ITALIE
Le ministre de la culture a priviligié des Italiens pour la seconde vague de nomination des directeurs de musées et sites archéologiques.
Italie. « Le modèle italien est une excellence reconnue dans le monde entier », s’est félicité le ministre de la Culture, Dario Franceschini, en annonçant la nomination des directeurs de treize musées autonomes. Sur cette liste où figurent six noms de femmes, seul un est étranger, celui du Français Stéphane Verger qui dirigera le Musée national romain. En 2014, le lancement de la réforme accordant l’automonie à vingt musées et parcs archéologiques nationaux avait suscité une vive controverse. Sept directeurs étaient alors non italiens ce qui avait irrité l’aile conservatrice, le ministère de la Culture italien. Dario Franceschini n’hésitait alors pas à dénoncer le souverainisme culturel : « Pour diriger une institution, ce n’est pas la nationalité qui compte, mais la compétence », avait-il rétorqué.
Cette année, le passeport des nouveaux directeurs ne provoquera aucune polémique, même si certains déplorent ce renoncement à l’ouverture internationale. Les bilans du Français Sylvain Bellenger au Musée Capodimonte à Naples, de l’Allemand Eike Schmidt aux Offices de Florence ou encore du Britannique James Bradburne à la pinacothèque de Brera à Milan sont pourtant salués et ont conduit à leur récente confirmation pour un second mandat. « La crainte de la bureaucratie italienne et des nominations où la compétence n’est pas toujours le principal critère du choix a dissuadé plus d’un candidat étranger », confient certains fonctionnaires du Mibact. Le ministre défend une « rigoureuse sélection » parmi les 425 candidats qui ont répondu à l’appel d’offres international, avant de se présenter devant la commission scientifique où siègent les directeurs de la National Gallery de Londres ou encore du Prado de Madrid.
Parmi les nominations les plus importantes figurent celle de Francesca Cappelletti à la tête de la Villa Borghese à Rome, après le départ à la retraite d’Anna Coliva. Bien que n’ayant aucune expérience à la tête d’une institution culturelle, elle est reconnue pour ses talents de conservatrice. Toujours dans la capitale, le Français Stéphane Verger devient donc directeur du Musée national romain qui rassemble le Musée des Thermes de Dioclétien, les palais Massimo et Altemps, ainsi que la crypte Balbi. Cet archéologue de 55 ans est membre du conseil scientifique du Louvre et directeur d’études à l’École pratique des hautes études. Spécialiste des domaines celtiques, étrusco-italiques et grecs, il est responsable du programme archéologique albano-français d’Apollonia d’Illyrie dans les Balkans, et de la fouille franco-italienne de Siris-Héraclée en Grande Grèce. L’archéologue Alessandro d’Alessio passe, quant à la lui, de la direction de la Domus aurea (la villa de Néron) à celle des fouilles d’Ostia Antica, l’ancien port de Rome. Avec une superficie de 150 hectares, c’est l’un des plus vastes parcs archéologiques au monde sur lequel de nombreuses et importantes découvertes sont en train d’être réalisées.
Sur les treize musées concernés par ces nouvelles nominations, sept ont gagné leur autonomie, suite au décret adopté en décembre dernier pour parachever la réforme de 2014. Il s’agit du Vittoriano et du palais de Venise à Rome, de la pinacothèque nationale de Bologne, du Musée archéologique national des Abruzzes, du Musée archéologique de Cagliari, du palais royal de Naples, du Musée national de Matera et du parc archéologique de Sibari.
Le grand défi sera de relancer le flux de visiteurs dans les musées italiens après le coup d’arrêt porté au tourisme international par la pandémie de Covid-19. Depuis 2014, leur nombre avait progressé de 34,1 % passant de près de 41 millions de visiteurs à un peu moins de 55 millions en 2019. Une valorisation du patrimoine à laquelle Dario Franceschini serait plus sensible qu’à sa simple préservation selon ses détracteurs. « La culture et le tourisme sont indissociables », ne cesse-t-il de répéter pour promouvoir deux secteurs qui assurent plus de 16 % du PIB italien et 1,5 million d’emplois.
Un plan stratégique baptisé « Grands projets pour les biens culturels » a été annoncé le 9 août dernier. 103 millions d’euros seront destinés notamment à la création des musées de la langue italienne à Florence et d’art contemporain à Rimini, ou encore à la revalorisation de l’arsenal de Venise. Dario Franceschini a enfin signé l’appel d’offres international pour trouver un remplaçant à Massimo Osanna, le surintendant du parc archéologique de Pompéi, qui a récemment pris ses nouvelles fonctions de directeur général des musées nationaux. La procédure de sélection de son successeur s’achèvera d’ici mars 2021 avec une mission déjà confiée par le ministre de la Culture : « Le vrai défi aujourd’hui ne concerne pas les fouilles archéologiques, mais la valorisation de la zone autour du parc archéologique de Pompéi. »
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L’Italie renationalise ses musées
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°552 du 2 octobre 2020, avec le titre suivant : L’Italie renationalise ses musées