PARIS [14.01.16] - Le quotidien Libération et l'ONG Reporters sans frontières ont renoncé à une vente caritative de unes du journal revisitées par des artistes prévue le 27 janvier, après une demande de retrait de l'une de ces oeuvres par l'ambassade d'Israël, ont affirmé RSF et Libération jeudi.
La une incriminée est une couverture de 2004 qui annonçait l'enterrement de Yasser Arafat, le leader palestinien qui était symbolisé par un keffieh avec le titre "Et maintenant?".
L'artiste Ernest Pignon-Ernest a ajouté sur cette une le visage du leader palestinien incarcéré Marwan Barghouti et écrit "en 1980, quand j'ai dessiné Mandela, on m'a dit qu'il était terroriste".
Marwan Barghouti, en prison depuis 2002 pour l'organisation d'attaques anti-israéliennes durant la seconde intifada de 2000, est devenu pour les Palestiniens l'un des symboles de la résistance à l'occupation israélienne.
Reprochant à l'artiste la comparaison avec Mandela, l'ambassade d'Israël a demandé à la maison Artcurial, qui organisait la vente, de retirer l'oeuvre.
"Ce portrait met aux enchères un projet terroriste, là où l'on cherche à faire croire qu'il s'agirait d'un homme de paix", écrit l'ambassade dans un courrier consulté par l'AFP.
Artcurial a accepté la demande de retrait de la une et l'a transmise à Libération et RSF, qui ont refusé, préférant reporter la vente et trouver un autre organisateur.
"Dans le contexte des récents attentats et de la prorogation de l'état d'urgence", le maintien dans la vente de cette oeuvre constituerait une "source potentielle de trouble à l'ordre public", a déclaré Francois Tajan, président délégué d'Artcurial, à l'AFP.
"Dans ces conditions, cette oeuvre ne sera pas présentée à la vente", indique Artcurial, précisant que cette décision ne traduisait "aucun jugement sur l'oeuvre elle-même".
Pour RSF comme pour Libération, la vente du 27 janvier est "annulée".
"Une solution alternative est à l'étude", a indiqué RSF, dans un communiqué.
"Nous mobilisons nos réseaux pour trouver une autre maison de ventes qui acceptera de prendre l'intégralité des artistes, condition de la tenue de cette vente", a poursuivi RSF.
"Je suis étonné qu'une ambassade étrangère puisse décider de ce que l'on expose ou pas. Et qu'une maison de ventes cède aux pressions", a déclaré pour sa part Ernest Pignon-Ernest à Libération.
L'ambassade d'Israël n'était pas joignable jeudi soir pour commenter ce report.
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Libération et RSF renoncent à une vente caritative après une requête de l'ambassade d'Israël
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