Iran - Archéologie

Le site de Persépolis est menacé par une invasion de lichens

Par Sara Genin · lejournaldesarts.fr

Le 9 octobre 2024 - 412 mots

PERSEPOLIS / IRAN

Le site classé au patrimoine mondial de l’Unesco pourrait disparaître dans une centaine d’années rongée par les lichens.

Le Palais de Darius à Persépolis en Iran. © Carole Raddato, 2019, CC BY-SA 2.0
Le Palais de Darius à Persépolis en Iran.
Photo Carole Raddato, 2019

Persépolis, l’un des plus grands sites archéologiques du monde, est menacé de graves dommages à cause de minuscules lichens. Des traces rouges et jaunâtres laissées par l’organisme mi-algue mi-champignon sont visibles sur les ruines, notamment sur les immenses piliers de l’ancienne cité achéménide. « Si nous ne faisons rien, ces organismes pourraient réduire ces reliques en poussière d'ici 50 à 100 ans », explique Shahram Rahbar, un conservateur du site.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, la cité de Persépolis est un des sites les plus visités du pays avec 140 000 visiteurs en 2023. L’ancienne cité achéménide a été construite en 518 avant J.-C. par Darius Ier sur une terrasse mi-naturelle mi-artificielle en plein milieu du désert à 50 kilomètres de la ville de Shiraz, dans le sud du pays. Un gigantesque complexe palatial de 13 hectares inspiré par les modèles mésopotamiens a été érigé par les rois achéménides.

Le palais contient des frises murales sculptées exceptionnelles et des portes monumentales appelées « propylées » surmontés de taureaux androcéphales ailés. « C'est un musée à ciel ouvert reflétant vingt-cinq siècles de vie au Moyen-Orient. C'est le fondement de l'histoire, de la culture et de la vie socioculturelle de l'Iran », relève Alireza Asgari Chaverdi, le directeur du site. On trouve aussi des sculptures colossales et des reliefs en pierre sculptés comme la Frise des archers (de l’époque du roi Darius 1er) en céramique polychrome conservée au département des antiquités orientales du Musée du Louvre.

La salle du Trône, Palais des Cent-Colonnes, Persépolis © Photo Diego Delso, 2016 - CC BY-SA 4.0
La salle du Trône, Palais des Cent-Colonnes, Persépolis.

Les frises murales sculptées du palais ont été particulièrement détériorées par les lichens : l’organisme parasitaire a élu domicile dans les surfaces rocheuses de plus de 1,5 cm et a progressivement dissous les minéraux.

D’autres sites comme celui de Bisotun, également classé au patrimoine mondial de l’Unesco, ont été touchés dans la province de Kermanshah. Une inscription sculptée relatant les conquêtes du roi Darius Ier a été largement dégradée à cause des lichens.

Sur place, des équipes de scientifiques utilisent des lasers et des substances semblables à des antibiotiques pour éliminer les lichens. La prolifération du lichen est due au réchauffement climatique : la pollution de l’air produit beaucoup plus d’azote, un véritable engrais pour le lichen, expliquent les scientifiques. On recense 300 espèces de lichen en Iran dont 500 à 700 variétés prolifèrent actuellement sur les monuments historiques. Les pluies acides et le climat désertique rigoureux accentueraient le phénomène selon le lichénologue Mohammad Shorabi.

Persépolis © Photo Hamid Hassas, 2024 - CC BY-SA 4.0
Le site Persépolis en Iran.
Photo Hamid Hassas, 2024

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