NANTES
Les projets de restauration et de valorisation du patrimoine fluvial et maritime de quatorze communes riveraines de la Loire pourront être aidés financièrement par Nantes Métropole.
Nantes. À l’issue du dernier conseil métropolitain, l’intercommunalité, qui dispose déjà de compétences patrimoniales (notamment via le Chronographe, service de recherches archéologiques situé à Rezé, ou encore par la gestion des musées métropolitains et des archives documentaires), a pris de nouveaux engagements pour valoriser les richesses maritimes de son territoire. « Cela va permettre de renforcer la connaissance de l’histoire de notre territoire et de doter la métropole d’une identité commune », se réjouit Anthony Descloziers, conseiller délégué à la Loire et au patrimoine de Nantes Métropole.
Cette volonté remonte à 2015, lors de la tenue d’un grand débat citoyen sur la Loire. À la suite de ce succès participatif, un inventaire des rives du fleuve a été réalisé, qui a permis d’identifier 2 250 sites et éléments liés au patrimoine fluvial de la zone métropolitaine. « C’est là qu’est apparue l’idée d’engager une coopération à l’échelle des quatorze communes riveraines de la Loire [sur les 24 que compte la métropole], en se disant que certaines n’avaient pas les moyens humains et financiers de pouvoir mettre en œuvre des politiques patrimoniales », explique Anthony Descloziers.
Outre les villes, le dispositif prévoit aussi un accompagnement pour les propriétaires privés, « à condition qu’il existe un projet patrimonial d’intérêt public », précise Anthony Descloziers. «Il ne s’agit pas d’ouvrir une fois par an pour les journées du patrimoine, ce n’est pas suffisant ! Il faut qu’il y ait un accueil du public dans la durée, la participation à des événements métropolitains… », insiste-t-il. Pour les projets publics comme privés, deux millions d’euros seront débloqués jusqu’à la fin du mandat actuel, en 2026. La métropole espère encourager la sauvegarde du patrimoine en péril et la restauration de monuments historiques ou identifiés dans le plan local d’urbanisme métropolitain. Les éléments mettant en valeur l’histoire, les techniques et les savoir-faire liés au fleuve sont également visés.
Quatre types d’aides sont prévus. La première est destinée aux « phases d’émergence », et peut être proposée pour établir un état des lieux en vue d’un projet patrimonial. Dans ce cas, 30 % du coût de la prestation peut être financé, plafonné à 15 000 euros pour un projet public et à 10 000 euros pour un projet privé d’intérêt public. La seconde est une aide au diagnostic en amont de travaux, qui peut financer, là aussi, 30 % du coût total, avec un maximum de 35 000 euros pour un projet public et de 20 000 euros pour un projet privé d’intérêt public. Une troisième prise en charge concerne les travaux : 400 000 euros pour chaque projet public et 150 000 euros pour chaque projet privé. En dernier lieu, un soutien au patrimoine en danger peut être attribué pour sécuriser des biens publics (il comporte les mêmes plafonds que l’aide aux travaux).
La direction du Patrimoine et de l’Archéologie de Nantes Métropole examinera les demandes, qui seront validées ensuite par le Conseil ou le Bureau métropolitain, en fonction du type de financement : un fonds de concours pour les projets publics, et des subventions pour ceux portés par des opérateurs privés. Les aides aux travaux, notamment celles destinées au patrimoine en péril, seront examinées en priorité, avec une date limite de dépôt des dossiers fixée au 15 septembre 2024. Pour les demandes liées aux « phases d’émergence », les dossiers seront reçus jusqu’à la fin décembre 2025.
Pour le moment, la plupart des demandes reçues concernent le mobilier fluvial (essentiellement des bateaux). La commune de Couëron a, de son côté, montré de l’intérêt pour un projet qui concernerait sa tour à plomb, datant du XIXe siècle, classée monument historique. La valorisation de ce patrimoine si particulier permettra peut-être, à terme, à l’agglomération nantaise de rayonner culturellement, comme l’espère Anthony Descloziers : « Au début, on a réfléchi à l’idée d’une labellisation Métropole d’art et d’histoire. Mais c’est un peu trop tôt, on verra ça plus tard… »
Le patrimoine maritime, projet commun des ministères de la Culture et de la Mer
Patrimoine. Près de 200 bateaux protégés, 150 musées, 105 phares inscrits et classés, 110 sites patrimoniaux remarquables, 22 éléments inscrits à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel, dont deux inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité… Le patrimoine maritime – et, par extension, fluvial, car il inclut les sites et monuments liés à l’eau douce – est protéiforme et omniprésent sur le territoire national. En 2021, les ministères de la Culture et de la Mer déplorent pourtant la trop grande méconnaissance de ce patrimoine par le grand public. Un rapport d’Henry Masson, conservateur régional des monuments historiques de Bretagne, rendu en mars dernier, indique en effet que si « certains établissements liés au patrimoine maritime ont pu recevoir l’appellation “Musée de France”, beaucoup d’autres vivent dans des conditions précaires et dans un certain isolement ». L’état du patrimoine lui-même fluctue selon les catégories. D’après le ministère de la Culture, « les phares du littoral sont plutôt en bon état, même si certains nécessitent des travaux de restauration. L’état des bateaux patrimoniaux est, lui, beaucoup plus variable ». Dans son rapport, Henry Masson regrette que « les méthodes de gestion et de conservation [ne soient] pas encore parfaitement au point ». En plus du soutien financier du ministère de la Culture (à destination des monuments historiques et des établissements labellisés « Musées de France »), et de la mise en place, en 2022, du Fonds d’intervention maritime (FIM) par le secrétariat d’État chargé de la mer, la Rue de Valois préconise une « coordination des acteurs nationaux et locaux pour donner une nouvelle impulsion à la valorisation du patrimoine maritime ». Pour cela, des référents « patrimoine maritime » seront bientôt désignés au sein de chaque direction des Affaires culturelles (DRAC) et directions interrégionales de la mer, ainsi que dans les ministères. Les premières concertations devraient concerner les régions maritimes métropolitaines et d’outre-mer, dès cet été.
Héloïse Décarre
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Nantes veut soutenir son patrimoine fluvial et maritime
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°612 du 26 mai 2023, avec le titre suivant : Nantes veut soutenir son patrimoine fluvial et maritime