Jacopo Veneziani, vulgarisateur culturel

Plaisance (Italie). « L’Italie n’est pas un pays pour les jeunes » est devenu le mantra d’une Péninsule qui déplore la fuite de ses cerveaux à l’étranger. Jacopo Veneziani lui oppose un encourageant démenti. Âgé d’à peine 28 ans, il a été élu en novembre dernier président de la Galleria Ricci Oddi de Plaisance, l’une des plus importantes pinacothèques italiennes consacrée à l’art moderne des XIXe et XXe siècles. 

Ce n’est pourtant pas une prime à la jeunesse comme on pourrait le penser à première vue. Ce brillant historien de l’art multiplie sur les réseaux sociaux les interventions de vulgarisation de qualité de sa discipline. Ses comptes Twitter, Instagram et Youtube ont rencontré un grand succès ces dernières années, tout comme sa chronique hebdomadaire sur la chaîne de télévision publique Rai 3. Il y parle à chaque fois, comme il aime le répéter, d’« art, de son histoire et d’un peu plus ». 

Il a étudié l’histoire de l’art en France à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne d’où il sort diplômé en 2018, avant d’enseigner les deux années suivantes. Mais ce n’est pas sur les bancs des universités ou dans des manuels scolaires que Jacopo Veneziani entend offrir au public ses talents de « vulgarisateur culturel ». Ses « capsules vidéo » pour diffuser de manière intelligente l’histoire de l’art sur les réseaux sociaux sont très consultées. 

« Je travaillerai pour faire de la Galleria Ricci Oddi un lieu plus inclusif et contemporain, déclare-t-il en prenant ses fonctions, pas un sanctuaire austère dans lequel conserver des reliques du passé, mais un lieu accueillant pour se sentir à l’aise, un lieu de rencontre à visiter régulièrement pour comprendre, à travers le filtre de l’art, la culture du présent. »  

Celui qui n’est pas encore trentenaire ne veut pas verser dans l’arrogance de la jeunesse. Il reconnaît, avec humilité, n’avoir pour l’instant exercé aucune fonction importante dans une institution culturelle et salue les grandes compétences de la directrice de la Galleria Ricci Oddi, Lucia Pini. « Mon rôle est celui de président, insiste-t-il. Je peux lui proposer une vision différente pour toucher un public plus large. Les stratégies de communication sont nombreuses et je n’ai certainement pas la prétention d’être un gourou. » 

Son rêve, en revanche, est celui d’être un vulgarisateur de l’histoire de l’art sur tous les supports possibles. « Il faut être un peu comme le dieu Janus bifrons, explique Jacopo Veneziani. Regarder la science pour le contenu et le public pour le langage utilisé. Le savoir académique et la présence sur les réseaux sociaux et à la télévision sont les deux plateaux de la balance qui m’aident à trouver mon point d’équilibre. Mon objectif est d’être léger sans être superficiel. Le bon vulgarisateur est celui qui humanise sa discipline. » Jacopo Veneziani ajoute d’ores et déjà son nom à la longue liste de ses pairs : Vittorio Sgarbi, Alberto Angela, Alessandro Barbero ou encore Federico Zeri.