Disparition - Photographie

Arles et la photographie en deuil de Lucien Clergue

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 17 novembre 2014 - 583 mots

ARLES

PARIS [17.11.14] - Le photographe, co-fondateur des Rencontres de la photographie d’Arles, s’est éteint à 80 ans. Celui qui œuvra, parallèlement à son travail de création, à hisser en France la photographie au rang d’art, et à faire de sa ville natale le berceau du plus grand festival photo au monde, n’a jamais failli dans ses passions ni dans son engagement.

Neuf jours après la disparition de Manitas de Plata, Lucien Clergue, l’ami, celui qui l’a découvert en 1955, et fait connaître en France et dans le monde, s’en est allé. L’inauguration cet été de l’exposition « Les Clergue d’Arles » toujours en cours au musée Réattu comme celle des Rencontres d’Arles avaient montré un homme affaibli par la maladie mais toujours aussi talentueux pour conter son itinéraire peu banal, son amitié avec Picasso et ses rencontres avec les plus grands noms de la photographie jalonnés de mille et une anecdotes.

L’enfant d’Arles née en 1934 à quelques mètres du musée Réattu n’a jamais fléchi dans sa passion pour la photographie ni dans son enthousiasme à partager ses coups de cœur. Quand le photographe Izis dit devant les images que lui présentait le jeune Lucien Clergue, membre du photo club de la ville : « je ne sais pas où vous voulez en venir mais allez-y », il ne pouvait pas dire mieux. Picasso, abordé à la sortie des arènes d’Arles peu de temps après et visité en 1955 à la villa Californie avec des photographies de nu, fut tout aussi encourageant. « Je veux que vous en fassiez d’autres » lui déclara le maître avec lequel Lucien Clergue a entretenu une amitié jusqu’à sa disparition en 1973.

Passion et admiration allaient de pair chez cet homme généreux, chaleureux, tenace. Picasso, Cocteau, Manitas de Plata, José Reyes, Saint-John Perse à l’instar de Brassaï, Edward Weston ou Ansel Adams, ses références en photographie, formaient le noyau dur de l’ancrage culturel et artistique de cet autodidacte curieux non exempt de failles et de fêlures, celle causée en particulier par la mort de sa mère à son adolescence.

Si Arles et la Camargue forment le cadre de sa création artistique, de sa passion également pour la tauromachie partagée avec Picasso, sa ville natale lui doit d’être devenue le lieu du plus grand festival de la photographie de renommée internationale, et le musée Réattu d’avoir disposé dès 1965 du premier département de photographie dans un musée français. Lucien Clergue avec son complice Jean-Maurice Rouquette, directeur des musées de la ville, formèrent un duo précurseur et visionnaire dans leur volonté d’exposer et de constituer une collection de photographies au sein du musée Réattu, nourrie, enrichie par Lucien Clergue et les photographes exposés aux festival d’Arles ou rencontrés lors de ses séjours à l’étranger principalement aux États-Unis.

Lucien Clergue ne se rêvait pas en académicien bien qu’il ne cacha pas sa fierté lorsqu’il fut en 2007 le premier photographe à être élu par l’académie des Beaux-Arts de l’Institut de France. Il rêvait cependant que sa ville natale lui offre un lieu qui lui soit dédié. L’hommage, le regard rétrospectif sur son parcours et son œuvre, sont venus cet été des Rencontres d’Arles tandis que le musée Réattu donne à voir jusqu’au 4 janvier l’itinéraire et l’œuvre de cet enfant du pays qui n’a jamais oublié d’où il venait, et ce qu’il devait à la photographie et à l’art.

Célébration religieuse

Les obsèques de Lucien Clergue auront lieu vendredi 21 novembre 2014 à 15h à la Primatiale Saint-Trophime à Arles

En savoir plus
Consulter la biographie de Lucien Clergue

Légendes Photos :
Lucien Clergue - 2007 © Photo Frédéric Marigaux pour L'oeil

Lucien Clergue, Nu zébré, New York, 1997, tirage argentique noir et blanc © photo Lucien Clergue

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