L’État veut accélérer les travaux de restauration d’une cinquantaine d’édifices afin de relancer l’économie du secteur.
Sur les cinq priorités dégagées par le volet culture du plan de relance, « restaurer le patrimoine » était la première. 614 millions d’euros sur les 2 milliards sont ainsi consacrés au patrimoine, sur lesquels 160 millions financeront des chantiers de restauration. Symbole médiatique de cette ambition, le « plan cathédrales », qui mobilise un peu plus de 80 millions d’euros, représente le double des crédits annuellement consacrés aux cathédrales (entre 40 et 50 millions par an), sans toutefois les remplacer.
Ce coup d’accélérateur budgétaire fait écho aux désastres survenus à Notre-Dame de Paris, puis, cet été, à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes. Déjà prise en charge par le « plan sécurité cathédrales » lancé en 2019, la mise aux normes des édifices n’est pourtant pas le but poursuivi par cette enveloppe de relance, même si elle finance quelques chantiers de ce type, comme à Marseille, Aix-en-Provence ou Saint-Denis de la Réunion. « On essaie d’intervenir globalement, explique Jean-Michel Loyer-Hascoët, chargé du patrimoine au ministère de la Culture, pour les opérations de réfection des couvertures, les opérations de sécurisation des toits vont de pair. »
En engageant 80 millions d’euros dans les cathédrales, le ministère de la Culture compte surtout faire « ruisseler » cet argent vers les professionnels de la restauration et du tourisme. « Comme je le dis souvent, il est bien plus agréable de s’asseoir à une terrasse de café au pied d’une belle cathédrale restaurée qu’en face d’un édifice délabré », indique avec humour Jean-Michel Loyer-Hascoët. Les entreprises du bâtiment spécialisées dans la restauration profiteront en premier lieu de ce coup de pouce au niveau local, ainsi que les services aux touristes.
Le plan concerne une cinquantaine d’édifices sur les 87 sous tutelle de l’État, répartis sur tout le territoire métropolitain et ultramarin. Pour que les régions concernées profitent de cette manne le plus rapidement possible, l’État ajoute une contrainte calendaire : les crédits devront être dépensés d’ici 2022. Le « plan cathédrales » concerne ainsi des chantiers déjà planifiés ou entamés, pour lesquels les crédits supplémentaires auront un effet immédiat : « On accélère ainsi les schémas de restauration, et c’est l’occasion parfois de lancer une restauration un peu plus lourde que celle envisagée », détaille Jean-Michel Loyer-Hascoët.
Parmi les chantiers, beaucoup concernent le gros œuvre, comme à la cathédrale de Notre-Dame de Clermont-Ferrand, classée en péril, dont la première phase des travaux de restauration générale bénéficie de 3,8 millions d’euros. À Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons, Saint-Pierre de Beauvais, ou la nouvelle Major de Marseille, des chèques à plus de deux millions d’euros viennent accélérer la restauration des toitures. De la restauration structurelle aux restaurations de vitraux, les savoir-faire mobilisés par ces chantiers sont divers. Ainsi, Notre-Dame de Chartres reçoit 6,8 millions d’euros –– la plus grosse dotation – pour la réfection de ses décors peints et vitraux. La restauration du trésor de Sainte-Cécile d’Albi, l’orgue de Notre-Dame-de-l’Annonciation de Nancy et le baldaquin de Notre-Dame-de-l’Assomption de Luçon reçoivent également une aide significative, et les entreprises spécialisées dans ces restaurations avec.
Vitrine du plan de relance patrimoine, le « plan cathédrales » n’en est qu’une partie. Il faut y rajouter 40 millions dévolus aux monuments du Centre des monuments nationaux et 40 millions pour les Monuments historiques qui ne sont pas propriétés de l’État. Ce sont au total quinze monuments du CMN et cinquante monuments historiques dépendant des collectivités ou de propriétaires privés qui profiteront de cette dotation, avec la même contrainte calendaire. À charge des Directions régionales des affaires culturelles de faire remonter au ministère des projets de restauration mûrs, pour lesquels le tour de table n’est pas encore bouclé.
Déstabilisé par la crise sanitaire, le patrimoine semble être désormais considéré comme un vecteur de relance par le gouvernement : « C’est notre pétrole », déclarait Stéphane Bern dans une interview aux Échos, début septembre. Pour les entreprises qui vivent de ce secteur, l’enjeu est désormais de s’assurer de la stabilité des crédits publics investis dans le patrimoine culturel. « Les crédits n’ont pas baissé depuis plusieurs années, rassure Jean-Michel Loyer-Hascoët, et l’objectif pour la loi de finance 2021 est de les maintenir, voire de les augmenter sur un certain nombre de points, avec l’ambition de poursuivre tous les grands chantiers de restauration qui permettent aux entreprises de répondre à des commandes partout sur le territoire. »
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Un « plan cathédrales » à réaliser d’ici 2022
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : Un « plan cathédrales » à réaliser d’ici 2022