OSTENDE / BELGIQUE
Installé dans un ancien centre commercial, le musée d’Ostende consacré à l’art moderne et contemporain belge retrouve cohérence et identité.
Ostende (Belgique). « C’est une rénovation guérilla », s’amuse Dominique Savelkoul, la nouvelle directrice du Mu.Zee. Les travaux du musée d’Ostende se distinguent radicalement des chantiers habituellement menés dans les établissements culturels. Réalisés tambour battant avec une économie de moyens rare dans ce secteur, les travaux ont été exécutés en quelques mois et presque exclusivement en interne. Il faut dire qu’il s’agissait essentiellement d’un repositionnement intellectuel et d’une refonte de la scénographie.
L’objectif du chantier était triple : valoriser le bâtiment, faire rayonner les collections et remotiver des équipes en quête de sens. En quelques années, en raison d’un positionnement élitiste et peu cohérent, le musée avait en effet perdu une grande partie de ses visiteurs. Sa fréquentation avait chuté à 40 000 personnes, ce qui est dérisoire pour une station balnéaire qui ne compte pas d’autre musée et qui draine un flot important de touristes. Plus gênant, le Mu.Zee avait perdu son identité.
Cet établissement, dont le nom est un jeu de mots sur les termes musée et Zee (la mer en flamand), réunit les collections municipales et provinciales d’art moderne et contemporain au sein d’un bâtiment emblématique. Il s’agit d’un édifice typique de l’après-guerre construit par Gaston Eysselinck pour accueillir une galerie marchande. Au fil des ans, les caractéristiques de ce beau bâtiment moderniste avaient été gommées : de multiples cabinets avaient progressivement cloisonné ses vastes plateaux et ses fenêtres avaient été occultées. Ainsi, ce lieu au départ aéré, lumineux et accueillant s’était transformé en un labyrinthe étouffant.
Le parcours était devenu illisible. Au lieu de dérouler un fil chronologique et une vision d’ensemble, le site fonctionnait comme une succession de petites expositions pointues sans lien les unes avec les autres. « Au final, le musée fonctionnait comme un centre d’art élitiste , résume la directrice . Le public était perdu et les collections absolument pas valorisées alors qu’elles sont uniques, puisque nous sommes le seul musée dans le pays à conserver des collections offrant un panorama sur l’art belge de 1880 à nos jours. »
La nouvelle mouture du parcours s’est donc attachée à mettre en scène ce récit de manière cohérente et accessible. Les gardiens du musée ont ainsi troqué leur costume pour le bleu de travail et démantelé les anciens cabinets et cimaises pour dégager les vastes espaces et recréer un parcours fluide et agréable conçu par l’agence d’architecte Rotor. Le circuit, riche de deux cents œuvres, se décline désormais sur deux vastes plateaux, un pour l’art moderne, l’autre pour l’art contemporain. Il s’ouvre symboliquement sur deux enfants du pays : les peintres James Ensor et Léon Spilliaert dont les autoportraits se font face. Leurs œuvres rythment ensuite tout l’étage moderne, dialoguant, entre autres, avec Constant Permeke, Rik Wouters, Victor Servranckx, ou encore René Magritte.
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Le Mu.Zee d’Ostende de nouveau à flot
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°570 du 25 juin 2021, avec le titre suivant : Le Mu.Zee d’Ostende de nouveau à flot