La reconfiguration de l’invasion russe relâche la pression sur l’ouest de l’Ukraine au détriment de l’Est qui s’attend au pire dans les prochaines semaines.
Kiev. Avec l’annonce fin mars par Vladimir Poutine de sa nouvelle stratégie centrée sur le Donbass, les principaux sites culturels de l’ouest de l’Ukraine se trouvent temporairement hors de danger. C’est le cas de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, et des dizaines de musées de la province de Lviv. Si, d’après le ministère de la Culture ukrainien, plusieurs églises et sites mémoriels de la région de Kiev ont subi des dégradations, peu de destructions totales sont signalées jusqu’à présent. Et les grands musées ont tous été épargnés par les combats.
C’est désormais sur le Donbass, à l’Est, que se concentrent les risques pour le patrimoine, qui a déjà souffert depuis le début de la guerre. D’après le ministère de la Culture ukrainien, de nombreuses églises du XIXe siècle ont été endommagées dans les districts de Donetsk et Lougansk, comme l’église Saint-Nicolas à Donetsk : ses coupoles se sont effondrées et l’iconostase ainsi que l’autel ont été détruits. Dans la région de Marioupol, les premières constatations font état de dizaines d’églises détruites, dont des églises modernes du courant évangélique, et de centaines d’immeubles effondrés. Le maire de Marioupol, Vadym Boytchenko, déclarait le 7 avril que « la ville est détruite à 90 %, et les infrastructures […] totalement inutilisables ». Parmi les bâtiments emblématiques détruits se trouvent le célèbre théâtre de la ville et le Palais de la culture datant de la période soviétique. À noter que les combats ont aussi détruit de très nombreux monuments commémoratifs, notamment érigés ceux en l’honneur du poète et artiste Taras Chevtchenko (1814-1861) dont plusieurs bustes ont été visés par des tirs d’armes légères.
Le sort du patrimoine du Donbass dépend donc de l’avancée des troupes russes et de leur stratégie.Les zones voisines du Donbass pourraient aussi voir leur patrimoine attaqué; ainsi, au nord-ouest du Donbass, l’expert militaire Michel Goya constate que « les Russes récupèrent sur le front Est des groupements tactiques interarmes […] pour les déployer entre Kharkiv et Yzioum ». La ville de Kharkiv a été abondamment bombardée depuis le début de la guerre, et une occupation totale par les Russes serait fatale à son patrimoine. Au Sud, le risque est le même, au-delà du cas particulier de Marioupol, selon Jens Stoltenberg (secrétaire général de l’Otan), car « la Russie veut créer un pont terrestre avec la Crimée » et occuper la côte de la mer Noire. Les sites archéologiques de cette région déjà pillée en 2014 seraient alors définitivement perdus pour l’Ukraine.
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Patrimoine ukrainien : soulagement à l’Ouest, craintes pour le Donbass
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°587 du 15 avril 2022, avec le titre suivant : Patrimoine ukrainien : soulagement à l’Ouest, craintes pour le Donbass