Royaume-Uni - Musée

Le Parlement britannique envisage le retour des frises du Parthénon

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 18 juillet 2016 - 587 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [18.07.16] – Tout juste deux cents ans après l’acquisition contestée des frises du Parthénon par le Royaume-Uni et au lendemain du vote pour la sortie du pays de l’Union européenne, une proposition de loi a été déposée pour restituer les frises du Parthénon à la Grèce.

Deux cents ans jour pour jour après l’acquisition des marbres d’Elgin actée dans une loi votée par le Parlement britannique le 11 juillet 1816 afin de les confier au British Museum, le schéma inverse pourrait se produire : le député Mark Williams (Libéraux-Démocrates gallois) a déposé au Parlement lundi 11 juillet 2016 une proposition de loi visant à « prendre des mesures pour le transfert de propriété et le retour à la Grèce des frises du Parthénon – ou marbres d’Elgin – acquises par le Royaume-Uni en 1816, et pour amender en conséquence le British Museum Act 1963. »

Entre 1802 et 1804, alors que la Grèce appartenait à l’empire ottoman, près de la moitié de la frise du Parthénon avait été emportée par le diplomate britannique Lord Elgin. Ces marbres du Parthénon sont exposés au British Museum depuis 1816 et revendiqués par la Grèce depuis des années.

Cette fois-ci, l’initiative vient du Royaume-Uni. La proposition de loi est soutenue par le Parti travailliste (Labour), le Parti national écossais (Scottish National) ainsi que le Parti national gallois (Welsh nationalists). Le Parti conservateur – au pouvoir – ne s’est pas prononcé. Le Premier ministre sortant, David Cameron, avait indiqué en 2011 que la Grande-Bretagne « ne perdrait pas ses marbres », quand sa toute nouvelle remplaçante, Theresa May, se tait encore sur le sujet. Mais les médias britanniques imaginent déjà l’image que le Royaume-Uni pourrait renvoyer aux pays de l’Union européenne (U.E) en retournant les frises du Parthénon. Au lendemain du Brexit, certains voient dans cette initiative un beau coup diplomatique.

Andrew George, président de l’association britannique pour la réunification des sculptures du Parthénon, s’est saisi de l’argument : pour lui, la mise en œuvre du Brexit [le pays a deux ans pour rompre les liens avec l’U.E], est une période idéale pour montrer que « cela n’implique pas que nous devenions centrés sur nous-même et xénophobes vis-à-vis de l’U.E, mais plus confiants et davantage bienveillants ; et il n’y a pas une meilleure démonstration de cette générosité et de cette bienveillance que de faire ce qui serait la bonne chose pour les Grecs », rapporte The Independant.

Pourtant, les dernières tentatives se sont montrées infructueuses : le processus de médiation initié en 2013 par l’Unesco avait été refusé par le British Museum et le gouvernement du Royaume-Uni en avril 2015 ; en décembre 2015, c’était la Grèce qui mettait fin à sa collaboration avec le cabinet d’avocats d’Amal Alamuddin Clooney, préférant la diplomatie aux tribunaux. Malgré un récent sondage Ipsos-Mori montrant que 69 % des personnes informées sur le sujet étaient en faveur d’un retour des sculptures et que 13  % étaient contre, la position du British Museum ne change pas : les sculptures du Parthénon font partie d’un patrimoine mondial partagé, transcendent les frontières politiques et ont parfaitement leur place au sein des collections du musée. Hartwig Fischer, nouveau directeur de l’institution, a par ailleurs soutenu personnellement ce point de vue.

La présentation de la proposition, le 11 juillet dernier au Parlement (qui siège au Palais de Westminster à Londres) équivaut à une phase de « première lecture », malgré l’absence de débats. La seconde lecture du texte aura lieu au sein de la chambre basse du Parlement (House of Commons), le 20 janvier 2017.

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Centaure combattant un Lapithe, métope sud XXXI du Parthénon, British Museum, Londres © photo Ludosane, 2015

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