TEHERAN (IRAN) [14.04.17] – Emprisonnés depuis juillet 2016, les fondateurs de la galerie Aun à Téhéran, Karan Vafadari et Afarin Nayssari, font l’objet de nombreux chefs d’accusations dénoncés comme étant sans fondement par des organisations de défense des droits de l’homme. Leur procès s’ouvre lundi 17 avril.
La galerie Aun à Téhéran est fermée depuis l’été dernier. Ses deux fondateurs, Karan Vafadari et Afarin Nayssari n’ont pas pu y retourner depuis le 20 juillet 2016, date à laquelle ils ont été arrêtés et écroués. Ils sont notamment accusés d’avoir tenté de « renverser le gouvernement iranien », ce que conteste l’association des droits de l’homme iranienne.
Incarcérés dans la prison d’Evin à Téhéran, depuis plus de 8 mois, les galeristes se seraient vu refuser l’accès à un avocat, auraient subi à maintes reprises des interrogatoires intensifs et auraient également régulièrement été placés en cellule d’isolement. Leur procès débute lundi prochain : ils encourent jusqu’à 21 ans d’emprisonnement.
Le magistrat en charge du dossier, Abolqasem Salavati, est connu pour avoir jugé beaucoup d’affaires controversées en Iran. Il est, avec 6 autres juges iraniens, soupçonné de manquer d’impartialité et de se faire l’instrument de la répression des journalistes et opposants politiques en Iran. Aux premiers chefs d’accusation, il a lui-même ajouté ceux d’espionnage, d’association avec des diplomates étrangers et de consommation de boissons alcoolisées. Ainsi que 3 autres accusations plus graves encore : celle avoir voulu « renverser la République islamique d’Iran », d’avoir « recruté des espions dans les ambassades étrangères » et d’avoir « mis en danger la sécurité nationale du pays. »
Rendue publique par les proches des galeristes en décembre dernier (dont la sœur de Karan Vafadari qui en relate les rebondissements sur le blog Free Karan Vafadari and Afarin Nayssari), l’affaire a suscité de nombreuses réactions. Pour certains, l’emprisonnement du couple est une attaque à l’encontre de la communauté zoroastrienne d’Iran à laquelle appartient Karan Vafadari. La communauté est reconnue comme une minorité religieuse depuis 1979 et n’est pas soumise aux lois islamiques concernant la consommation d’alcool et les rassemblements mixtes.
D’autres y voient plutôt une volonté de réprimer l’art contemporain et la liberté d’expression. Une hypothèse que les destructions d’œuvres d’art dans la galerie Aun et leur vol par les gardiens de la Révolution (organisation paramilitaire dépendant directement du chef de l’Etat iranien) semblerait confirmer.
La galerie a été fondée en 2009 et expose des artistes contemporains iraniens. Depuis son inauguration, les 120 m² de surface d’exposition ont accueilli plus de 140 expositions. Son site indique qu’aucun événement n’aura lieu d’ici les prochaines semaines.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Deux galeristes iraniens accusés d’avoir tenté de renverser le gouvernement de leur pays
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Karan Vafadari and Afarin Nayssari © Center for Human Rights in Iran