franco-italien de 53 minutes ne s’intéresse que secondairement au parcours du pochoiriste anglais et à ses passes d’armes avec le marché de l’art. Il aborde l’artiste sous l’angle beaucoup plus resserré du fait divers, puisqu’il a pour point de départ le vol d’une de ses œuvres.
En juin 2018, Banksy clôt une série d’interventions dans les rues de Paris. Passage Saint-Pierre-Amelot, sur une porte du Bataclan d’où s’était échappé un flot de spectateurs le soir du 13-Novembre, il peint une jeune fille tête baissée sous son voile de deuil. Revendiquée quelques jours plus tard sur son compte Instagram, l’œuvre jouit aussitôt d’un immense succès : pour le grand public, les victimes de l’attentat et les politiques, elle devient le symbole du recueillement face à la violence. Mais la cote de Banksy et sa notoriété suscitent aussi les convoitises.
En janvier 2019, la porte s’évapore dans la nuit sous le regard impuissant d’une caméra de vidéo-surveillance. Trois hommes, quelques outils et une camionnette blanche dont la plaque est floutée : les indices sont minces. À la faveur d’une dénonciation, les enquêteurs français et italiens finiront pourtant par remonter une piste et retrouver La Jeune fille triste dans une grange des Abruzzes, en Italie… Construit autour de l’enquête policière, Banksy, le Bataclan et la jeune fille triste a un peu des allures de Faites entrer l’accusé, la théâtralité en moins. Ce parti pris peut s’avérer décevant, puisque les voleurs ne sont finalement que des Pied-Nickelés sans envergure, à mille lieues du réseau organisé de trafiquants d’œuvres d’art. Mais la crapulerie du fait divers permet aussi d’aborder le street art dans toute sa complexité. Grâce aux éclairages d’une poignée d’experts (Sabina Andon, Nicolas Laugero Lasserre, Arnaud Oliveux…), le documentaire montre ainsi les ambivalences d’un phénomène pris entre reconquête de l’espace public et cupidité débridée de ceux qui entendent en tirer profit.
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Le pochoir envolé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Le pochoir envolé