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Questions autour du vol au Musée d’art moderne de Paris

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 21 mai 2010 - 784 mots

PARIS

PARIS [21.05.10] - Le vol des 5 tableaux de maître au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, jeudi 20 mai, pose de nombreuses questions, notamment quant au dispositif de surveillance des musées de la Ville de Paris. LeJournaldesArts.fr apporte quelques éléments de réponse.

les 5 tableaux volés au Musée d'art moderne de Paris en 2010 : « La Pastorale » d’Henri Matisse, « L’olivier près de l’Estaque » de Georges Braque, « Nature morte au chandelier » de Fernand Léger,  « La femme à l’éventail » d’Amadéo Modigliani et « Le pigeon aux petits pois » de Pablo Picasso.
Les 5 tableaux d'Henri Matisse, Georges Braque, Fernand Léger, Amadéo Modigliani et Pablo Picasso volés au Musée d'art moderne de Paris en 2010.

Au lendemain du vol des 5 tableaux au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, situé dans le XVIe arrondissement et à ne pas confondre avec le Centre Pompidou, plusieurs questions se posent sur le mode opératoire, les commanditaires, le dispositif de surveillance  et les conséquences de ce cambriolage.

Comment a opéré le malfaiteur ?
Les premiers éléments de l’enquête confiée à la Brigade de répression du banditisme (BRB) permettent d’esquisser le possible mode opératoire du cambrioleur, puisqu’il semble qu’il ait agit seul. D’après les caméras de surveillance, le cambrioleur cagoulé et vêtu de noir se serait introduit dans le musée après avoir brisé une fenêtre et cisaillé un cadenas. Il aurait par la suite désencadré les toiles à l’aide d’un cutter avec la plus grande précaution avant de les rouler pour les transporter. On est donc loin « d’un niveau de sophistication extrême » comme le proclame Christophe Girard, l’adjoint à la Culture.

Amedeo Modigliani « La Femme à l'éventail » (1919) - 100 x 65 cm
Amedeo Modigliani « La Femme à l'éventail » (1919) - 100 x 65 cm

Pourquoi l’alarme n’a pas fonctionné ?
Selon le maire de Paris, Bertrand Delanoë, l’alarme volumétrique ne fonctionnait plus depuis fin mars 2010. Deux mois plus tard, le prestataire en charge de la sécurité n’avait toujours pas reçu de pièces de rechange. Le maire de Paris a demandé une enquête interne, mais on s’étonne que des gardiens supplémentaires n’ont pas été requis pour palier l’absence d’alarme. L’enquête officielle devra dire également ce que faisaient les 3 gardiens au moment du vol.

Quel est l’état de la surveillance dans les musées parisiens ?
Un rapport sur les dispositifs de surveillance et de sécurité des musées de la Ville de Paris a été commandé en avril 2007. Conformément à la loi du 17 juillet 1978, ce rapport n’est pas public, mais la synthèse des rapports d’audit publié en mars 2009, public lui, pointe « un constat inquiétant ». Le même rapport relevait un taux d’absentéisme « trop élevé » des agents de surveillance : 6,71 % en 2007, alors qu’il est de 5,74 % pour l’ensemble du personnel de la Ville.

Henri Matisse « La Pastorale » (1906) - 46 x 55 cm © Succession H. Matisse
Henri Matisse « La Pastorale » (1906) - 46 x 55 cm
© Succession H. Matisse

Quel est le niveau de sécurité dans les autres musées ?
Deux vols récents viennent souligner la difficulté d’assurer une sécurité maximum dans les musées. Un carnet de dessins de Picasso, d’une valeur de 3 millions d’euros a été volé au Musée Picasso à Paris en juin 2009. Plus récemment, en décembre 2009, un pastel de Degas, estimé 800 000 euros a été dérobé au musée Cantini à Marseille. Aucune des œuvres n’a pour l’instant été retrouvée.

Pablo Picasso « Le pigeon aux petits pois » (1911) - 64 x 53 cm
Pablo Picasso « Le pigeon aux petits pois » (1911) - 64 x 53 cm

Quelle est la tutelle du MAMVP ?
Le MAMVP est l’un des 14 musées municipaux de la Ville de Paris. Ils sont sous la tutelle de la Direction des Affaires Culturelles, alors que deux élus se partagent le patrimoine municipal : Danièle Pourtaud, adjointe au maire de Paris est en charge de tous les musées à l’exception de deux musées, le MAMVP et le musée Galliera qui entrent dans le champ de compétence de Christophe Girard, l’adjoint à la culture. L’organisation des expositions est confiée à un Paris-Musées, qui bénéficie d’une Délégation de Service Public (DSP). Cet incident intervient alors qu’un rapport préconisant le regroupement des musées municipaux sous un même Etablissement Public, devrait être remis à Bertrand Delanoë courant juin 2010.

Georges Braque « L'olivier près de l'Estaque » (1906) - 50 x 61 cm
Georges Braque « L'olivier près de l'Estaque » (1906) - 50 x 61 cm

Quelle est la valeur des tableaux ?
D’après la direction du musée, la valeur totale du vol s’élèverait à quelques 100 millions d’euros et non pas 500 millions comme l’avait annoncé le parquet de Paris juste après la découverte du casse. Une somme qui reste tout de même considérable et qui fait de ce cambriolage l’un des plus importants perpétrés dans un musée français. Pour mémoire, le prix le plus élevé pour un tableau de Picasso vendu aux enchères se monte à 84 millions d’euros. Il s’agit de « Nu au plateau de sculpteur » (1932) adjugé par Christie’s New York le 5 mai 2010.
La perte représente de 20 à 70 ans de crédit d’acquisition de la Ville (1,4 à 5,2 millions d’euros selon les années).

Fernand Léger « Nature morte au chandelier » (1922) - 116 x 80 cm
Fernand Léger « Nature morte au chandelier » (1922) - 116 x 80 cm

Que vont faire les voleurs de ces tableaux ?
Le scénario le plus probable est la demande de rançon. Ces tableaux sont en effet invendables à des collectionneurs peu scrupuleux. Leur notoriété et leur référencement dans les bases de données d’œuvres volées empêchent toute revente, contrairement à ce qui peut se passer, par exemple pour des objets archéologiques issus de fouilles sauvages. Et l’hypothèse du collectionneur prêt à commanditer un cambriolage pour sa seule délectation privée des œuvres est fantaisiste.

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