GUANGZHOU / CHINE
Plusieurs œuvres d’artistes étrangers ont été retirées de la liste des pièces exposées pour des raisons qui n’ont pas été explicitées.
Alors que la Triennale de Guangzhou doit ouvrir au public vendredi 21 décembre (jusqu’au 10 mars) au Guangdong Museum of Art, les organisateurs ont supprimé de la programmation des œuvres de plusieurs artistes. Ces derniers, comme les commissaires invités pour la Triennale, ont du mal à en comprendre les raisons. Si les évocations politiques ou sociales, ainsi que les images de nus, font souvent l’objet d’une censure en Chine, les œuvres en question sont bien éloignées de ces sujets, et leur rejet relève d’une problématique moins attendue.
Une vidéo de l’artiste américaine Heather Dewey-Hagborg, réalisée avec le cinéaste Toshiaki Ozawa, fait partie des œuvres qui ne seront finalement pas présentées. Il s’agit d’une fiction racontant la démarche d’un « bio-hacker » parvenant à retrouver l’identité d’un individu dont il s’est procuré un extrait de salive issu d’un don. La censure frappe également une autre fiction, intitulée The Modular Body et créée par l’artiste néerlandais, Floris Kaayk, imaginant la conception d’un organisme vivant à partir de cellules humaines et organes artificiels. Une troisième pièce, des australiens Zach Blas et Jemima Wyman, faisant revivre le bot Tay devenu raciste en moins de 24 heures, a été écartée de la sélection.
Certaines hypothèses technologiques ne semblent donc pas les bienvenues à la Triennale de Guangzhou. Cela paraît d’autant plus surprenant que le thème choisi pour cette édition est précisément celui des questionnements liés aux innovations techniques et aux rapports entre les machines et les humains. Le titre « As We May Think, Feedforward » (Comme nous pourrions le penser, anticipons) et la description qui l’accompagne, signalent clairement que la manifestation est l’occasion « d’envisager les multiples implications, réelles et virtuelles, engendrées par un espace-temps construit par la technologie ». Trois sections développent ce thème, présentant l’univers digital comme une « nouvelle forme de réalité qui reconfigure les expériences contemporaines » ou encore évoquant une sorte d’unité entre humains et machines.
A l’heure où la polémique concernant les bébés génétiquement modifiés secoue la communauté internationale et a conduit la Chine à désapprouver publiquement le chercheur He Jiankiu, les directions empruntées pas certains artistes pour alimenter le débat sur les nouvelles technologies ne correspondraient pas aux réponses attendues. Ce n’est cependant pas ce que laisse entendre Huang Yaqun, directeur adjoint du département des études du Guangdong Museum of Art, qui évoque selon New York Times « une incompatibilité avec le goût et les habitudes culturelles des habitants de Guangdong ». Pour Heather Dewey-Hagborg, il semble plus probable que « tout ce qui traite des futures biotechnologies et des vulnérabilités ou part sombres liées à cet avenir peut paraître dangereux ».
Des raisons qui restent donc à éclaircir. Moins évidentes que celles qui ont conduit en juin dernier à censurer une exposition sur Mai 68 prévue à Pékin, mais pas tout à fait inattendues de la part d’un pays qui figurait dans un rapport de 2016, en tête de liste des attaques contre la liberté des artistes.
Créée en 1997, la Biennale de Guangzhou est devenue une triennale en 2002. Elle accueille pour cette édition 49 artistes venant de 12 pays.
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Des œuvres censurées à la Triennale de Guangzhou en Chine
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