Paris - Musée

Le MAMVP en mal de surveillants de salle

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2014 - 569 mots

La fermeture régulière d’une partie des salles des collections permanentes du Musée d’art moderne de la Ville de Paris pose à nouveau la question des priorités de la politique culturelle de la Mairie.

Salle des collections permanentes du Musée d'art moderne de la Ville de Paris. © Photo : Pierre Antoine / courtesy MAMVP
Salle des collections permanentes du Musée d'art moderne de la Ville de Paris.
© Photo Pierre Antoine, 2014
Courtesy MAMVP

PARIS - Douglas Gordon, dans l’entretien diffusé à l’entrée de l’installation Pretty much every film and video works from about 1992, confie que la vision de la collection permanente du Musée d’art moderne de la Ville de Paris a été déterminante dans le parcours du jeune artiste qu’il était quand il visita le lieu. Depuis, les liens qui unissent l’artiste et le musée se sont développés, avec l’acquisition récente de 43 vidéos qui s’ajoutent aux 39 pièces précédemment achetées en 2003, faisant de l’institution le plus grand dépositaire du travail vidéo de l’artiste écossais. La présentation de l’œuvre compte cette année parmi les grands rendez-vous du musée. Encore faut-il que la salle qui accueille cette installation soit accessible au visiteur. À quatre reprises durant la semaine du 18 au 25 octobre, nous avons pu constater la fermeture de la salle 20 dévolue à cette installation comme de la salle Christian-Boltanski qui lui est attenante, de même que les salles 13 et 14 consacrées aux Nouveaux Réalistes et à la scène allemande, cette dernière salle accueillant également l’exposition « Le voyage » de Raymond Mason qui s’est achevée le 9 novembre. Les deux salles réservées au don de Miklos Bokor constitué de dix peintures de grand format réalisées entre 1988 et 2009 ne sont elles-mêmes pas ouvertes en permanence. Cette situation certes n’est pas nouvelle. Mais elle est récurrente depuis quelques années.

8 postes perdus
Interrogé, Fabrice Hergott, directeur du musée, « déplore cette situation due à un manque de personnels ». « Malheureusement, avec l’ouverture et le succès des expositions “Sonia Delaunay” et “David Altmejd”, ces fermetures sont régulières, reconnaît-il. Nous le faisons la mort dans l’âme. Nous ne faisons pas un accrochage “Douglas Gordon”, “Raymond Mason” ou “Miklos Bokor” avec l’idée qu’il ne soit pas accessible. Cette situation me navre. Nous le signalons mais la création de postes n’est pas à l’ordre des jours en raison des contraintes budgétaires » – et, pourrait-on poursuivre, des priorités passées et actuelles de la Mairie de Paris en matière de politique culturelle.

Depuis cinq ans, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris a perdu huit postes qui n’ont pas été remplacés. Actuellement, quand tout va bien, il fonctionne avec 18 à 20 agents de surveillance (dont une partie a le statut de vacataire) au lieu des 25 postes requis a minima. « Cette situation oblige à la fermeture de salle au niveau des collections permanentes afin de garantir l’engagement vis-à-vis des prêteurs des œuvres des expositions temporaires », explique Fabrice Hergott.

Face à cette situation, Delphine Lévy, directrice générale de l’établissement public Paris Musées, plaide « qu’après avoir mené le renforcement de la sûreté matérielle des musées ces quatre dernières années, un travail est actuellement conduit avec un cabinet de conseil afin d’engager une modernisation de l’organisation de la surveillance humaine. Nous sommes conscients de la nécessité d’avoir un taux d’ouverture de salles le plus fort possible ».

Dans sa profession de foi pour la culture à Paris lors de la dernière campagne municipale, Anne Hidalgo rangeait dans ses priorités l’ouverture plus tardive des musées et des bibliothèques. Les catacombes bénéficient d’ores et déjà d’une ouverture jusqu’à 20 heures mais avec un recours de vacataires à temps partiel. Comme le souligne le syndicat CGT-Culture : « Pour les musées, avant d’ouvrir plus tard, il faut déjà ouvrir mieux le reste de la journée. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°423 du 14 novembre 2014, avec le titre suivant : Le MAMVP en mal de surveillants de salle

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