Quand les musées s’engagent dans la réduction de leur empreinte carbone

De plus en plus de lieux culturels s’investissent dans leur transition écologique. Sobriété énergétique, bâti écoresponsable, programmation engagée, mutualisation des œuvres, scénographie zéro déchet… Les possibilités sont multiples pour réduire l’impact environnemental. Le palais des Beaux-Arts de Lille s’affiche comme pionnier en la matière avec son « Expérience Goya » (2021-2022), une exposition éco-conçue qui renouvelle l’usage du numérique en choisissant de projeter certaines œuvres en virtuel plutôt que de les faire venir en avion. Ce faisant, l’exposition n’a produit que 36 tonnes de CO2 eq au total (sans prendre en compte les émissions de GES des publics) – soit l’empreinte carbone annuelle de trois Français – tout en sensibilisant les visiteurs à ces enjeux environnementaux. Un engagement à la fois écologique et pédagogique partagé par la Cité des sciences et de l’industrie, dont l’exposition « Précieux déchets » (2023-2024) met en lumière le potentiel du déchet comme matériau de design avec une scénographie entièrement éco-conçue (peinture à base d’algues, réutilisation d’écrans, éclairage éco-responsable, etc.).

Les musées tendent aussi vers plus de sobriété dans leur fonctionnement quotidien. Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM) de Marseille a baissé la climatisation de ses salles l’été, utilise l’eau de mer pour s’alimenter en énergie et réduit ses déchets en privilégiant le recyclage ou le réemploi de matériaux. Le Musée d’ethnographie de Genève (MEG) a élaboré un plan d’action « numérique responsable » et favorise le transport d’œuvres groupées. Les musées de Reims prolongent la durée de leurs expositions temporaires et réduisent la consommation de supports papier dans leur communication. Bon nombre de centres d’art se préoccupent de leur impact environnemental à l’instar de la Maison des arts de Malakoff, qui a lancé l’expérimentation « Couper les fluides » avec le collectif Les Augures entre février et juin 2023, période durant laquelle la quasi-totalité de ses fluides énergétiques (eau, gaz, électricité) a été coupée pour explorer d’autres choix.

Pour accélérer cette transition écologique, le ministère de la Culture a ainsi mis en place, le 23 mai dernier, un référentiel pour guider les sociétés de production du cinéma, de l’audiovisuel et de la publicité dans l’adoption de pratiques plus durables.