Manuel Segade, le nouveau directeur de la Reina Sofía

Seules neuf candidatures avaient été déposées au concours international organisé en avril dernier pour succéder à Manuel Borja-Villel. Si les candidats latino-américains étaient favoris, c’est le Galicien Manuel Segade qui s’est imposé à la tête de la Reina Sofía. 

Né en 1976, à la Corogne (Galice), Manuel Segade a étudié l’histoire de l’art à l’université de Saint-Jacques de Compostelle avant de commencer sa carrière en 2005, à Barcelone, en tant que coordinateur à l’Espacio Metrònom. L’année suivante, il devient conservateur en chef du Centre galicien d’art contemporain (à Saint-Jacques de Compostelle), puis se lance, en 2009, comme commissaire indépendant, travaillant entre Madrid, Paris et Rotterdam. 

Sa carrière prend un nouveau tour lorsqu’il est nommé directeur de l’école du Magasin (Grenoble), en 2008. De retour en Espagne en 2015, il prend la tête du Centro de Arte Dos de Mayo (CA2M) à Móstoles (Madrid).
 
Après huit ans à la tête du CA2M, « le moment était venu de montrer mes capacités dans l’un des plus importants musées d’art contemporain du pays », s’enorgueillit Manuel Segade. Un moment certainement bien choisi après le succès, en 2022, de deux expositions organisées sous sa direction au CA2M, consacrées à Martin Wong et au Vénézuélien Alexander Apóstol et, plus récemment, à celui de la rétrospective de Juan Muñoz dont il était le commissaire, commémorant les soixante-dix ans de la naissance de l’artiste et présentée successivement à la Sala Alcalá 31 (Madrid) et au CA2M.

« Écrire le récit de la société espagnole »

Segade est tenu au moins jusqu’en 2024 par le programme de son prédécesseur avec la rétrospective d’Antoni Tapiès organisée par Borja-Villel en février prochain. Par la suite, le nouveau directeur compte poursuivre les efforts du musée sur la parité homme-femme ainsi que le développement des relations avec le public national et international.

« Manuel Borja-Villel a fait un travail énorme de diffusion à l’international. La Reina Sofía est désormais l’une des institutions les plus importantes d’Europe », reconnaît Segade. « Il faut maintenant entamer un mouvement de transformation sociale, avec une mise en contexte socio-politique espagnole plus marquée. »

Le nouveau directeur compte partager plus de projets avec les autres institutions espagnoles, afin d’écrire en synergie un « récit de la société espagnole », explique-t-il. L’objectif principal est une meilleure représentation de l’ensemble de la scène artistique espagnole, notamment des artistes mis de côté des musées ces dernières années, un choix vivement critiqué sous la direction de Borja-Villel. S’il juge le dernier accrochage de la collection très astucieux, Manuel Segade regrette que seulement 5 % des 24 000 œuvres du fonds soient exposées et compte bien remédier à cela : « Les possibilités de récits à faire découvrir au public sont illimitées avec un fonds aussi important ».