L’histoire, extraordinairement belle, évoque ce jeune homme audacieux d’à peine 18 ans, passionné de photographie, osant aborder le dieu Picasso au sortir des arènes d’Arles pour lui montrer la photo d’une jeune fille en surimpression.
Cette photo scellera leur collaboration et l’amitié très forte qui liera les deux hommes jusqu’à la disparition du maître en 1973. Ce portrait de Clergue, que Picasso s’était en quelque sorte approprié en le signant, ouvre l’exposition d’automne du Musée Réattu intitulée « De Clergue à Picasso », prolongement des « Clergue d’Arles » de la saison estivale [lire ci-contre]. Elle présente pour la première fois au public une soixantaine de pièces inédites qui constituent la collection de Picasso par Lucien Clergue : des gravures à la pointe sèche, à l’eau-forte, des dessins, des documents, des photos, pour la plupart dédicacés, d’une suite qui, au-delà de la diversité des techniques rompues à la virtuosité d’un génie, raconte l’amitié et l’admiration réciproque entre un photographe et un peintre. Le parcours s’articule selon les épisodes et les thèmes essentiels qui ont émaillé leur collaboration. Celui de la tauromachie tout d’abord, passion commune qui a constitué entre les deux hommes un lien jamais altéré. L’affiche de l’exposition représente une linogravure d’un portrait de matador qui renvoie à l’emblématique portrait de Picasso à Cannes se détachant sur un fond noir et dont le regard hypnotique fixe le spectateur suspendu au mouvement aérien de sa main. La partie traitant de leur collaboration éditoriale tient également une place importante dans le parcours. Il y a ce premier livre, illustré par Clergue de douze photographies, d’un recueil de seize poésies d’Éluard intitulé Corps mémorable, avec une couverture en couleurs de Picasso réalisée de quelques traits jubilatoires. Mais le thème illustrant de la façon la plus immédiate cette amitié, ce sont les photos que Clergue a réalisées dans l’intimité de Picasso, qui sont autant d’instantanés exécutés au gré de la vie qui s’écoule. Les plus fortes étant incontestablement celles où Manitas de Plata joue de la guitare pour un Picasso hilare.
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Les Picasso de Clergue
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°673 du 1 novembre 2014, avec le titre suivant : Les Picasso de Clergue