TUNIS (TUNISIE) [11.12.15] - Alors que le Quartet tunisien a reçu hier le Prix Nobel de la Paix, plusieurs artistes et bénévoles du secteur culturel ont été condamnés à des peines de prison pour des griefs véniels.
Fin novembre, deux bénévoles des Journées cinématographiques de Carthage, le principal festival de cinéma tunisien ont été arrêtés à 21h20, soit 20 minutes après l’entrée en vigueur du couvre-feu. Cette mesure d’urgence fait suite à l’attentat du 24 novembre qui a fait 13 morts à Tunis. Adnen Meddeb et Amine Mabrouk sont fouillés et la police saisit un paquet de feuilles à rouler du tabac. Le juge retient une présomption de consommation de stupéfiants et les deux bénévoles des JCC écopent d’un an de prison ferme en comparution immédiate.
Quelques heures plus tard, c’est une perquisition à Nabeul, près d’Hammamet, qui surprend trois artistes à leur domicile. L’un est peintre, l’autre photographe, le dernier vidéaste. Les raisons de la perquisition sont encore floues. Leur avocat avance simplement le fait que « l’un d’eux était barbu, et la possession de matériel vidéo est par essence suspecte en ce moment ». Sur place, la police mentionne avoir trouvé 2 grammes de cannabis. Après trois semaines de garde à vue, les charges de terrorisme sont abandonnées mais le juge retient la possession et la consommation de stupéfiants : un an ferme.
Tel est le caractère automatique de la fameuse loi 52, dont Ghazi Mrabet, avocat des trois prévenus, est un des pourfendeurs acharnés. Alors que les membres du quartet tunisien (*) ont reçu hier à Oslo le Prix Nobel de la Paix, le caractère disproportionné de la peine attise un peu plus la colère contre une démocratie qui n’en a pas encore tous les attributs. En dernier recours, Ghazi Mrabet demandera une grâce présidentielle. A l’occasion du 24 décembre ou du 14 janvier (date de la chute de Ben Ali), il arrive que des primo-condamnés à la conduite exemplaire bénéficient d’une amnistie partielle ou totale. L’un des artistes souffrant de la maladie de Crohn, les conditions de détention alarment particulièrement son avocat.
Atef Maâtallah est peintre, membre du collectif Zamaken. Il vit entre Tunis et Paris, où il a résidé à la cité des arts en 2013. Il a notamment exposé à la galerie Talmart (4e) et cette année au salon DDessin où il a obtenu un prix. Fakhri El Ghezal est photographe et exposait encore au MUCEM il y a quelques semaines. Ala Eddine Slim est cinéaste. Il a notamment coréalisé le long-métrage Babylon, projeté au MOMA en 2012.
(*) Le quartet du dialogue national est l'association de quatre organisations tunisiennes qui ont oeuvré pour permettre la tenue des élections présidentielles et législatives ainsi qu'à la ratification de la nouvelle Constitution en 2014.
Le quartet est composé de l'Union générale tunisienne du travail, de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, du Conseil de l'Ordre national des avocats de Tunisie et la Ligue tunisienne des droits de l'homme.
Le quartet a reçu le prix Nobel le 10 décembre 2015 pour son succès dans sa mission.
Source Wikipedia
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Trois artistes tunisiens condamnés à un an ferme
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Abonnez-vous dès 1 €Atef Maatallah, El 7itt (Le Mur), 2014, diptyque, Crayon sur papier Canson, Détail de l'installation © 2015 galerielmarsa.com