La mairie de Narbonne refuse d’exposer des clichés de réfugiés et ferme prématurément une exposition

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 21 mars 2016 - 537 mots

NARBONNE (AUDE) [21.03.16] – Inaugurée le 4 mars dernier, l’exposition de Louis Jammes qui se tient à l’Aspirateur, lieu d’art contemporain de Narbonne, a été fermée par la mairie de façon prématurée suite à des désaccords entre l’artiste et la ville.

Initialement programmée jusqu’au 30 avril, l’exposition « Louis Jammes. Rétrospective 1983-2015 : Lucie, cette obscure clarté qui tombe des étoiles » n’aura duré que dix jours. L’Aspirateur, lieu d’exposition et de création, est fermé depuis le dimanche 13 mars au soir, en raison de désaccords entre le photographe et les organisateurs de l’exposition. Dans un communiqué, la ville de Narbonne, propriétaire de l’Aspirateur, a déclaré avoir « dû se résoudre à mettre fin prématurément à l’exposition du photographe Louis Jammes ». L’exposition de Louis Jammes, né en 1958, présentant des clichés plus ou moins récents questionnant le rapport à la nature et aux origines, l’exil et le temps présent.

Cette issue est le résultat d’une succession de malentendus et de désaccords entre les parties. Le malaise a débuté lorsque, mécontent de la réception tardive d’une partie de ses œuvres par la mairie le jour du vernissage (le 4 mars), Louis James a peint en rouge la phrase suivante sur l’édifice de l’Aspirateur: « Narbonne city hall forgot to receive 25 pieces lol » (La mairie de Narbonne a oublié de recevoir 25 œuvres lol).

L’artiste s’est par la suite vu refuser par la ville l’accrochage, sur des panneaux dans la ville consacrés à la promotion de l’évènement, de quatre photographies de migrants syriens photographiés en octobre 2015 à la frontière serbo-croate. « Cette possibilité d'affichage urbain était pourtant prévue initialement, et c'est même ce qui m'avait séduit dans ce projet » a confié l’artiste au journal L’indépendant. Face à ce refus, il a décidé de les afficher sur les murs extérieurs de l’Aspirateur, une initiative très mal reçue par la mairie qui l’a immédiatement censurée. Le 10 mars, lors de la réception des œuvres manquantes, Louis Jammes a décidé de les exposer en les recouvrant en partie de couvertures de survie.

Dans son communiqué, la mairie a simplement expliqué que « la Ville et le Parc naturel régional de la Narbonnaise en Méditerranée, co-organisateurs de cette exposition, n’entendent pas entrer dans la polémique provoquée par l’artiste, du fait de ses déclarations publiques ou de son comportement, à l’intérieur et aux abords de l’Aspirateur ».

Après la censure, Louis Jammes s’est rendu à Narbonne pour constater la fermeture du lieu. L’exposition « a été très compliquée à monter, car je ne sentais aucun désir, aucune envie du côté de la municipalité, juste du vide » a-t-il confié à L’Indépendant. « Didier Mouly [N.d.A : le maire, DVD, Divers droite] n'aime pas l'art contemporain » a-t-il ajouté. Il a notamment refusé la photo de couverture du fascicule qui représentait deux migrants afghans tenant un arc de triomphe. Soutenu par le président du PNR de la Narbonnaise en Méditerranée, Louis James avait finalement pu conserver cette version.

La reconversion de L’Aspirateur en lieu d’art contemporain, qui remonte à 2013, est l’initiative du prédécesseur de Didier Mouly, le socialiste Jacques Bascou. Depuis, des accrochages d’Erró, Bernard Rancillac, Jacques Monory, Barthélémy Toguo, Athina Ioannou ou encore Peter Klasen se sont succédés.

Légendes photos

Louis Jammes, Le chemin de l'exode, Sid, frontière serbo-croate, Serbie le 20-09-2015. une des 4 photos censurées de l'exposition LUCIE à L'aspirateur

Louis Jammes, Sur le chemin de l'exil, monochrome doré - WORK IN PROGRESS, 2016 &copy Photo Louis Jammes

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