Une étude recense les attaques contre la liberté des artistes dans le monde

« La création artistique est libre ». C’est l’article 1 du projet de loi relatif à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, adopté en première lecture par l’Assemblée nationale en octobre dernier. La liberté artistique subit des pressions extrêmes dans le monde entier, même si des efforts sont faits par la communauté internationale (*).

C’est ce que montre le quatrième rapport annuel sur les attaques contre la liberté artistique publié par Freemuse – organisation internationale qui défend la liberté d’expression pour les musiciens et les compositeurs à travers le monde. L’étude « Art Under Threat » recense les censures et attaques contre la liberté artistique en 2015 dans 70 pays. En 2015, 3 artistes ont été tués, 15 ont été récemment emprisonnés, 31 purgent toujours une peine, 6 ont été enlevés, 24 ont été attaqués physiquement, 33 persécutés ou menacés, 42 poursuivis en justice, 23 détenus. A cela, s’ajoutent 292 actes de censure.

Un doublement des cas recensés
Au total, le rapport recense 469 cas de censures, d’attaques contre des artistes et de violations de leurs droits pour l’année 2015. Ce chiffre a presque doublé par rapport à 2014, année qui enregistrait 237 cas ( 98 %). Même si l’organisation nuance cette forte progression en raison des progrès méthodologiques, elle observe que les violations de la liberté de création continuent à être sous estimées et peu documentées en raison d’un manque de volonté politique et de moyens mis en œuvre.

Les analyses de Freemuse portent sur les différentes branches de la culture : musique, arts visuels, cinéma (fiction), théâtre (performances artistiques comprises), littérature (fiction) et danse. Les statistiques concernent les artistes tués, emprisonnés, enlevés, attaqués persécutés ou menacés, poursuivis en justice et détenus. Elles ne prennent pas en compte le travail des journalistes et des dessinateurs de presse. Néanmoins, les résultats du classement de Reporters sans frontières (RSF) se rapprochent de celui de Freemuse.

La musique, première victime
La musique est de loin la catégorie la plus ciblée : 310 cas ont été observés en 2015 (dont 223 concernent des censures). Freemuse explique ce chiffre en partie par un cas particulier en Chine, où le gouvernement a mis sur une liste noire 120 chansons en août 2015 soit autant de cas. En Iran, trois artistes ont été condamnés à six ans de prison pour avoir produit et fait la promotion de musique « underground » ; l’un a subi des violences. Le secteur du cinéma enregistre quant à lui 50 cas, la littérature 38 et les arts visuels 30.

La Chine, l’Iran et la Russie, des pays où il ne fait pas bon être artiste En 2015, les dix pays qui violent le plus la liberté artistique (en comptabilisant les meurtres, emprisonnements, enlèvements, attaques, persécutions, menaces, poursuites en justice et détentions compris) sont la Chine (20 cas), l’Iran (16 cas), la Russie (15), le Burundi (10), la Syrie (10), la Turquie (10), l’Inde (9), l’Egypte (7), le Maroc (7) suivi de Cuba, du Pakistan et de la Tunisie (6). La politique et la religion sont les deux causes majeures d’attaques contre les artistes. Le rapport « Art Under Threat » cite notamment le cas du poète palestinien Ashraf Fayadh, condamné à mort le 17 novembre 2015 par un tribunal d’Arabie Saoudite pour avoir renoncé à l’Islam. Le cas récent de l’artiste russe Piotr Pavlenski interné suite à sa dernière performance vient naturellement à l’esprit.